Le
2 November 2024,
"Renverser ses yeux" (en VO "Rovesciare i propri occhi"), tel est le titre très poétique d'une œuvre emblématique des débuts de l'Arte povera, mouvement caractérisé par un certain minimalisme né dans les années 1960, signée par l'un de ses plus célèbres représentants en 1970 : Giuseppe Penone. Il s'agit d'une performance immortalisée par des photos, dont il existe plusieurs versions. On pourrait croir qu'il s'agit d'un collage ou d'un montage en découvrant ce regard étrange, mais il n'en est rien.
Pour cet autoportrait un peu particulier et qui a quelque chose d'hypnotique, l'artiste italien a eu l'idée de faire fabriquer et de porter des lentilles de contact très spéciales : des lentilles- miroirs qui au lieu de l'aider à voir, occultent complètement son iris et sa pupille. Voici comment il décrit le processus : "Lorsque les yeux, recouverts de lentilles de contact miroirs, reflètent dans l'espace les images qu'ils recueillent par les mouvements habituels d'observation, la capacité de voir se prolonge dans le temps, la capacité de voir est étendue dans le temps et la possibilité de voir dans le futur les images collectées par les yeux dans le passé est confiée au résultat incertain de l'enregistrement photographique."
La démarche de l'artiste est une façon de distinguer notre capacité de voir, d'absorber directement de la lumière, de notre capacité à regarder un reflet, qui n'est déjà plus vraiment la réalité.
Il symbolise à la fois la capacité de l'artiste à se tourner vers l'intérieur - en gardant paradoxalement les yeux grand ouverts - et pour nous qui le regardons, de voir le monde se refléter dans son regard. Penone semble nous dire que l'artiste, par sa position particulière dans la société, est là pour nous aider à regarder. Il est un super voyant capable de nous montrer ce que nous ne savons pas voir ; il indique aussi la nécessité d'une forme de retrait dans un monde qui déjà, sursollicite la vision et ne jure que par les apparences.
A l'heure des réseaux sociaux, cette vision semble particulièrement inspirée et en avance sur son temps. En nous rendant le pouvoir de la vue et en prônant la sélectivité du regard, Penone ne fait pas que renverser son regard, il renverse aussi les évidences.
Pour cet autoportrait un peu particulier et qui a quelque chose d'hypnotique, l'artiste italien a eu l'idée de faire fabriquer et de porter des lentilles de contact très spéciales : des lentilles- miroirs qui au lieu de l'aider à voir, occultent complètement son iris et sa pupille. Voici comment il décrit le processus : "Lorsque les yeux, recouverts de lentilles de contact miroirs, reflètent dans l'espace les images qu'ils recueillent par les mouvements habituels d'observation, la capacité de voir se prolonge dans le temps, la capacité de voir est étendue dans le temps et la possibilité de voir dans le futur les images collectées par les yeux dans le passé est confiée au résultat incertain de l'enregistrement photographique."
La démarche de l'artiste est une façon de distinguer notre capacité de voir, d'absorber directement de la lumière, de notre capacité à regarder un reflet, qui n'est déjà plus vraiment la réalité.
Il symbolise à la fois la capacité de l'artiste à se tourner vers l'intérieur - en gardant paradoxalement les yeux grand ouverts - et pour nous qui le regardons, de voir le monde se refléter dans son regard. Penone semble nous dire que l'artiste, par sa position particulière dans la société, est là pour nous aider à regarder. Il est un super voyant capable de nous montrer ce que nous ne savons pas voir ; il indique aussi la nécessité d'une forme de retrait dans un monde qui déjà, sursollicite la vision et ne jure que par les apparences.
A l'heure des réseaux sociaux, cette vision semble particulièrement inspirée et en avance sur son temps. En nous rendant le pouvoir de la vue et en prônant la sélectivité du regard, Penone ne fait pas que renverser son regard, il renverse aussi les évidences.