Oh, P… de vérole !
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C’est en me rappelant un juron apprécié par feu mon oncle...

Tout d’abord, les hommes ci-dessus ont un point en commun : 
 - François Ier, par Jean Clouet (Musée du Louvre) 
 - Louis XIV, par Hyacinthe RIGAUD (Musée du Louvre) 
 - Louis XV, par Quentin de La Tour (Musée du Louvre) 
 - Voltaire, par Quentin de La Tour (Musée Antoine Lecuyer) 
 - Baudelaire, par Gustave Courbet (Musée Fabre) 
 - Paul Verlaine et Arthur Rimbaud, par Henri Fantin-Latour (Musée d’Orsay) 
 - Flaubert, par Eugène Giraud (Château de Versailles) 
 - Staline, par Isaak Brodsky (Russie) 

Ils ont tous eu…. la vérole.


Vérole désigne une éruption cutanée faite de pustules et/ou de vésicules. C’est un vieux mot, plus guère utilisé. En fait, trois maladies portent le nom de vérole : la petite vérole, ou variole, la grande vérole, ou syphilis, et la petite vérole volante, ou varicelle.

La petite et la grande vérole ont un lien très fort avec la découverte de l’Amérique. Au moment où débute la conquête de l’empire Aztèque, le pays compte 25 millions d’habitants, un siècle plus tard, il n’en reste plus qu’un million et demi. La petite vérole est passée par là. En retour, les Amérindiennes font aux Européens le cadeau empoisonné de la grande vérole, théorie encore débattue chez les historiens.


La variole est une maladie infectieuse d’origine virale, très contagieuse, responsable d’épidémies dramatiques. C’est la maladie qui a causé le plus de décès dans l’histoire de l’humanité, plus que la peste ou la grippe. Elle n’épargne ni les pauvres, ni les riches, ni les cours européennes. Les patients qui lui survivent gardent des séquelles cutanées indélébiles et disgracieuses, notamment au niveau du visage, que l’on décrit comme "grêlé". C’est le cas de Louis XIV, Voltaire et Staline. Ces derniers font retoucher leurs portraits pour que les restes de variole n’y apparaissent pas. Notamment Staline, durement marqué, fait retoucher les photos et peintures pour rendre ses cicatrices moins apparentes. Louis XV, lui, en est mort. Tout comme Louise-Elisabeth, sa fille, et Mme de Sévigné.

C’est Edward Jenner, médecin de campagne anglais (1749 – 1823), qui trouve le vaccin contre la variole. L’OMS considère que la variole a disparu de la surface du globe depuis le dernier cas observé en 1977.


La syphilis est due à une tréponème, sorte de bactérie. Un des stades de la maladie est l’apparition de lésions cutanéo-muqueuses, ce qui explique la dénomination de vérole pour la syphilis. Celle-ci évolue classiquement en trois stades successifs : 
 - apparition d’un chancre d’inoculation, point d’entrée de la bactérie
 - diffusion du tréponème par voie sanguine et lésions cutanéo-muqueuses 
 - manifestations articulaires, cardiovasculaires ou nerveuses, voire folie. 
Le tréponème est très sensible à la pénicilline injectable, et cela depuis la découverte de cet antibiotique jusqu’à nos jours.

Les syphilitiques célèbres sont trop nombreux pour les citer tous. Votre rédacteur se contentera de citer François 1er, les écrivains Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. Sans oublier Maupassant, Toulouse-Lautrec, Feydeau et… Al Capone qui en sont morts fous et paralysés. 


Pour voir les portraits des "vérolés", n’hésitez pas à profiter d’une visite guidée au Musée du Louvre, ou au Musée Fabre, ou au Musée d’Orsay, ou au Château de Versailles.


Je ne peux que vous conseiller L’histoire de la médecineen BD.
Sur la syphilis, Le siècle des vérolés explique l’histoire de la maladie et des traitements apportés. 


Votre rédacteur ne peut pas vous quitter sans partager la lettre écrite par Léo Ferré à Baudelaire le "vérolé" :   

Si je vous disais "tu", on me prendrait pour qui ? On dirait: Celui-là, il se perche là-haut, dans les nuées, avec ses ailes d'albatros qui donnerait plutôt vers le corbeau..." 
Si je te disais "vous", tu deviendrais encore plus froid dans ta dernière terre et tu m'appellerais : Léo ! Viens, allons voir les putes du Boulevard Edgard Quinet, ce n'est pas loin de chez moi, deux pas, allons même au "Monocle", cette boîte où celles qui "sont trop gais" s'en vont se faire une nouvelle virginité qui pèsera pas lourd, dans les quatre heures du matin, au bras d'une "saphique d'occasion". 
Ils t'ont pillé, Baudelaire, ils t"ont traîné dans leur Morale, ils disent que tu avais la vérole et que tu en es mort. Ils disent tant de choses, tant de choses dans les manuels de littérature, je dis bien "manuel..." avec tout ce que cela comporte d'inversion intellectuelle. Ils sont tous invertis, ce jour, ils pensent en reculant. Ils préfèrent qu'on les surprenne par derrière, pour ne pas voir, avec leur légion d'honneur, leurs journaux qui vont de l'avant comme des écrevisses, leur Culture avec un granc C comme... 
J'ai le sentiment qu'il n'y a plus grand chose à découvrir au club des métaphores. La poésie t'a muselé dans le génie étiqueté, inodore avec de beaux et cons discours qu'on doit faire à ton propos et lors d'une pâle distribution de prix au Lycée de Nevers. 
Rimbaud nous a quittés par une porte de secours. Il savait que derrière il devait y avoir "la vraie vie". 
Breton a fait une fausse sortie... Il l'a dit, dans l'ambulance qui transportait son urgente dépouille de Cahors à Paris. Il t'aimait bien : je pense qu'il aurait voulu écrire des alexandrins, mais un peu trop comme Valéry, son ami, qui est parti, lui, d'académie française... 
Apollinaire a pris de toi ce qu'il pouvait et puis réinventé le Verbe. Il nous a laissé Aragon qui a bien du talent. 
C'est tout. 
Quand tu me manques, je te mets en musique, humblement. 
C'est vraiment la seule rose que je puisse apporter sur ta tombe. 

À bientôt.


Votre rédacteur vous salue bien !

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