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Le
11 May 2018,
Nous avons visité pour vous la Maison des canuts, dans le
quartier historique de la Croix-Rousse, sur les hauteurs de Lyon. Là, des
passionnés transmettent l’histoire d’un savoir-faire perdu et d’une époque où
le tissu d’habillement et d’ameublement était un luxe.
Les canuts, ça vous dit quelque chose ? Le terme désigne les femmes et les hommes qui travaillaient dans l’industrie de la soie (que l’on nomme aussi la Fabrique) à Lyon.
Le canut était donc un maître tisseur de fils d’or, d’argent ou de soie. C’est François Ier qui confia le premier aux lyonnais le monopole du tissage, en 1535, à une époque où le tissu révèlait le statut social des individus. La soie, textile particulièrement précieux, doux, brillant et chaud, est une matière prisée des grands de ce monde : aristocrates, haut clergé, haute armée, ils sont nombreux à se parer d’étoffes luxueuses. Ceux qui maîtrisent la technique du tissage sont des immigrés italiens installés à Lyon, qui vont peu à peu transmettre leur savoir-faire aux français… et les élèves finissent par dépasser les maîtres.
A la Renaissance, Lyon passe ainsi de 30 000 à 100 000 habitants, tandis qu’elle devient l’épicentre de la soierie en Europe. Si la ville se développe et s’enrichit, c’est donc en grande partie grâce à l’industrie de la soie.
Les techniques se raffinent au fil du temps, avec la création du métier à la tire, énorme machine sophistiquée et bruyante de 4 mètres de haut, qui permet de maîtriser les tissus à motifs (le jacquard).
Le métier est un savant mélange de mécanique et d’ingénierie qui préfigure l’avènement de l’informatique, avec une carte perforée qui guide le dessin et donc les mouvements agiles et rapides du canut. Le travailleur fait corps avec sa machine, un peu comme un organiste qui se confond avec son instrument. Il est à la fois artiste, mécanicien, et gérant de sa petite entreprise.
Louis XIV permet à la Fabrique de connaître un nouvel essor, en raison du décor somptueux du château de Versailles qui fait appel au talent de « designers » et de techniciens des soyeux lyonnais, mais aussi parce qu’il lance des modes vestimentaires : le justaucorps et la redingote cintrée pour les hommes, et pour les femmes, des robes nécessitant jusqu’à 25 mètres de tissu.
La Révolution française porte un coup d’arrêt à cette industrie florissante : la demande baisse de 40 %, et les canuts s’exilent à l’étranger pour continuer à travailler. Il faudra attendre le règne de Napoléon Ier – Joséphine aime la soie - pour que le précieux tissu connaisse un nouvel âge d’or. Mais en 1831, l’industrie s’essouffle à nouveau, et les canuts se soulèvent, révoltés par leurs conditions de travail précaires. Cette communauté solidaire sera à l’origine de plusieurs insurrections violentes entre 1831 et 1848, qui inspireront de nombreux penseurs du changement social.
Si vous en avez l’occasion, ne manquez pas la visite guidée de la maison des Canuts et la démonstration de métier à tisser !
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Vous pouvez écouter le podcast de l'article, en cliquant ici
Les canuts, ça vous dit quelque chose ? Le terme désigne les femmes et les hommes qui travaillaient dans l’industrie de la soie (que l’on nomme aussi la Fabrique) à Lyon.
Le canut était donc un maître tisseur de fils d’or, d’argent ou de soie. C’est François Ier qui confia le premier aux lyonnais le monopole du tissage, en 1535, à une époque où le tissu révèlait le statut social des individus. La soie, textile particulièrement précieux, doux, brillant et chaud, est une matière prisée des grands de ce monde : aristocrates, haut clergé, haute armée, ils sont nombreux à se parer d’étoffes luxueuses. Ceux qui maîtrisent la technique du tissage sont des immigrés italiens installés à Lyon, qui vont peu à peu transmettre leur savoir-faire aux français… et les élèves finissent par dépasser les maîtres.
A la Renaissance, Lyon passe ainsi de 30 000 à 100 000 habitants, tandis qu’elle devient l’épicentre de la soierie en Europe. Si la ville se développe et s’enrichit, c’est donc en grande partie grâce à l’industrie de la soie.
Les techniques se raffinent au fil du temps, avec la création du métier à la tire, énorme machine sophistiquée et bruyante de 4 mètres de haut, qui permet de maîtriser les tissus à motifs (le jacquard).
Le métier est un savant mélange de mécanique et d’ingénierie qui préfigure l’avènement de l’informatique, avec une carte perforée qui guide le dessin et donc les mouvements agiles et rapides du canut. Le travailleur fait corps avec sa machine, un peu comme un organiste qui se confond avec son instrument. Il est à la fois artiste, mécanicien, et gérant de sa petite entreprise.
Louis XIV permet à la Fabrique de connaître un nouvel essor, en raison du décor somptueux du château de Versailles qui fait appel au talent de « designers » et de techniciens des soyeux lyonnais, mais aussi parce qu’il lance des modes vestimentaires : le justaucorps et la redingote cintrée pour les hommes, et pour les femmes, des robes nécessitant jusqu’à 25 mètres de tissu.
La Révolution française porte un coup d’arrêt à cette industrie florissante : la demande baisse de 40 %, et les canuts s’exilent à l’étranger pour continuer à travailler. Il faudra attendre le règne de Napoléon Ier – Joséphine aime la soie - pour que le précieux tissu connaisse un nouvel âge d’or. Mais en 1831, l’industrie s’essouffle à nouveau, et les canuts se soulèvent, révoltés par leurs conditions de travail précaires. Cette communauté solidaire sera à l’origine de plusieurs insurrections violentes entre 1831 et 1848, qui inspireront de nombreux penseurs du changement social.
Si vous en avez l’occasion, ne manquez pas la visite guidée de la maison des Canuts et la démonstration de métier à tisser !
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Vous pouvez écouter le podcast de l'article, en cliquant ici