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En haut : Sophie Taueber. En bas : cartel
Le
5 January 2016,
Il y a 100 ans,
En février 1916, le mouvement « dadaïste » voyait le jour, dans l’effervescence de la scène artistique zurichoise. Hugo Ball (poète et metteur en scène), Tristan Tzara (écrivain), Jean Arp (peintre, sculpteur et poète), Marcel Janco (peintre et architecte) et Sophie Taeuber-Arp (danseuse, peintre et sculptrice) font la fête, créent, échangent leurs points de vue sur l’art et finissent par lancer leur propre mouvement artistique. Tous ont alors entre 20 et 30 ans et tous sont des libres penseurs adeptes de la provocation et las des conventions artistiques et politiques qui, selon eux, gangrènent la créativité. Le terme « dada » - un terme enfantin qui fait immanquablement sourire - aurait d’ailleurs été pioché au hasard dans un dictionnaire ; selon les dadaïstes eux-mêmes, il ne signifie rien. Hugo Ball disait à ce sujet, non sans provocation « Ce que nous appelons dada est une bouffonnerie issue du néant. »
Pour affirmer sa différence, ce collectif hors norme décide de s’approprier un lieu en ouvrant un café littéraire et artistique à Zurich, le Cabaret Voltaire (en hommage à l’écrivain anti clérical). Au bout de 6 mois, l’établissement ferme ses portes pour « tapage nocturne et tapage moral » : sans nul doute un gage de succès pour les dadaïstes, qui n’aiment rien tant que de bousculer les habitudes !
C’est même inscrit dans leur ADN : ils méprisent les traditions et veulent tout réinventer. Pour cela, ils usent logiquement de procédés inhabituels : typographie, collages, matériaux de récupération, assemblages, détournements, spectacles, procès, danses…Dada est un art total en même temps qu’il se veut un « anti art » qui cherche avant tout à bousculer les règles établies.
Lorsque Marcel Duchamp rejoint le mouvement en 1918, le dadaïsme est à son apogée et il connaîtra un certain succès jusqu’en 1920, essaimant jusqu’à New York en passant par Paris, Berlin (avec Hannah Höch et Raoul Hausmann), Cologne et Hanovre.
Il faut lire l’avènement des dadaïstes comme une révolte de la jeunesse meurtrie par la première guerre mondiale : à traver, l’humour, l’absurde, la volonté de s’approprier le monde, la célébration de la vie et de la liberté, Dada cherche à faire table rase du passé et à inventer un art innocent, enfantin, qui porte un regard sans a priori sur le monde.
Les surréalistes, Breton en tête, profiteront largement de cet héritage, reprenant à leur compte la spontanéité, le hasard, la liberté de création et la remise en cause des conventions. Aujourd’hui, les œuvres de ces francs-tireurs n’ont rien perdu de leur fraicheur ni de leur capacité à nous faire réfléchir sur ce qui fait une œuvre d’art et sur le rôle de l’art dans la société. Et à travers tous les mouvements underground qui revivifient chaque jour la liberté créative de par le monde, l’esprit dada est toujours là !
Selon le cartel du centre Pompidou, l'assemblage (les 2 photos du bas), se compose des objets suivants : Marotte de coiffeur en bois et divers objets fixés dessus : gobelet télescopique, un étui en cuir, tuyau de pipe, carton blanc portant le chiffre 22, un morceau de mètre de couturière, un double décimètre, rouage de montre, un rouleau de caractère d'imprimerie.
