Oscar Wilde et Sherlock Holmes, une amitié qui n'en finit pas...
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Là où il n’y a pas d’imagination, il n’y a pas d’horreur.
Sir Arthur Conan Doyle, Une étude en rouge (1887).

Le 7 juillet 1930, s’éteint sir Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes, mais aussi du brigadier Gérard et du professeur Challenger.
Son dernier recueil de nouvelles remonte à 1921, concluant une carrière qui a fait de lui un écrivain mondialement connu.

Cet écrivain prolifique, l'un des pères du roman policier moderne, doit une partie de sa renommée à... Oscar Wilde. Après s'être rencontrés lors d'un dîner littéraire, Conan Doyle publie Le Signe des Quatre, et Wilde, Le portrait de Dorian Gray. L'amitié et l'admiration qui unissent ces deux grands écrivains si différents et lointains sont décisives dans l'essor de leurs carrières. 

En 1889, le directeur de la revue new-yorkaise Lippincott’s magazine recherche de jeunes auteurs pour en lancer la version anglaise. Il rencontre deux trentenaires à ses yeux prometteurs : Arthur Conan Doyle et Oscar Wilde.

Doyle et Wilde sont fort différents l’un de l’autre : le sportif et solide médecin de province contraste avec le jeune esthète citadin. Et pourtant, ce soir-là, autour d’une bonne table, dans un grand hôtel de Londres, la magie opère, et les trois hommes s’entendent à merveille.

Conan Doyle fait paraître Le Signe des Quatre, seconde aventure de Sherlock Holmes, qui lui ouvre les portes du succès.

Quelques mois seulement après cette rencontre, Wilde publie Le Portrait de Dorian Gray. La critique reçoit plus que fraîchement l’ouvrage, évoquant un livre sorti des poubelles des décadents français, un livre plein de poison. L’écrivain échange une volumineuse correspondance avec les directeurs des revues, et modifie plus tard le Portrait lors de sa parution en livre, y ajoutant une préface et six chapitres.

Ces deux romanciers restent amis, et nombreux sont les biographes qui ont remarqué des ponts entre les œuvres de ces deux hommes par ailleurs si différents…

Mais la mort des auteurs n’a pas signifié leur amitié… 

Qu’aurait pensé Sir Arthur Conan Doyle si on lui avait dit que son immortel enquêteur finirait par s’acoquiner avec le scandaleux Oscar Wilde ? 

Car c’est là le pas allègrement franchi par plusieurs auteurs contemporains : imposer subrepticement la compagnie du sulfureux dandy irlandais Wilde au fameux détective cocaïnomane, Sherlock Holmes, à des fins théâtrales ou romanesques. 

Dans ces romans, Wilde joue son propre rôle et sous son propre nom. Mais ce n’est pas seulement Arthur et Oscar qui intéressent les auteurs de polar de tout poil, ni de savoir si une certaine amitié les liait comme on l’a parfois prétendu. C’est d’associer dans une équipe inattendue Sherlock Holmes et Oscar Wilde, c'est-à-dire une figure de roman et un être réel, comme si Arthur était dévoré par sa créature et qu’Oscar se fût transformé en personnage de fiction. 

On pourrait citer nombre de romans… Je citerai juste les auteurs contemporains Fabrice Bourland et Gyles Brandreth

Dans Le Fantôme de Baker Street, de Fabrice Bourland, Oscar Wilde a perdu son auréole mais on retrouve une fois de plus son nom associé à celui de Sherlock Holmes par l’intermédiaire de l’inquiétante figure de Dorian Gray, à travers une intrigue abracadabrante où on croise le fantôme de Sherlock opposé à de sinistres personnages de roman (Dorian, Dracula, Mister Hyde) qui reproduisent les meurtres perpétrés par Jack l’éventreur.  

Le dernier romancier en date à s’attaquer au sujet, l’anglais Gyles Brandreth, revient au duo Conan Doyle / Oscar Wilde, transformé en enquêteur subtil, dans son roman Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles . C’est en liaison étroite avec son ami Wilde que Conan Doyle mène l’enquête. Mais n’imaginez pas le poète irlandais endossant le rôle un peu effacé d’un Watson.  Il joue ici jeu égal avec son compagnon, se révélant aussi perspicace que lui, et d’une intelligence aussi fulgurante, comme s’il s’était revêtu du manteau de Sherlock Holmes. 

N'est-ce pas ça la morale de l'histoire ? Par-delà la mort, les génies continuent de vivre...

Quelques livres : 
 - 
Intégrale de Arthur Conan Doyle
 - Un des livres de François Borland
 - Un des livres de Gyles Brandreth
 - Le Portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde



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