En 1852, Théophile Gauthier dit de Camille Corot : "Ce qui fait le charme de Corot c’est une maladresse enfantine, une bonhommie adorable à laquelle on se laisse aller sans crainte de déception. La couleur générale a beau être grise, sourde et monotone, le dessin bavoché, la touche gauche et pâteuse, une grâce mystérieuse, une fraîcheur toujours jeune, une séduction invisible rachètent tous ces défauts. On aime encore plus Corot que l’on ne l’admire, il a ce qui manque à de plus brillants, à de plus habiles, une sincère passion de la nature."


Corot, paysagiste

Qui est Corot ? Un fils de drapier venu assez tardivement, vers 26 ans, à la peinture. Sa formation artistique est très légère. Mais l'artiste fait preuve d'une spontanéité picturale qui tient du génie. Elle s'affirme particulièrement dans ses paysages qu'il exécute en plein air.

Il faut observer ses paysages. Quelques arbres, un cours d'eau, une paysanne pensive composent le plus généralement ces toiles simples et décoratives qui répondent à la demande des bourgeois de la fin du 19e siècle. Malgré le bonheur tranquille censé être peint, on est toujours étonné par le paysage représenté. Les arbres torturés forment des silhouettes mouvantes voire effrayantes, et le personnage qui constitue la clef du tableau est caché dans un petit coin de la toile.


Corot, portraitiste

Universellement célèbre pour ses paysages, Camille Corot est aussi un peintre de figures : portraits d’intimes et nus étranges, paysannes, moines, enfants, femmes à la mode. Il peint des toutes petites effigies et des monumentales figures de fantaisie, dont la Femme à la perle du Louvre est la plus célèbre.

L’exposition organisée par le musée Marmottan-Monet met en lumière les portraits peints par Corot. 


Corot, préféré des faussaires

Corot est l'un des artistes les plus visés par les faussaires. Dès son vivant sont apparus des faux Corot (faussaires, pasticheurs, sans compter les répliques par Corot lui-même ou ses œuvres qu'il prête à ses élèves, collègues ou amis pour qu'ils les copient).

Une boutade dit que "Corot a peint 3,000 tableaux dont 5,000 sont aux Etats-Unis", tellement il y a de faux tableaux signés Corot qui circulent. Il faut dire que sa signature, très simple, "COROT", n’aide pas…  

Pourquoi les faux Corot sont-ils si abondants ? Et comment expliquer qu'il soit l'un des peintres les plus falsifiés de l'histoire de la peinture ?  

D'abord par sa longévité artistique (50 ans) et l'abondance de son œuvre (près de 3,000 tableaux et autant de dessins et gravures. Ensuite, sa cote sur le marché de l'art n’a jamais atteint les sommets de certains de ses collègues. En somme, Corot est une aubaine pour le faussaire : il dispose d'un réservoir d'œuvres abondant, de surcroît à un coût attractif pour l'amateur qui prise énormément cet artiste jusqu'aux environs de 1930, et peu onéreux à contrefaire.  

Les Corot authentifiés se comptent par centaines et se répartissent dans les collections du monde entier. Les plus importantes se trouvent en Amérique. En France, ce sont les musées du Louvre et d'Orsay, à Paris, ainsi que le musée de Reims, en région, qui conservent le plus grand nombre d'œuvres.  

Il reste que Corot est l'un des artistes le plus visés par les faussaires. On a attribué au peintre, pour des raisons de lucre, des toiles de contemporains qui dénotaient une appartenance à la même esthétique. On est même allé jusqu'à effacer la signature de petits maîtres au bas de tableaux qui étaient ensuite présentés comme des Corot non signés.

Le marché de l'art a également été envahi de copies, exécutées à Arras par des amis de Corot ou par ses élèves, dont on contesta parfois la bonne foi – d'autant que ces copies ont facilité nombre d'escroqueries.