Changarnier, l'homme au toupet
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Honoré Daumier, sur la caricature qu’il fait de lui en 1849 dans Le Charivari, mentionne “Petite tenue du Général en Chef de la milice bourgeoise – Changarnier n’est pas moins célèbre comme soldat que comme petite maîtresse – Il raffole de tous les parfums et de tous les cosmétiques bien qu’il soit ennemi du Rouge. Il a peu de cheveux, mais on doit dire que ce sont les bédouins qui ont reconnu les premiers qu’il avait du toupet“.
Rappelons qu'un toupet est une touffe de poils ou de cheveux. Mais c’est aussi de l’aplomb, du culot....

Faisons un saut en avant dans le temps. Il y a 60 ans, en 1962, les accords d'Evian sonnent la fin de la Guerre d'Algérie et l'indépendance algérienne. Mais qui est ce Changarnier dont un village situé à 110 km d'Alger a porté le nom pendant la période coloniale ? Mais qui est ce monsieur dont il est si aisé de trouver de trouver le portrait en musée, collections privées ou sur la toile ? 

Né à Autun dans une famille de royalistes, Nicolas Changarnier (1793-1877) est considéré comme l’un des meilleurs généraux de France de la 2e moitié du 19e siècle. Sorti de Saint-Cyr en 1815, à partir de 1830 il participe à la conquête de l’Algérie. Son audace et sa grande bravoure le font aimer de ses soldats. Connu pour être un officier de mérite, il gagne tous ses grades à la pointe de l'épée sur divers champs de bataille.

Revenons au toupet. Il en a, c’est peu dire. Lors de la conquête de l’Algérie, en 1835, il se fait brillamment remarquer lors de la bataille de Sidi Embarek, puis surtout l’année suivante lors de la première expédition de Constantine. En 1836, c’est la retraite française après l’expédition de Constantine. Le 24 novembre, son bataillon voit s’approcher 6000 guerriers arabes alors qu’il commande l’arrière-garde. Changarnier regroupe ses hommes en carré, les exhorte ainsi à se défendre “Soldats du 2e Léger, regardez ces gens-là : ils sont six mille et vous êtes trois cents. Vous voyez que la partie est égale. Regardez-les en face et tirez juste.” et met en échec les assaillants. Ce fait d’armes lui vaut le grade de Lieutenant-Colonel. Il poursuit la Campagne d’Algérie...

Mais il va commettre l’imprudence de se mêler des affaires politiques, tantôt se rapprochant des bonapartistes, tantôt des royalistes...

Il rentre en France au début de 1848, aidant le gouvernement provisoire à rétablir l'ordre. Paré du prestige de l’uniforme, il est élu député. Puis il est candidat à l’élection présidentielle de 1848 sous la bannière royaliste légitimiste. Nommé commandant de la division de Paris et de la Garde Nationale, il met en pratique, comme en Algérie, une vision toute militaire de la politique. On le récompense par le titre de Grand Officier de la Légion d'Honneur en 1849.

Lors du coup d’état du 2 décembre 1851 du futur Napoléon III, il est arrêté, emprisonné puis expulsé. Il s’installe en Belgique. Il rentre en France, après six années d’exil et se retire dans ses terres autunoises. Il n’en sort qu’en 1870, à la déclaration de guerre, à laquelle il participe, ayant alors rallié Napoléon III. Lors de la capitulation il est fait prisonnier de guerre. Détenu en Allemagne, il revient en France après l'armistice de 1871.

En 1877, ses obsèques seront célébrées aux Invalides.

Œuvres présentées ci-dessus, de gauche à droite :
1 - General Changarnier, par Honoré Daumier, 1849, Château de Compiègne
2 - Général Changarnier à la retraite de Constantine, image publicitaire de 1836, Collections du Ministère de l’Education Nationale 
3 - Portrait du général Changarnier, par Ary Scheffer, 1849, Musée Rolin, Autun

Le Charivari est un journal français et le premier quotidien illustré satirique du monde, qui paraît de 1832 à 1937. Honoré Daumier (1808-1879), peintre et dessinateur, est un de ses caricaturistes. Ses œuvres commentent la vie sociale et politique en France au 19e siècle. Auteur de plus de quatre mille lithographies, il est surtout connu pour ses caricatures d'hommes politiques et ses satires du comportement de ses compatriotes. 

Peintre très célèbre de l'époque romantique, Ary Scheffer (1795-1858) est d’origine hollandaise. En 1811, il vient à Paris en 1811 où il fait une carrière brillante, et est le professeur de dessin des enfants du roi Louis-Philippe.


Pour ceux que la conquête de l'Algérie par la France intéresse, voici une revue intéressante "Ce qu'était l'Algérie française", de la collection FIGARO HISTOIRE

Des peintres ont été témoins de la conquête de l'Algérie, dont le peintre Laurent-Charles Féraud. Vous pouvez en découvrir la monographie.

Jacques Ferrandez, auteur né en Algérie, a dessiné magnifiquement la conquête de l'Algérie, puis l'Algérie française et en fin la Guerre d'Algérie, dans sa série de bandes dessinées Carnets d'Orient. Consacrée à l'histoire de l'Algérie française, de la conquête en 1836 à la guerre d'indépendance en 1962, cette série a reçu plusieurs prix.


Bon voyage !


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