Ah, vivement mes cothurnes de l’été !
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C’est lors d’une balade dans un musée, par un temps gris et froid, brrr, en regardant les pieds des centurions au pied du Christ, que votre rédacteur s’est dit "vivement l’été"… Pourquoi l’été en mirant des pieds de soldats romains ? C’est évident, il me semble… En effet, mesdames, vous en rêvez toutes, dès les beaux jours, remettre ce qui ce rapproche le plus des… cothurnes, des caligae ou alors des solea.

Le cothurne est un type de chaussure de l'antiquité gréco-romaine. Il s’agit d’une chaussure de cuir enserrant la jambe jusqu'à mi-mollet et, avec des lanières lacées par-devant. À partir de 1800, elles désignent des sandales maintenues par des lacets entrecroisés sur la jambe.

Les caligæ sont des sandales lacées, faites de lanières de cuir, portées par les soldats romains. Comme les cothurnes, elles remontent sur la cheville. Elles sont généralement ouvertes au bout et laissent les orteils à l'air.

Les solea sont des chaussures formées d’une semelle sur laquelle sont fixées deux brides en Y dont la lanière verticale sépare le gros orteil du reste des orteils du pied. Cette sandale est quasi universelle : on en retrouve l'existence sur des bas-reliefs égyptiens, chez les Romains, les Perses, les Indiens, en Asie etc. Au Japon on les appelle des zōri et elles sont souvent portées avec des chaussettes séparant le gros orteil des autres orteils.

De nos jours, les deux premières sont les ancêtres des jolies sandales appelées si élégamment… tropéziennes. Quant aux solae, appelées tong, on en trouve dans le monde entier, avec des matières très différentes et à des prix aussi très variés.

En se levant du bon pied, on commence la journée en tropéziennes…  

En 1927, Dominique Rondini, bottier, décide de lancer un modèle de sandales fabriquées à main levée. Il s’inspire des chaussures des statues de l’Antiquité pour son travail et décide de créer un nouveau modèle. Sur une semelle tannée à l’écorce de chêne, il ajoute des brides en cuir. C’est dans le petit village de Saint-Tropez, plutôt réputé pour la pêche, que l’enseigne "Rondini bottier" vend ce nouveau type de sandales. Un modèle iconique voit alors le jour : les tropéziennes. Sans jeu de mots, les concurrents emboîtent très vite le pas.

Marlène Dietrich, Pompidou, Georges Brassens, Colette, Brassaï ou Juliette Gréco en ont portées... Depuis, les tropéziennes sont vendues par de multiples fabricants de chaussures, en cuir, mais aussi en plastique. Bien plus qu’une paire de chaussures, les tropéziennes sont l’emblème de la mode française et un must-have pour toutes les stars de la planète.

… pour la finir en tong...   

Chaussure cool par excellence, jamais bien loin du sable et des bords de mer, la tong fait partie des incontournables qui pointent le bout de leur nez dès le retour du soleil. C'est la zōri japonaise qui en est l’origine.

Revue et corrigée, elle renaît au Brésil grâce à une société qui, en 1962, sort sa première paire de tongs. Deux ans plus tard, presque tous les ouvriers brésiliens en portent. La tong est née… Elle prend son nom définitif pendant la guerre du Vietnam, où les habitants en portent beaucoup, les Américains ayant alors baptisé cette drôle de chaussure  “thong” (lanière en français). Si, de nos jours, une paire de tongs achetées au Brésil ou venant de Chine ne coûte pas plus de quelques euros, la paire la plus chère est estimée à un peu plus de 15,000€.

... sauf si on sort danser, occasion de mettre des stilettos. 

Stilettos ? Ce sera une autre histoire. 

Tableaux affichés :
 - La Mort de Lucrèce, Jérôme Preudhomme (1735-1810), 1784, Musée Antoine Lécuyer, Saint-Quentin
 - Le Centurion auprès du Christ, Louis de Boullogne II dit Le Jeune (1654-1733), 1686, Musée des Beaux-Arts d’Arras

Idées de visites :
 - La chaussure à son Musée de la Chaussure, à Romans-sur-Isère
 - Les Métiers de la chaussure ont le leur à Sèvremoine, près de Cholet
 - Vous en trouverez aussi au Palais Galliera, musée de la mode à Paris.
Ces trois musées proposent des visites guidées et des ateliers. 

Quelques livres à lire en tong à la plage :

 - Pour les amoureux de saga familiales, lisez Très chère Valentine de Adriana Trigiani, qui décrit l'histoire des Roncalli, famille qui a mis tout son amour dans la confection d’exquises chaussures.

 - Pourquoi tant de femmes portent-elles des chaussures à bout pointu ? Le pied possède-t-il des "nerfs sexuels" ? Qu'est-ce qui fait qu'une démarche est érotique ? Les femmes sont-elles aussi fétichistes de la chaussure que les hommes ? Fourmillant d'anecdotes, ce petit livre Erotisme du pied et de la chaussure nous fait découvrir le pied dans tous ses états...

 - En se promenant à Athènes, Néna découvre dans une vitrine une paire de souliers vernis rouges semblables à ceux qu'elle portait, enfant. Aussitôt, elle remonte le temps, et se remémore... À la fin du 19e siècle, Yagos, son arrière-grand-père... Lisez ce joli livre Les Souliers vernis rouges de Stella Vretou.


Cet été, quand il pleuvra et que vous visiterez les Musées de France, vous n’oublierez plus de regarder les pieds des personnages peints sur le tableau…


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