Credits image :
Philharmonie
Le
27 April 2019,
Comment exposer un courant musical ? Parler d'un son qui est
né il y a plus de 30 ans grâce aux DJs et musiciens noirs américains de
Detroit, Chicago et Baltimore? Pas facile, a priori, et pourtant la
Philharmonie relève le défi avec brio, et nous entraîne sur un dancefloor
géant, à la rencontre des sons, des artistes et des fêtards qui ont inventé un
véritable phénomène de société, une musique et une façon de danser qui invitent
à la libération des corps, des mœurs et à une poétisation de notre rapport aux
machines. Si vous n'y connaissez rien, vous allez apprendre plein de choses. Et
si vous aimez déjà, vous allez adorer! Alors, voilà cinq bonnes raisons de
filer à la Philharmonie!
Pour le concert rétro-futuriste de Kraftwerk
Dans une salle obscure dotée d'un son spatialisé, vous portez des lunettes 3D, et vous voilà embarqués pour le "live" du groupe allemand Kraftwerk, en réalité une retransmission de l'un de leurs concerts. Ecouter Kraftwerk, c'est comprendre les origines de la musique électro, et déjà goûter une certaine techno-nostalgie : celle des écrans pixellisés, des bugs dans les jeux vidéo, des premiers ordinateurs, des premiers robots… Les images du concert se mêlent aux images conçues pour chacun des titres, et l'on mesure le lien entre le groupe et l'art contemporain, toute sa réflexion sur les formes d'expression liées aux machines infusant leur production – toujours avec une forme d'auto-dérision.
Pour la bande-son signée Laurent Garnier
La bande-son immersive, confiée au DJ Laurent Garnier, suit le parcours de l’exposition. Elle revisite l’histoire de l’électro, du disco des années 1970 à la techno futuriste actuelle, sous la forme d’une dizaine de mix thématiques qui synthétisent l’esprit d’une époque à l’aide de classiques, de tubes ou de raretés. Il est rare de visiter une exposition en sautillant et en voyant les autres hocher la tête au rythme de la musique : rien que pour ça, l'expo vaut le détour.
Pour la scéno originale
Ici rien de classique, tout se ressent, et le parcours n'est pas imposé. On passe de Berlin à Chicago, des installations d'art contemporain aux films, des photos "queer" aux costumes de scène des DJ stars… Une belle métaphore de cette musique sans frontière et en perpétuelle construction. D'où peut-être le choix des échafaudages pour situer les différents espaces de l'exposition
Pour la maquette du Berghain
Ce lieu mythique de la fête berlinoise est un temple de l'électro et de la techno au sujet duquel tous les fantasmes et toutes les légendes sont permises. Il est abrité depuis 2003 par une ancienne centrale électrique désaffectée au style stalinien : ensemble architectural de béton et de fer, le bâtiment se distingue par ses larges dimensions et notamment ses plafonds hauts de plus de 18 mètres. Seule la moitié du bâtiment est utilisée et le Berghain peut actuellement accueillir 1500 personnes. Si le club est si légendaire, c'est, outre pour l'architecture et l'immensité des lieux, évidemment pour la qualité de ses DJ résidents ; mais aussi pour l'humeur capricieuse des videurs, car nul ne connaît le secret qui garantit l'entrée au Berghain. Et enfin, il est interdit d'y prendre des photos, les portables sont confisqués à l'entrée. Donc la maquette "Je ne suis jamais allé au Berghain", signée Filip Topolovac (2018) est à ce titre emblématique d'une génération et d'un lieu qui cristallise toute la culture électro mondialisée.
Pour comprendre le rôle libérateur de cette musique
Les grandes photos d'Andreas Gursky, qui a saisi des foules en transe dans des festivals, comme une foule d'autres images en couleurs ou en noir et blanc, montrent comme l'électro accueille tous les genres, toutes les couleurs, toutes les orientations sexuelles, tous les combats. On se souvient à ce sujet du très beau film 120 bpm, qui évoquait Act Up et les premiers temps de la lutte contre le Sida, sur fond de musique électro, dont on retrouve ici certaines ambiances entre oubli de soi et communion ; ou quand une musique à l'apparence froide et répétitive devient un bain réconfortant et chaleureux, une pâte sonore qui relie les êtres et les corps, au-delà de leurs différences.
