1 - Il n'a jamais voyagé

Connu pour ses jungles luxuriantes peuplées de tigres et de plantes exotiques, le douanier Rousseau n'était pourtant pas un aventurier. Issu d'une modeste famille de Laval, il s'installe à Paris à l'âge de 26 ans, où il vit de peu, employé comme fonctionnaire de la douane. Il contrôle l'entrée des marchandises alimentaires et de l'alcool à un poste d'octroi. C'est à l'aube de ses 40 ans qu'il décide de devenir peintre. Il passe alors beaucoup de temps dans les serres du Jardin des Plantes. Parmi ces fleurs et ces feuillages exotiques, il puise l'inspiration de ses toiles, qui sont le pur produit de son imagination. Ses jungles sont des compositions fantaisistes, dans lesquelles on reconnaît certaines essences, mais représentées de façon libre et peu réalistes. Certaines tiges sont associées à des fleurs qui normalement n'ont rien à voir avec elles, les oranges poussent dans des acacias... Il a su inventer un univers onirique, trouvant son inspiration, non seulement au Jardin des Plantes mais aussi au cours de l'Exposition universelle de 1899, au Muséum national d'Histoire naturelle, ou encore dans des albums d'images exotiques comme l'Album des bêtes sauvages, publié au début du XXe siècle par les éditions des Galeries Lafayette. Les récits de ses amis artilleurs de retour de l'intervention française au Mexique (1846 -1848) nourrissent aussi son imagination. 


2 - Il était totalement autodidacte

Qualifié en son temps de "peintre du dimanche", le douanier Rousseau est désormais considéré comme un maître de la modernité, et son style naïf (c''est-à-dire dépourvu de réalisme et de toute notion de perspective) est reconnaissable entre tous. Il apprit les techniques picturales tout seul, à la quarantaine, en copiant les classiques du Louvre. Pour Félix Vallotton, le douanier représentait même 'l'alpha et l'oméga de la peinture".


3 - Il était fasciné par la modernité et la révolution industrielle

Dans on autoportrait "Moi-même", le peintre se représente au coeur d'un paysage parisien, avec la tour Eiffel, des cheminées d'usine et une montgolfière en arrière-plan. Dans d'autres oeuvres, on peut voir un avion biplane. Rousseau croyait aux vertus du progrès, c'était un optimiste tourné vers l'avenir et émerveillé par les prouesses technologiques de son temps. C'est d'ailleurs certainement l'un des premiers peintres à avoir représenté la tour Eiffel. 

4 - Il n'a connu le succès que tard dans sa vie

C'est notamment grâce au poète Guillaume Apollinaire (qui posera pour lui avec sa muse Marie Laurencin) que le douanier commencera a être reconnu. Apollinaire était également critique d'art, et décrit ainsi son ami dans le poème posthume qu'il lui dédie : 
« Tu te souviens, Rousseau, du paysage aztèque,
des forêts où poussaient la mangue et l’ananas,
des singes répandant tout le sang des pastèques
et du blond empereur qu’on fusilla là-bas.
Les tableaux que tu peins tu les vis au Mexique »
  

5 - Sa vie a été émaillée de difficultés et de tragédies

Marié, veuf, remarié, à nouveau veuf, père de 9 enfants dont un seul lui survivra, Rousseau doit aussi endurer les critiques et les moqueries en tant que peintre. Il poursuivra pourtant son travail avec opiniâtreté et dévouement. Si vous regardez bien la palette qu'il tient dans sa main sur son autoportrait "Moi-même, portrait-paysage", on peut y lire, à l'envers, le prénom de ses deux femmes, Clémence et Joséphine. Une forme d'hommage à celles qu'il a aimées, et peut-être une façon de dire qu'elles sont toujours présentes dans les rêves qu'il couche sur la toile..puisque leurs noms sont inscrits sur sa palette. 
Apollinaire, dans l'épitaphe du peintre, a écrit les vers suivants :  
"Le malheur s'acharna sur ta progéniture
Tu perdis tes enfants et tes femmes aussi
Et te remarias avecque la peinture
Pour faire tes tableaux, enfants de ton esprit."

Mes Sorties Culture / Sonia Zannad

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