Credits image :
Voir dans l'article
Le
23 décembre 2025,
Je suis maintenant une vieille dame de plus de 150
ans, dans quelques jours ce sera mon anniversaire. Si mes statues et murs pouvaient parler...
Ça commence par une drôle de naissance... En 1858, Napoléon III et son épouse Eugénie se rendent à l'opéra, alors situé dans une rue étroite de Paris. Un patriote italien, Felice Orsini, lui reprochant de trahir la cause de l'unité italienne, lance trois bombes en direction du carrosse impérial. Les monarques s'en sortent indemnes et les coupables sont arrêtés. Napoléon III décide alors la construction, dans un lieu à l'accès sécurisé, d'un palais marquant son règne. Ce palais, c’est moi.
Inauguré le 5 janvier 1875, en présence du président Mac Mahon, parmi les dignitaires étrangers se trouvent le lord-maire de Londres, le bourgmestre d'Amsterdam, la reine Isabelle II d’Espagne et de près de deux mille invités venus de l'Europe entière et d'ailleurs. Il se raconte, qu'en me découvrant, l'impératrice Eugénie se serait exclamée : "Qu'est-ce que ce style-là ? Ce n'est pas un style ! Ce n'est ni du grec, ni du Louis XVI, pas même du Louis XV." Ce à quoi l'architecte, Charles Garnier, aurait répondu : "Non, ces styles-là ont fait leur temps. C'est du style Napoléon III et vous vous en plaignez !".
J’ai eu droit à des visiteurs du monde entier.
Depuis la lointaine et froide Russie, en 1896, le tsar russe Nicolas II et son épouse Alexandra assistent à une représentation en compagnie du président Félix Faure.
Puis c’est la flotte ! Dès le 28 janvier 1910, mes gigantesques caves sont inondées, noyant les nombreux calorifères, réseaux électriques et machineries.
Années sombres, le 23 juin 1940 au petit matin, lorsque Hitler débarque à Paris, c’est moi qu’il visite en premier. Dans Paris occupé, je ne ferme pas mes portes, obligée d’afficher une programmation de qualité.
Un peu plus tard, un soir d’avril 1957, Élisabeth II, invitée par le président Coty, est venue assister au ballet "Le Chevalier et la Damoiselle".
Un autre soir de 19 décembre 1958, Le Tout-Paris se presse devant mes portes pour assister au récital de Maria Callas. Gravissant mon grand escalier, les grandes stars de l'époque, dans leurs plus beaux atours, sont présents : Brigitte Bardot au bras de Sacha Distel, Jean Cocteau, Yves Montand, Charlie Chaplin... Se souviennent-ils de mon fantôme ?
Publié en 1910, le "Fantôme de l’Opéra", mon préféré, bien sûr, est un roman écrit par Gaston Leroux continuant de captiver les lecteurs du monde entier. Il mêle habilement les genres policier et fantastique,
Un Fantôme hante mes sombres couloirs, effrayant ses occupants. Christine, jeune chanteuse talentueuse, est sa muse. Raoul, son amour d'enfance, tente de la sauver des griffes du Fantôme. Enfin, le Fantôme lui-même, Erik, est un personnage énigmatique et tourmenté cachant de sombres secrets. L'histoire commence lorsque Christine devient soudainement la star du spectacle après avoir reçu des leçons de chant prodigieuses. En réalité, ces leçons sont dispensées par le Fantôme...
Ce roman explore des thèmes universels. Erik, le Fantôme, incarne la laideur intérieure pouvant se cacher en chaque être humain. Christine incarne la beauté pure et innocente pouvant être corrompue par les mauvaises rencontres de la vie. Son dilemme entre Raoul, l'amour terrestre, et Erik, l'amour céleste, met en lumière les choix cornéliens que nous affrontons couramment. Enfin, l'Opéra Garnier, c’est-à-dire moi-même, avec mes couloirs sombres, mes loges cachées et mes pièces secrètes, y devient un personnage à part entière, empli de mystères et d’intrigues.
Pour visiter :
L’Opéra de Paris est constitué du Palais Garnier et de l’Opéra Bastille. Les deux monuments proposent, toute l’année, des visites guidées. De plus, dans le cadre des 150 ans du Palais Garnier, sont organisés plusieurs événements dont :
- Jusqu’au 15 février 2026, une exposition permet de comprendre comment ce théâtre est devenu un bâtiment mythique et, au-delà des frontières, un emblème national, un monument iconique et un théâtre à la programmation unique de ballets, opéras et concerts.
- Jusqu’au fin janvier 2026, l'Opéra Garnier présente dans ses vitrines une sélection de costumes issus de ballets et d’opéras de son répertoire des années 1950 à nos jours. C'est aussi l’occasion de célébrer les 60 ans du plafond peint par Marc Chagall.
