L'étrange Monsieur Ensor
C’est souvent des contrastes que naît la beauté, de l’étonnement que naît l’intérêt pour une œuvre d’art. Et c’est assurément le cas avec cet « Autoportrait au chapeau fleuri » de James Ensor, peint en 1883. Natif d’Ostende, ce peintre fantasque et plein d’autodérision fait ici référence aux maîtres anciens, en particulier à Rembrandt, son modèle, avec des tons sombres et le choix de l’autoportrait.

Mais ce qui accroche le regard, c’est le contraste entre l’expression grave de l’artiste et ce chapeau carnavalesque, entre les couleurs éteintes du fond et de la veste et le traitement impressionniste, en touches lumineuses du visage et surtout du chapeau. Il faut y voir en réalité une sorte de memento mori, car Ensor a déjà affublé un crâne de ce chapeau dans son atelier…

Obsédé par la mort - il perdit des proches assez jeune - et plein d’autodérision, il multipliera les représentations de squelettes dans ses oeuvres postérieures, qui prendront un tour de plus en plus étrange. Cet autoportrait réalisé alors qu’il n’était âgé que d’une vingtaine d’années préfigurait déjà la fantaisie, l’humour et la bizarrerie qui allaient caractériser toute son œuvre !
Vous aussi, publiez vos propres articles
sur TartinesDeCulture !
Je m'inscris