Credits image :
Les Inrockuptibles.
Le
20 December 2019,
Vous l'avez sans doute remarqué : l'artiste mexicaine Frida
Kahlo est une source d'inspiration sans fin pour les jeunes artistes, les amoureux de la mode, la nouvelle
génération féministe, et une foule
d'autres personnes qui se reconnaissent en elle. Sur Instagram, le hashtag
#FridaKahlo permet de mesurer l'ampleur du phénomène. On trouve en le cherchant
plus de 3 millions d'occurrences! T shirts, gravures, photos, sosies, séries de
mode, graffitis, poupées, maquillage, bijoux, hommages artistiques... Tout y
passe. Comment expliquer la pérennité et
la modernité de cette femme disparue il y a 65 ans? Et comment dépasser l'image d'Epinal, l'icône
au célèbre monosourcil, pour renouer avec la complexité de cette grande figure
de la peinture du 20e siècle?
La reine de la résilience
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Frida Kahlo n'a pas eu la vie facile. A l'âge de 6 ans, elle contracte la polyomiélite : toute sa vie, elle en gardera les séquelles, avec notamment une jambe plus courte que l'autre. A l'école, c'est une élève brillante et studieuse. A l'âge de 18 ans, un terrible accident de bus la laisse handicapée, avec de multiples blessures à la colonne, au bassin et aux hanches. Elle ne pourra jamais avoir d'enfant, et sera obligée de porter un corset toute sa vie. Après l'accident, elle est alitée de longs mois et subit des dizaines d'opérations chirurgicales. Sa mère lui aménage un chevalet, et installe un miroir au-dessus de son lit. C'est ainsi qu'elle commence la peinture. Plus tard, elle rencontre Diego Rivera, artiste muraliste de 21 ans son aîné, avec qui elle partage les mêmes convictions politiques. C'est le grand amour de sa vie, et elle forme avec lui un couple légendaire. Leur relation, pourtant, est plus que tumultueuse : ils se trompent mutuellement (Rivera avec la propre soeur de Frida…Frida avec Trotski), divorcent puis se remarient. Dans tous ces accidents de la vie, Frida puise l'inspiration ; elle trempe son pinceau dans le sang et dans les larmes (qu'elle représente souvent d'ailleurs, de même que son cœur), documente les épisodes les plus sombres de sa vie à travers ses œuvres, transforme ses douleurs en beauté, sublime ses souffrances. Cette richesse émotionnelle, cette sensibilité, expliquent certainement pourquoi elle touche toujours autant ceux qui la découvrent.
La reine de l'autoportrait
On sent sur les photos d'elle que Frida aime poser et être observée. Qu'elle se connaît bien, et qu'elle n'a pas peur de l'objectif. Son regard franc comporte une part de défi, de passion et de gravité que l'on retrouve dans ses autoportraits. Si elle s'est choisie comme muse, ce n'est pas par narcissisme mais par commodité : alitée, elle a appris la peinture en autodidacte, en se regardant dans le miroir et en tentant de reproduire ce qu'elle voyait. Et on a l'impression, à force de la regarder sous toutes les coutures, de plonger son regard dans le sien, de percer un peu le mystère de son âme ; elle nous invite à une étrange familiarité, témoigne d'une grande force intérieure et semble dire "tenez bon".
La reine du style
Autant pour dissimuler les problèmes physiques, liés à sa maladie et à l'accident de bus subi lorsqu'elle était jeune, Frida Kahlo s'est inventé un style bien à elle, que l'on retrouve dans ses autoportraits et dans les nombreux portraits photos qui nous sont parvenus. Elle aimait porter des parures fleuries dans les cheveux, de gros bijoux de la période pré-hispanique, de même que des ensembles traditionnels très colorés, faits d'un chemisier brodé aux motifs géométriques et d'une longue jupe aux motifs bariolés. En apportant un soin particulier à sa garde-robe, Frida Kahlo se distinguait des autres femmes, elle retrouvait une forme de dignité, d'intégrité physique, de maîtrise de son image, et enfin elle répondait à ses convictions politiques, en défense de la culture mexicaine traditionnelle, dont l'imagerie imprègne par ailleurs toutes ses peintures.
