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Gallimard 2010
Le
22 September 2017,
Au cinéma, les biopics racontant la vie des grands artistes fleurissent : Schiele, Kilmt, Gauguin, Rodin, Paulo Modersohn-Becker... comme autant d'hommages plus ou moins réalistes et de tentatives de reconstituer les conditions de la création artistique, et de contextualiser les oeuvres.
Mais nous vous proposons aujourd'hui un autre genre de biopic, une belle découverte : la vie (très librement imaginée) de Marc Chagall par le dessinateur de BD Joann Sfar. Il nous prévient d'emblée :
"Mon livre ne parle pas du vrai Chagall. Ça parle des vrais coups de pied aux fesses qu’on lui a mis en Russie, quand Malevitch (peintre russe célèbre) et ses copains lui ont fait comprendre qu’il ne faisait pas partie de l’art russe. Ça parle de cette révolution durant laquelle les armées rouges, blanches ou polonaises prenaient l’habitude de s’essuyer les bottes sur la figure des Juifs. C’est une époque dont les historiens russes commencent à peine à parler. Il faut lire l’ouvrage de Lidia Miliakova «Le livre des Pogroms». Ma bande dessinée, comme souvent, ne sert à rien. Ça tombe bien, c’est l’histoire d’un peintre qui a le sentiment de ne servir à rien."
A travers les 2 volumes de Chagall en Russie, il nous embarque avec son trait dynamique et son talent de conteur à travers de folles aventures dont la vraisemblance importe peu. Ce qui est beau, et réussi, ici c'est la rencontre, le dialogue entre deux artistes : Chagall et Sfar, qui semblent dialoguer dans le monde de l'imagination et des couleurs. Le trait de Sfar, ses couleurs, semblent sous l'influence du peintre. Le récit mêle histoire d'amour et folklore yiddish (un peu comme dans le Chat du rabbin). La drôlerie et la poésie côtoient les drames de la révolution russe, comme dans un tableau de Chagall. Son "Marc" aux grands yeux clairs est vivant, sensuel, attachant, et se confond bien souvent avec Joann Sfar lui-même, qui connaît lui aussi les affres de la création et les dilemmes de l'artiste ; c'est d'ailleurs l'un de ses sujets de prédilection.
Comme chez Chagall aussi, les étoiles, la lune, les animaux sont omniprésents, et semblent toujours entraînés dans une course folle, dans une sorte de "grand tout" cosmique et mystique qui englobe les hommes et la nature. Avec une grande liberté de ton et de trait, Sfar fait allégeance à un artiste qu'il admire et réinvente le biopic à travers ces BD consacrées à Chagall, laissant une grande place à l'imaginaire du lecteur - peut-être plus que ne le permettent les films.
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Mais nous vous proposons aujourd'hui un autre genre de biopic, une belle découverte : la vie (très librement imaginée) de Marc Chagall par le dessinateur de BD Joann Sfar. Il nous prévient d'emblée :
"Mon livre ne parle pas du vrai Chagall. Ça parle des vrais coups de pied aux fesses qu’on lui a mis en Russie, quand Malevitch (peintre russe célèbre) et ses copains lui ont fait comprendre qu’il ne faisait pas partie de l’art russe. Ça parle de cette révolution durant laquelle les armées rouges, blanches ou polonaises prenaient l’habitude de s’essuyer les bottes sur la figure des Juifs. C’est une époque dont les historiens russes commencent à peine à parler. Il faut lire l’ouvrage de Lidia Miliakova «Le livre des Pogroms». Ma bande dessinée, comme souvent, ne sert à rien. Ça tombe bien, c’est l’histoire d’un peintre qui a le sentiment de ne servir à rien."
A travers les 2 volumes de Chagall en Russie, il nous embarque avec son trait dynamique et son talent de conteur à travers de folles aventures dont la vraisemblance importe peu. Ce qui est beau, et réussi, ici c'est la rencontre, le dialogue entre deux artistes : Chagall et Sfar, qui semblent dialoguer dans le monde de l'imagination et des couleurs. Le trait de Sfar, ses couleurs, semblent sous l'influence du peintre. Le récit mêle histoire d'amour et folklore yiddish (un peu comme dans le Chat du rabbin). La drôlerie et la poésie côtoient les drames de la révolution russe, comme dans un tableau de Chagall. Son "Marc" aux grands yeux clairs est vivant, sensuel, attachant, et se confond bien souvent avec Joann Sfar lui-même, qui connaît lui aussi les affres de la création et les dilemmes de l'artiste ; c'est d'ailleurs l'un de ses sujets de prédilection.
Comme chez Chagall aussi, les étoiles, la lune, les animaux sont omniprésents, et semblent toujours entraînés dans une course folle, dans une sorte de "grand tout" cosmique et mystique qui englobe les hommes et la nature. Avec une grande liberté de ton et de trait, Sfar fait allégeance à un artiste qu'il admire et réinvente le biopic à travers ces BD consacrées à Chagall, laissant une grande place à l'imaginaire du lecteur - peut-être plus que ne le permettent les films.
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com