Exposition "Electro", à la Philharmonie, jusqu'au 11 août 2019 > https://philharmoniedeparis.fr/fr/expo-electro
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Pour le concert rétro-futuriste de Kraftwerk
Dans une salle obscure dotée d'un son spatialisé, vous portez des lunettes 3D, et vous voilà embarqués pour le "live" du groupe allemand Kraftwerk, en réalité une retransmission de l'un de leurs concerts. Ecouter Kraftwerk, c'est comprendre les origines de la musique électro, et déjà goûter une certaine techno-nostalgie : celle des écrans pixellisés, des bugs dans les jeux vidéo, des premiers ordinateurs, des premiers robots… Les images du concert se mêlent aux images conçues pour chacun des titres, et l'on mesure le lien entre le groupe et l'art contemporain, toute sa réflexion sur les formes d'expression liées aux machines infusant leur production – toujours avec une forme d'auto-dérision.
Pour la bande-son signée Laurent Garnier
La bande-son immersive, confiée au DJ Laurent Garnier, suit le parcours de l’exposition. Elle revisite l’histoire de l’électro, du disco des années 1970 à la techno futuriste actuelle, sous la forme d’une dizaine de mix thématiques qui synthétisent l’esprit d’une époque à l’aide de classiques, de tubes ou de raretés. Il est rare de visiter une exposition en sautillant et en voyant les autres hocher la tête au rythme de la musique : rien que pour ça, l'expo vaut le détour.
Pour la scéno originale
Ici rien de classique, tout se ressent, et le parcours n'est pas imposé. On passe de Berlin à Chicago, des installations d'art contemporain aux films, des photos "queer" aux costumes de scène des DJ stars… Une belle métaphore de cette musique sans frontière et en perpétuelle construction. D'où peut-être le choix des échafaudages pour situer les différents espaces de l'exposition
Pour la maquette du Berghain
Ce lieu mythique de la fête berlinoise est un temple de l'électro et de la techno au sujet duquel tous les fantasmes et toutes les légendes sont permises. Il est abrité depuis 2003 par une ancienne centrale électrique désaffectée au style stalinien : ensemble architectural de béton et de fer, le bâtiment se distingue par ses larges dimensions et notamment ses plafonds hauts de plus de 18 mètres. Seule la moitié du bâtiment est utilisée et le Berghain peut actuellement accueillir 1500 personnes. Si le club est si légendaire, c'est, outre pour l'architecture et l'immensité des lieux, évidemment pour la qualité de ses DJ résidents ; mais aussi pour l'humeur capricieuse des videurs, car nul ne connaît le secret qui garantit l'entrée au Berghain. Et enfin, il est interdit d'y prendre des photos, les portables sont confisqués à l'entrée. Donc la maquette "Je ne suis jamais allé au Berghain", signée Filip Topolovac (2018) est à ce titre emblématique d'une génération et d'un lieu qui cristallise toute la culture électro mondialisée.
Pour comprendre le rôle libérateur de cette musique
Les grandes photos d'Andreas Gursky, qui a saisi des foules en transe dans des festivals, comme une foule d'autres images en couleurs ou en noir et blanc, montrent comme l'électro accueille tous les genres, toutes les couleurs, toutes les orientations sexuelles, tous les combats. On se souvient à ce sujet du très beau film 120 bpm, qui évoquait Act Up et les premiers temps de la lutte contre le Sida, sur fond de musique électro, dont on retrouve ici certaines ambiances entre oubli de soi et communion ; ou quand une musique à l'apparence froide et répétitive devient un bain réconfortant et chaleureux, une pâte sonore qui relie les êtres et les corps, au-delà de leurs différences.
Exposition "Electro", à la Philharmonie, jusqu'au 11 août 2019 > https://philharmoniedeparis.fr/fr/expo-electro
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com