Le Musée d’Orsay, jusqu'au 18 janvier 2026, accroche des séries de prises de vues demandées par Charles Garnier, illustrant aussi bien l’avancée du gros œuvre que l’exécution des nombreux éléments sculptés composant le très riche décor.
Pour aller plus loin :
Dans L'Opéra de Paris - Coulisses et secrets du palais Garnier les auteurs invitent à un voyage dans la grande et petite histoire de l'Opéra de Paris.De A comme Abonnés à Z comme Zauberflöte, en passant par F comme Fantôme de l'Opéra ou Franc-maçonnerie, N comme Noureev ou P comme Pavarotti, vous saurez tout sur ce temple de l'opéra et du ballet.
Un beau livre, Le Fantôme de l'Opéra - Légendes et mystères au Palais Garnier sur les mystères et légendes du Palais Garnier et son célèbre fantôme. Le fantôme de l'Opéra est une légende qui hante l'imaginaire collectif. Mais sait-on qui se cache derrière cette histoire ?
Et bien sûr, Le Fantôme de l'Opéra, le roman de Gaston Leroux !
Images et tableaux par ordre d’apparition :
1 – Inauguration de l'Opéra de Paris, 1878, par Édouard Detaille (1848–1912), Château de Versailles
2 – Photographie de Charles Garnier, vers 1880, par Nadar
3 – Les pompiers épuisent l'eau dans le sous-sol de l'Opéra de Paris lors de la crue de la Seine en 1910, photo de février 1910
4 – 8 avril 1957, la reine Elizabeth II et le Prince d’Edimbourg, debout dans la loge présidentielle, face aux spectateurs tournés vers eux
5 – L'escalier de l'opéra Garnier, 1877, par Louis Béroud (1852–1930), Musée Carnavalet, Paris
6 – Couverture illustrée par Adolphe Cossard pour l'édition originale de "Le Fantôme de l'Opéra", Paris, Pierre Lafitte & Cie, 1910
Tableaux ci-dessus :
1 – L'escalier de l'opéra Garnier, 1877, par Louis Béroud (1852–1930), Musée Carnavalet, Paris
2 – Les coulisses de l'Opéra de Paris, 1889, par Jean Béraud (1849–1935), Musée Carnavalet, Paris
N’hésitez pas à aller à l'Opéra !
Ça commence par une drôle de naissance... En 1858, Napoléon III et son épouse Eugénie se rendent à l'opéra, alors situé dans une rue étroite de Paris. Un patriote italien, Felice Orsini, lui reprochant de trahir la cause de l'unité italienne, lance trois bombes en direction du carrosse impérial. Les monarques s'en sortent indemnes et les coupables sont arrêtés. Napoléon III décide alors la construction, dans un lieu à l'accès sécurisé, d'un palais marquant son règne. Ce palais, c’est moi.
Inauguré le 5 janvier 1875, en présence du président Mac Mahon, parmi les dignitaires étrangers se trouvent le lord-maire de Londres, le bourgmestre d'Amsterdam, la reine Isabelle II d’Espagne et de près de deux mille invités venus de l'Europe entière et d'ailleurs. Il se raconte, qu'en me découvrant, l'impératrice Eugénie se serait exclamée : "Qu'est-ce que ce style-là ? Ce n'est pas un style ! Ce n'est ni du grec, ni du Louis XVI, pas même du Louis XV." Ce à quoi l'architecte, Charles Garnier, aurait répondu : "Non, ces styles-là ont fait leur temps. C'est du style Napoléon III et vous vous en plaignez !".
J’ai eu droit à des visiteurs du monde entier.
Depuis la lointaine et froide Russie, en 1896, le tsar russe Nicolas II et son épouse Alexandra assistent à une représentation en compagnie du président Félix Faure.
Puis c’est la flotte ! Dès le 28 janvier 1910, mes gigantesques caves sont inondées, noyant les nombreux calorifères, réseaux électriques et machineries.
Années sombres, le 23 juin 1940 au petit matin, lorsque Hitler débarque à Paris, c’est moi qu’il visite en premier. Dans Paris occupé, je ne ferme pas mes portes, obligée d’afficher une programmation de qualité.
Un peu plus tard, un soir d’avril 1957, Élisabeth II, invitée par le président Coty, est venue assister au ballet "Le Chevalier et la Damoiselle".