Extrait du manifeste Dada, écrit par Tristan Tzara en 1918 :
« Ainsi naquit DADA d'un besoin d'indépendance, de méfiance envers la communauté. Ceux qui appartiennent à nous gardent leur liberté. Nous ne reconnaissons aucune théorie. Nous avons assez des académies cubistes et futuristes : laboratoires d'idées formelles. Fait-on l'art pour gagner de l'argent et caresser les gentils bourgeois ? Les rimes sonnent l'assonance des monnaies et l'inflexion glisse le long de la ligne du ventre de profil. Tous les groupements d'artistes ont abouti à cette banque en chevauchant sur diverses comètes. La porte ouverte aux possibilités de se vautrer dans les coussins et la nourriture. »
Photo en haut à gauche : Sophie TAUEBER avec sa sculpture, « Tête Dada », 1920
Photo en haut à droite : Erika SCHLEGEL et Sophie TAEUBER revêtues de costumes inspirés des kachinas Hopi (ce sont des esprits dans la mythologie des amérindiens, qui les incarnent lors de danses traditionnelles et costumées)
Costumes réalisés par Sophie TAEUBER
Photo en bas à gauche : « The beautiful girl » Hannah HÖCH Photomontage, 1919
Photo en bas à droite : Raoul HAUSMANN « L’esprit de notre temps » (bizarrement, le titre allemand de l’œuvre est « Tête mécanique ») Assemblage, 1919
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Vous pouvez écouter le podcast de l'article, en cliquant ici
En février 1916, le mouvement « dadaïste » voyait le jour, dans l’effervescence de la scène artistique zurichoise. Hugo Ball (poète et metteur en scène), Tristan Tzara (écrivain), Jean Arp (peintre, sculpteur et poète), Marcel Janco (peintre et architecte) et Sophie Taeuber-Arp (danseuse, peintre et sculptrice) font la fête, créent, échangent leurs points de vue sur l’art et finissent par lancer leur propre mouvement artistique. Tous ont alors entre 20 et 30 ans et tous sont des libres penseurs adeptes de la provocation et las des conventions artistiques et politiques qui, selon eux, gangrènent la créativité. Le terme « dada » - un terme enfantin qui fait immanquablement sourire - aurait d’ailleurs été pioché au hasard dans un dictionnaire ; selon les dadaïstes eux-mêmes, il ne signifie rien. Hugo Ball disait à ce sujet, non sans provocation « Ce que nous appelons dada est une bouffonnerie issue du néant. »
Pour affirmer sa différence, ce collectif hors norme décide de s’approprier un lieu en ouvrant un café littéraire et artistique à Zurich, le Cabaret Voltaire (en hommage à l’écrivain anti clérical). Au bout de 6 mois, l’établissement ferme ses portes pour « tapage nocturne et tapage moral » : sans nul doute un gage de succès pour les dadaïstes, qui n’aiment rien tant que de bousculer les habitudes !
C’est même inscrit dans leur ADN : ils méprisent les traditions et veulent tout réinventer. Pour cela, ils usent logiquement de procédés inhabituels : typographie, collages, matériaux de récupération, assemblages, détournements, spectacles, procès, danses…Dada est un art total en même temps qu’il se veut un « anti art » qui cherche avant tout à bousculer les règles établies.
Lorsque Marcel Duchamp rejoint le mouvement en 1918, le dadaïsme est à son apogée et il connaîtra un certain succès jusqu’en 1920, essaimant jusqu’à New York en passant par Paris, Berlin (avec Hannah Höch et Raoul Hausmann), Cologne et Hanovre.
Il faut lire l’avènement des dadaïstes comme une révolte de la jeunesse meurtrie par la première guerre mondiale : à traver, l’humour, l’absurde, la volonté de s’approprier le monde, la célébration de la vie et de la liberté, Dada cherche à faire table rase du passé et à inventer un art innocent, enfantin, qui porte un regard sans a priori sur le monde.
Les surréalistes, Breton en tête, profiteront largement de cet héritage, reprenant à leur compte la spontanéité, le hasard, la liberté de création et la remise en cause des conventions. Aujourd’hui, les œuvres de ces francs-tireurs n’ont rien perdu de leur fraicheur ni de leur capacité à nous faire réfléchir sur ce qui fait une œuvre d’art et sur le rôle de l’art dans la société. Et à travers tous les mouvements underground qui revivifient chaque jour la liberté créative de par le monde, l’esprit dada est toujours là !
Selon le cartel du centre Pompidou, l'assemblage (les 2 photos du bas), se compose des objets suivants : Marotte de coiffeur en bois et divers objets fixés dessus : gobelet télescopique, un étui en cuir, tuyau de pipe, carton blanc portant le chiffre 22, un morceau de mètre de couturière, un double décimètre, rouage de montre, un rouleau de caractère d'imprimerie.
Extrait du manifeste Dada, écrit par Tristan Tzara en 1918 :
« Ainsi naquit DADA d'un besoin d'indépendance, de méfiance envers la communauté. Ceux qui appartiennent à nous gardent leur liberté. Nous ne reconnaissons aucune théorie. Nous avons assez des académies cubistes et futuristes : laboratoires d'idées formelles. Fait-on l'art pour gagner de l'argent et caresser les gentils bourgeois ? Les rimes sonnent l'assonance des monnaies et l'inflexion glisse le long de la ligne du ventre de profil. Tous les groupements d'artistes ont abouti à cette banque en chevauchant sur diverses comètes. La porte ouverte aux possibilités de se vautrer dans les coussins et la nourriture. »
Photo en haut à gauche : Sophie TAUEBER avec sa sculpture, « Tête Dada », 1920
Photo en haut à droite : Erika SCHLEGEL et Sophie TAEUBER revêtues de costumes inspirés des kachinas Hopi (ce sont des esprits dans la mythologie des amérindiens, qui les incarnent lors de danses traditionnelles et costumées)
Costumes réalisés par Sophie TAEUBER
Photo en bas à gauche : « The beautiful girl » Hannah HÖCH Photomontage, 1919
Photo en bas à droite : Raoul HAUSMANN « L’esprit de notre temps » (bizarrement, le titre allemand de l’œuvre est « Tête mécanique ») Assemblage, 1919
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Vous pouvez écouter le podcast de l'article, en cliquant ici