Ange au Sourire
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Si les anges de la Cathédrale Notre-Dame de Reims sont bien connus des érudits du 19e siècle, rien ne prédestine l’Ange de Saint Nicaise, futur Ange au Sourire, à particulièrement se démarquer des 2302 autres figures sculptées ornant la cathédrale. Ne dirait-on pas le sourire de La Joconde ?  

Nous sommes en 1914. La Cathédrale Notre-Dame de Reims, joyau de l’art gothique où étaient couronnés les rois de France, est violemment bombardée. Prétextant que la terrasse des tours peut servir de poste d’observation, l’armée allemande canonne les combles. La cathédrale prend feu… Des travaux de reconstruction dans l'urgence et la volonté de protéger l'édifice ne peuvent éviter l'effondrement de toute sa partie supérieure.  

Une poutre de l’échafaudage en flammes décapite l’Ange de Saint Nicaise. Face aux drames causés par les bombes sur la ville de Reims, nulle personne ne se soucie de cette statue, sauf un prêtre, l’abbé Jules Thinot. Dès le lendemain de l’incendie, il rassemble de nombreux fragments de statuaire qu’il met en sûreté dans les caves de l’archevêché.  

En 1915, le New York Times évoque l’achat d’une tête d’ange venant de la cathédrale de Reims par un riche américain. Des rumeurs de vol circulent et la statue de l’Ange de Saint Nicaise devient une véritable affaire d’Etat ! D’autant plus que l’abbé Jules Thinot meurt au front et que personne ne sait où se trouve la statue !  

Ce sera plus tard qu’on découvrira le plus gros fragment de cette statue.  

Après la guerre, la cathédrale de Reims devient un symbole, celui de la barbarie prussienne qui détruit une partie du patrimoine universel et l’ange décapité est un superbe support pour la propagande française. L’Ange de Saint Nicaise devient alors L’Ange au Sourire. Il est reproduit sur de nombreux supports comme des cartes postales, mais aussi des timbres (qui maintenant sont très recherchés par les philatélistes) et des vignettes.

Après la guerre et à partir des fragments d’origine et d’un moulage conservé au musée des monuments français, cette célèbre figure est reconstituée et remise à sa place, en 1926 .

L’Ange au Sourire est très visité… la douceur de son sourire ne s’effaçant jamais.


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