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Andreas Gursky
Le
16 February 2018,
Qui ne s'est jamais senti tout petit devant l'immensité d'un ciel étoilé ? Ce sentiment incomparable, le photographe Andres Gursky (né à Leipzig en 1955) parvient à le susciter chez les visiteurs qui se pressent à la Hayward Gallery de Londres.
Démesure
Avec ses grands formats spectaculaires des années 1980, Gursky propose une lecture du monde inhabituelle. L'oeil perçoit d'abord le cadre naturel, grandiose et comme immuable. Puis peu à peu on distingue des personnages, si petits qu'on dirait des jouets, mais non, ce sont bien des groupes d'hommes, de femmes ou d'enfants.L'appareil photo est si loin de ces sujets qu'ils apparaissent "désindividualisés", pour reprendre le terme de Gursky. Un peu comme nous, quand nous contemplons le ciel étoilé : nous nous sentons minuscules, et nous ressentons fortement notre appartenance à un tout qui nous dépasse. Quelle est la place de l'homme dans la nature ? Comment l'homme marque t-il le paysage ? Comment s'y inscrit-il? Autant de questions que l'artiste nous invite à creuser à travers son oeuvre.
Démocratie
Gursky plaide pour l'idée d'une "photographie démocratique", autrement dit pour la production d' images où aucun élément ne l'emporte sur les autres. Dans sa vue de la ville italienne de Salerne, en effet, voitures, bateaux, conteneurs et maisons sont traités de la même façon, sans jugement esthétique,comme si, à la faveur d'une lumière particulière, toute profondeur avait disparu.
Vertige
"C'est un tapis"! s'écrie une petite fille de 6 ou 7 ans devant une immense photo noir et blanc, quand j'entre dans la deuxième salle de l'exposition. La plupart des visiteurs ne l'avaient pas deviné, tant l'artiste se plaît à brouiller les pistes. Est-ce la terre vue du ciel, comme sur cette autre photo qui représente les bandes de tulipes d'une plantation géante des Pays-bas, vue d'avion? Non, une simple moquette, la banalité même. mais dans ces proportions, nous sommes invités à la considérer d'un autre oeil, à y repérer les nuances et les aspérités. L'infiniment grand et l'infiniment petit se mélangent à nouveau, dans un jeu vertigineux entre le regard du spectateur et celui du photographe.
Chef d'oeuvre
L'un des grand formats présentés ici - et celui que j'ai préféré - représente une salle de musée et se nomme "Turner collection". On y voit 3 toiles du maître anglais de la peinture de "marines", représentant une mer déchaînée. Le coup de génie de Gursky tient au cadrage : la rigueur de la composition répond à celle de la pièce et aux cadres des peintures. Des aspects "carrés" qui contrastent fortement avec ce que montrent les tableaux, comme s'ils étaient des fenêtres vers un monde plus vivant, plus libre, hors de contrôle. Belle pirouette de l'artiste que de nous ramener ainsi à l'essence de l'oeuvre d'art!
Une exposition à retrouver à Londres jusqu'au 22 avril, à la Hayward Gallery, Southbank center, dans un magnifique bâtiment de style "brutaliste".
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Démesure
Avec ses grands formats spectaculaires des années 1980, Gursky propose une lecture du monde inhabituelle. L'oeil perçoit d'abord le cadre naturel, grandiose et comme immuable. Puis peu à peu on distingue des personnages, si petits qu'on dirait des jouets, mais non, ce sont bien des groupes d'hommes, de femmes ou d'enfants.L'appareil photo est si loin de ces sujets qu'ils apparaissent "désindividualisés", pour reprendre le terme de Gursky. Un peu comme nous, quand nous contemplons le ciel étoilé : nous nous sentons minuscules, et nous ressentons fortement notre appartenance à un tout qui nous dépasse. Quelle est la place de l'homme dans la nature ? Comment l'homme marque t-il le paysage ? Comment s'y inscrit-il? Autant de questions que l'artiste nous invite à creuser à travers son oeuvre.
Démocratie
Gursky plaide pour l'idée d'une "photographie démocratique", autrement dit pour la production d' images où aucun élément ne l'emporte sur les autres. Dans sa vue de la ville italienne de Salerne, en effet, voitures, bateaux, conteneurs et maisons sont traités de la même façon, sans jugement esthétique,comme si, à la faveur d'une lumière particulière, toute profondeur avait disparu.
Vertige
"C'est un tapis"! s'écrie une petite fille de 6 ou 7 ans devant une immense photo noir et blanc, quand j'entre dans la deuxième salle de l'exposition. La plupart des visiteurs ne l'avaient pas deviné, tant l'artiste se plaît à brouiller les pistes. Est-ce la terre vue du ciel, comme sur cette autre photo qui représente les bandes de tulipes d'une plantation géante des Pays-bas, vue d'avion? Non, une simple moquette, la banalité même. mais dans ces proportions, nous sommes invités à la considérer d'un autre oeil, à y repérer les nuances et les aspérités. L'infiniment grand et l'infiniment petit se mélangent à nouveau, dans un jeu vertigineux entre le regard du spectateur et celui du photographe.
Chef d'oeuvre
L'un des grand formats présentés ici - et celui que j'ai préféré - représente une salle de musée et se nomme "Turner collection". On y voit 3 toiles du maître anglais de la peinture de "marines", représentant une mer déchaînée. Le coup de génie de Gursky tient au cadrage : la rigueur de la composition répond à celle de la pièce et aux cadres des peintures. Des aspects "carrés" qui contrastent fortement avec ce que montrent les tableaux, comme s'ils étaient des fenêtres vers un monde plus vivant, plus libre, hors de contrôle. Belle pirouette de l'artiste que de nous ramener ainsi à l'essence de l'oeuvre d'art!
Une exposition à retrouver à Londres jusqu'au 22 avril, à la Hayward Gallery, Southbank center, dans un magnifique bâtiment de style "brutaliste".
Sonia Zannad / Mes sorties culture
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