AI Wei Wei, sacrilège ou génie?
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L'artiste chinois Ai Wei Wei est né en 1957. Performer, sculpteur, réalisateur, photographe, il use de multiples moyens pour construire une œuvre iconoclaste, et défend la liberté d'expression, ce qui lui vaut depuis longtemps les foudres du gouvernement chinois. Arrêté plusieurs fois, emprisonné pendant deux ans, il ne se laisse pas décourager et continue d'être exposé et célébré partout dans le monde – sauf dans son pays natal.

Parmi ses œuvres les plus connues,  on compte sa série d'authentiques vases de la dynastie Han (vieux de plus de 2000 ans) customisés par ses soins. Depuis 1993, Wei Wei peint sur ces vases de différentes tailles et formes le logo Coca-Cola, sans doute l'un des plus identifiables au monde. Un geste qui tient du ready-made à la Marcel Duchamp (qu'il admire beaucoup), mais aussi du Pop art à la Warhol (avec l'usage d'un logo publicitaire), et qui ne relève pas d'une simple provocation.

Car si d'aucuns peuvent juger sacrilège le fait de s'approprier de la sorte des artefacts anciens et aussi précieux, Wei Wei propose de réfléchir non seulement au statut de l'œuvre d'art, mais aussi à celui de l'objet archéologique parvenu jusqu'à nous. Qu'est-ce qui lui donne de la valeur? Qu'est-ce qui nous empêche de le réinterpréter? Et au contraire, cette "modernisation" ne permet-elle pas de voir encore mieux la modernité des formes, le génie créatif de l'artisanat ancien?

En apposant sa marque sur ces objets, Wei Wei, qui est désormais un artiste très reconnu et très coté, leur ajoute de la valeur. Il replace également ces objets du quotidien dans leur contexte : de simples vases destinés à transporter les boissons du quotidien, tout comme nos canettes et nos bouteilles contemporaines.

Il revisite également l'histoire récente : Coca Cola est la première marque qui s'est implantée en Chine après son ouverture aux marchés étrangers : par ce rapprochement insolite, il nous invite aussi à réfléchir aux effets du capitalisme sur le patrimoine culturel, qu'il accuse en filigrane de défigurer ou de récupérer à des fins consuméristes.Une réflexion sur l'authenticité et les limites qui n'a pas fini de faire réagir!

Mes Sorties Culture / Sonia Zannad


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