Georges Brassens est inhumé au cimetière "Le Py" de Sète, le cimetière des "pauvres" où, loin du "star system",  sa modeste tombe, dans le caveau familial, continue de recevoir chaque année des milliers de visiteurs, sans compter ceux qui le cherchent encore dans le "cimetière marin" de la ville où il n’a pourtant jamais reposé.

Derrière sa sépulture, entre deux cyprès, comme pour répondre à sa "Supplique pour être enterré sur la plage de Sète", on planta un pin parasol lors du 15ème anniversaire de sa mort :
[...]
Est-ce trop demander, sur mon petit lopin,
Planter, je vous en prie une espèce de pin,
Pin parasol de préférence.
Qui saura prémunir contre l´insolation,
Les bons amis venus faire sur ma concession,
D´affectueuses révérences.  

C’est dans cette même chanson qu’il fait un clin d’œil à Paul Valéry :
[...]
Déférence gardée envers Paul Valery,
Moi, l'humble troubadour, sur lui je renchéris,
Le bon maître me le pardonne,
Et qu'au moins, si ses vers valent mieux que les miens,
Mon cimetière soit plus marin que le sien,
Et n'en déplaise aux autochtones.  


Le cimetière marin de Paul Valéry  

Le "Cimetière marin" paraît en 1920. Ce poème est une méditation métaphysique, célèbre pour son hermétisme, et ayant fait l'objet de nombreuses analyses. C’est, selon Paul Valéry, le seul de ses poèmes où il mentionne des souvenirs de choses vues : le cimetière de Sète !

Ancien résistant, Paul Valéry meurt le 20 juillet 1945 quelques semaines après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après des funérailles nationales, il est inhumé à Sète, dans la partie haute du "Cimetière Saint-Charles". Ce cimetière avait été créé vers 1680. Il a d'abord porté le nom de "Cimetière Saint-Charles" et a reçu le nom de "Cimetière marin" le 7 août 1945 en l’honneur de Paul Valéry.


Celui de Georges Brassens  

Georges Brassens est né à Sète en 1921 et a gardé un fort attachement pour sa ville natale dans laquelle il souhaite être inhumé. Dans un style sobre, mélancolique et narquois, il expose dans sa chanson "Supplique pour être enterré sur la plage de Sète" ses dernières volontés en ce qui concerne son lieu de sépulture. Mais il n’est pas inhumé dans le "Cimetière marin" !


Et un peu partout  

Un cimetière marin est tout simplement un cimetière se trouvant face à la mer. A ne pas confondre avec un cimetière de bateaux, ou un cimetière de marins… Le plus célèbre étant celui de Sète, même s'il n’a pas le privilège d'être le seul. D’autres revendiquent leur appellation “marine”. Ainsi, trouve-t-on dans l’hexagone plusieurs "cimetières marins", comme par exemple à Colleville-sur-Mer, Douarnenez, Landevennec, Saint-Tropez, Toulon, Tréboul ou encore Saint-Michel-en-Grève.


Comme Brassens nous allons faire la "ballade des cimetières" : 

 - Votre rédacteur ne peut que vous conseiller de profiter d'une visite à Sète pour aller voir son célèbre "cimetière marin" et aussi d'aller un petit clin d'oeil à ce cher Georges.

 - De même, pour vous qui vous baladez en Corse, n'hésitez pas à aller voir celui de Bonifacio.

 - George Braque et Paul Nelson sont inhumés au cimetière marin de Varengeville-sur-Mer où ils avaient élu domicile.
Une exposition traite du sujet au Musée des Beaux-Arts de Rouen. 

 - et puis tous les autres...


Je ne peux que vous faire écouter le codicille au testament de Georges Brassens : "Supplique pour être enterré sur la plage de Sète"



Bons cimetières marins, iodés et venteux !