Je suis une robe
Credits image :
Je suis une robe.

Au fil des modes et des siècles, on m’a alourdie de beaucoup de tissu ou de tissus lourds. J’ai été couvrante et j’ai été décolletée. Heureusement pour moi que, dans les années 1920, Coco Chanel a lancé la mode du bronzage, ce qui m’a permis de dévoiler des dos superbes ! 


Esmeralda

Je me rappelle lorsqu'en 1956 je drapais les formes d’Esmeralda et la taille fine de Gina Lollobrigida, la plus belle femme du monde, dans le film "Notre-Dame de Paris". A l’époque, mon décolleté plongeant a choqué, je m’en souviens… mais la voix d’Esmeralda était si captivante.


Marilyn Monroe  

Oh ! quel jour funeste que le 18 Mai 1962 ! Je suis une robe mythique. Oui, j’ai été celle qu’on appelle "la robe JFK", portée pour le 45e anniversaire du président, et dans laquelle Marilyn a chanté "Happy Birthday, President". Dans le secret le plus complet, elle a engagé le couturier français, Jean-Louis Berthault, pour lui faire une robe moulante et dénudée. J’ai été faite d'une étoffe non doublée, avec 2500 cristaux cousus à la main, à même le corps de Marilyn. J’étais si ajustée qu’elle a eu de la difficulté à m'enfiler, étant alors obligée de ne rien porter dessous, mais dévoilant son dos sublime. Certaines mauvaises langues ont même prétendu que mes coutures ont craqué lors de la soirée.

Après la cérémonie, Marilyn m’a abandonnée tel un vulgaire chiffon… J’ai ensuite été vendue plusieurs fois, chaque fois plus cher que la précédente, jusqu’à 5 millions de dollars. Moins de 3 mois plus tard, on retrouvait Marilyn morte…


Astrid Heeren

J'ai aussi, en 1964, été une robe fabriquée par Bill Blass, créateur de mode américain, photographiée par le célèbre Jeanloup Sieff, dévoilant, en clair-obscur, le dos caressant de Astrid Heeren, actrice allemande.


Mireille Darc

Encore une robe mythique. J’ai laissé dévoilée la plus belle chute de rein du cinéma français. Qui a oublié la fameuse robe créée en 1972 pour Mireille Darc dans le film "Le Grand Blond avec une chaussure noire" ? Une arme de séduction massive : austère sur le devant, ultra érotique vue de dos. Je me souviens des premiers essayages, quand Mireille Darc disait à Guy Laroche : "Tu ne peux pas me faire un décolleté devant, je n'ai pas beaucoup de seins". Donc on a commencé me décolleter sur l'arrière, Mireille disant "encore plus décolletée", et puis la petite main qui mettait les aiguilles a dit : "Là, ça devient indécent". Moi, une robe indécente !


Et pour vous ? 

Je suis des robes, je suis toutes vos robes. Des légères pour aller à la plage, des habillées pour sortir le soir, des strictes et droites pour celles qui vont travailler. Ou alors, je suis l’éternelle et incontournable en noir pour toutes les occasions. Mais ce que je préfère être, c’est celle qui dévoile le plus grand des mystères, mystère qui se fait caressant, souple, et qui frémit quand on y passe la main… le dos.


Sur ce dos si mystérieux, n'hésitez pas à aller voir l'exposition "Le dos s'affiche"


Ne vous lassez pas d'écouter Esméralda dans "Notre-Dame de Paris". Quand on sait la suite, on ne peut que se sentir désolé en écoutant Marilyn Monroe dans "Happy Birthday President".


Jeanloup Sieff a été un photographe de mode laissant des modèles superbes, que vous pouvez retrouver dans Les indiscrètes.

N'hésitez à (re)voir le film Le grand blond avec une chaussure noire.



Votre rédacteur, comme souvent, vous laisse en chanson, Les Robes de Sylvie Vartan, chanson sur le temps qui passe, et  avec le début d'un poème :  

"À une robe rose" de Théophile Gautier (1811-1872), tiré du recueil "Émaux et Camées (1852)".

Que tu me plais dans cette robe
Qui te déshabille si bien,
Faisant jaillir ta gorge en globe,
Montrant tout nu ton bras païen !  

Frêle comme une aile d'abeille,
Frais comme un coeur de rose-thé,
Son tissu, caresse vermeille,
Voltige autour de ta beauté.


Bel été !

Vous aussi, publiez vos propres articles
sur TartinesDeCulture !
Je m'inscris