Un autre soir de 19 décembre 1958, Le Tout-Paris se presse devant mes portes pour assister au récital de Maria Callas. Gravissant mon grand escalier, les grandes stars de l'époque, dans leurs plus beaux atours, sont présents : Brigitte Bardot au bras de Sacha Distel, Jean Cocteau, Yves Montand, Charlie Chaplin... Se souviennent-ils de mon fantôme ?
Publié en 1910, le "Fantôme de l’Opéra", mon préféré, bien sûr, est un roman écrit par Gaston Leroux continuant de captiver les lecteurs du monde entier. Il mêle habilement les genres policier et fantastique,
Un Fantôme hante mes sombres couloirs, effrayant ses occupants. Christine, jeune chanteuse talentueuse, est sa muse. Raoul, son amour d'enfance, tente de la sauver des griffes du Fantôme. Enfin, le Fantôme lui-même, Erik, est un personnage énigmatique et tourmenté cachant de sombres secrets. L'histoire commence lorsque Christine devient soudainement la star du spectacle après avoir reçu des leçons de chant prodigieuses. En réalité, ces leçons sont dispensées par le Fantôme...
Ce roman explore des thèmes universels. Erik, le Fantôme, incarne la laideur intérieure pouvant se cacher en chaque être humain. Christine incarne la beauté pure et innocente pouvant être corrompue par les mauvaises rencontres de la vie. Son dilemme entre Raoul, l'amour terrestre, et Erik, l'amour céleste, met en lumière les choix cornéliens que nous affrontons couramment. Enfin, l'Opéra Garnier, c’est-à-dire moi-même, avec mes couloirs sombres, mes loges cachées et mes pièces secrètes, y devient un personnage à part entière, empli de mystères et d’intrigues.
Pour visiter :
L’Opéra de Paris est constitué du Palais Garnier et de l’Opéra Bastille. Les deux monuments proposent, toute l’année, des visites guidées. De plus, dans le cadre des 150 ans du Palais Garnier, sont organisés plusieurs événements dont :
- Jusqu’au 15 février 2026, une exposition permet de comprendre comment ce théâtre est devenu un bâtiment mythique et, au-delà des frontières, un emblème national, un monument iconique et un théâtre à la programmation unique de ballets, opéras et concerts.
- Jusqu’au fin janvier 2026, l'Opéra Garnier présente dans ses vitrines une sélection de costumes issus de ballets et d’opéras de son répertoire des années 1950 à nos jours. C'est aussi l’occasion de célébrer les 60 ans du plafond peint par Marc Chagall.
Le Musée d’Orsay, jusqu'au 18 janvier 2026, accroche des séries de prises de vues demandées par Charles Garnier, illustrant aussi bien l’avancée du gros œuvre que l’exécution des nombreux éléments sculptés composant le très riche décor.
Pour aller plus loin :
Dans L'Opéra de Paris - Coulisses et secrets du palais Garnier les auteurs invitent à un voyage dans la grande et petite histoire de l'Opéra de Paris.De A comme Abonnés à Z comme Zauberflöte, en passant par F comme Fantôme de l'Opéra ou Franc-maçonnerie, N comme Noureev ou P comme Pavarotti, vous saurez tout sur ce temple de l'opéra et du ballet.
Un beau livre, Le Fantôme de l'Opéra - Légendes et mystères au Palais Garnier sur les mystères et légendes du Palais Garnier et son célèbre fantôme. Le fantôme de l'Opéra est une légende qui hante l'imaginaire collectif. Mais sait-on qui se cache derrière cette histoire ?
Et bien sûr, Le Fantôme de l'Opéra, le roman de Gaston Leroux !
Images et tableaux par ordre d’apparition :
1 – Inauguration de l'Opéra de Paris, 1878, par Édouard Detaille (1848–1912), Château de Versailles
2 – Photographie de Charles Garnier, vers 1880, par Nadar
3 – Les pompiers épuisent l'eau dans le sous-sol de l'Opéra de Paris lors de la crue de la Seine en 1910, photo de février 1910
4 – 8 avril 1957, la reine Elizabeth II et le Prince d’Edimbourg, debout dans la loge présidentielle, face aux spectateurs tournés vers eux
5 – L'escalier de l'opéra Garnier, 1877, par Louis Béroud (1852–1930), Musée Carnavalet, Paris
6 – Couverture illustrée par Adolphe Cossard pour l'édition originale de "Le Fantôme de l'Opéra", Paris, Pierre Lafitte & Cie, 1910
Tableaux ci-dessus :
1 – L'escalier de l'opéra Garnier, 1877, par Louis Béroud (1852–1930), Musée Carnavalet, Paris
2 – Les coulisses de l'Opéra de Paris, 1889, par Jean Béraud (1849–1935), Musée Carnavalet, Paris
N’hésitez pas à aller à l'Opéra !