"Pourquoi voudrais-je des pieds, j'ai des ailes pour voler", déclarait Frida en 1953, dans une insolente célébration de la vie, de la liberté et de la force de l'imagination, par-delà les souffrances et les aléas de la vie.
Mes Sorties Culture / Sonia Zannad
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
La reine de la résilience
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Frida Kahlo n'a pas eu la vie facile. A l'âge de 6 ans, elle contracte la polyomiélite : toute sa vie, elle en gardera les séquelles, avec notamment une jambe plus courte que l'autre. A l'école, c'est une élève brillante et studieuse. A l'âge de 18 ans, un terrible accident de bus la laisse handicapée, avec de multiples blessures à la colonne, au bassin et aux hanches. Elle ne pourra jamais avoir d'enfant, et sera obligée de porter un corset toute sa vie. Après l'accident, elle est alitée de longs mois et subit des dizaines d'opérations chirurgicales. Sa mère lui aménage un chevalet, et installe un miroir au-dessus de son lit. C'est ainsi qu'elle commence la peinture. Plus tard, elle rencontre Diego Rivera, artiste muraliste de 21 ans son aîné, avec qui elle partage les mêmes convictions politiques. C'est le grand amour de sa vie, et elle forme avec lui un couple légendaire. Leur relation, pourtant, est plus que tumultueuse : ils se trompent mutuellement (Rivera avec la propre soeur de Frida…Frida avec Trotski), divorcent puis se remarient. Dans tous ces accidents de la vie, Frida puise l'inspiration ; elle trempe son pinceau dans le sang et dans les larmes (qu'elle représente souvent d'ailleurs, de même que son cœur), documente les épisodes les plus sombres de sa vie à travers ses œuvres, transforme ses douleurs en beauté, sublime ses souffrances. Cette richesse émotionnelle, cette sensibilité, expliquent certainement pourquoi elle touche toujours autant ceux qui la découvrent.
La reine de l'autoportrait
On sent sur les photos d'elle que Frida aime poser et être observée. Qu'elle se connaît bien, et qu'elle n'a pas peur de l'objectif. Son regard franc comporte une part de défi, de passion et de gravité que l'on retrouve dans ses autoportraits. Si elle s'est choisie comme muse, ce n'est pas par narcissisme mais par commodité : alitée, elle a appris la peinture en autodidacte, en se regardant dans le miroir et en tentant de reproduire ce qu'elle voyait. Et on a l'impression, à force de la regarder sous toutes les coutures, de plonger son regard dans le sien, de percer un peu le mystère de son âme ; elle nous invite à une étrange familiarité, témoigne d'une grande force intérieure et semble dire "tenez bon".
La reine du style
Autant pour dissimuler les problèmes physiques, liés à sa maladie et à l'accident de bus subi lorsqu'elle était jeune, Frida Kahlo s'est inventé un style bien à elle, que l'on retrouve dans ses autoportraits et dans les nombreux portraits photos qui nous sont parvenus. Elle aimait porter des parures fleuries dans les cheveux, de gros bijoux de la période pré-hispanique, de même que des ensembles traditionnels très colorés, faits d'un chemisier brodé aux motifs géométriques et d'une longue jupe aux motifs bariolés. En apportant un soin particulier à sa garde-robe, Frida Kahlo se distinguait des autres femmes, elle retrouvait une forme de dignité, d'intégrité physique, de maîtrise de son image, et enfin elle répondait à ses convictions politiques, en défense de la culture mexicaine traditionnelle, dont l'imagerie imprègne par ailleurs toutes ses peintures.
"Pourquoi voudrais-je des pieds, j'ai des ailes pour voler", déclarait Frida en 1953, dans une insolente célébration de la vie, de la liberté et de la force de l'imagination, par-delà les souffrances et les aléas de la vie.
Mes Sorties Culture / Sonia Zannad
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com