Credits image :
BBC
Le
4 August 2017,
La Française Françoise Henry, grande historienne de l’art, écrit en 1974 à
propos de ce livre : « Le Livre de Kells est le manuscrit occidental
datant du début du Moyen Âge le plus splendide. Le texte de l’Évangile est
entrecoupé de grandes pages d’enluminures recouvertes d’un entrelacs de motifs
ornementaux de couleurs vives et d’étranges créatures hiératiques enveloppées
dans les plis quasi géométriques de leurs draperies. Sur les pages de texte
courent les arabesques colorées des initiales enluminées inspirées des corps
étirés et courbés de créatures fantastiques. L’étudiant absorbé dans l’exploration
de ces motifs étonnants est vite submergé par un sentiment fait à la fois de
puissance et de mystère ».
Ce joyau du christianisme irlandais est un évangéliaire entièrement enluminé, qui date du 9è siècle et qui nous est parvenu dans un état de conservation remarquable. Depuis la deuxième moitié du 19è siècle, on peut en admirer quelques pages (sur les 340 folios qu’il contient) au Trinity College de Dublin, qui lui consacre aussi une exposition permanente, avec de nombreuses reproductions et agrandissements d’enluminures. Sa présence attire la bagatelle de 500 000 visiteurs chaque année.
Si le livre est exceptionnel, c’est autant pour son aspect mystique – il a en effet été écrit et enluminé par des moines écossais de Kells, dans le comté de Meath – que pour sa valeur artistique. Les historiens de l’art pensent que 3 moines-artistes ont contribué à produire les extraordinaires enluminures qui ponctuent chaque page.
Le Livre de Kells, à l’origine, avait une vocation sacramentelle : un évangéliaire aussi grand et somptueux devait être laissé sur le grand autel de l’église. Sa beauté «était d’ailleurs convoitée puisqu’il fut volé au 11è siècle, selon les Annales d’Ulster, avant d’être retrouvé quelques mois plus tard « sous un amas de terre » et ramené à Kells, où il restera jusqu’en 1656. A cette, date il fut envoyé à Dublin pour plus de sûreté, car la cavalerie de Cromwell établit une garnison dans l’église de Kells.
La confection du livre semble d'ailleurs avoir intégré sa dimension esthétique, en faisant du manuscrit un objet très beau mais assez peu pratique, et qui contient de nombreuses approximations formelles. L’esthétique du livre a été clairement prioritaire par rapport à son utilité !
Des personnages humains ou zoomorphes, souvent entortillés dans des nœuds compliqués sont éparpillés tout au long du manuscrit. Cet art des entrelacs, des figures animales et des labyrinthes microscopiques s'inspire entre autres de la tradition celtique. Parfois, les textes sont tellement ornementés qu’ils en deviennent illisibles : ce qui compte ici, c’est avant tout la beauté et la puissance de l’image, la magnificience des couleurs, la finesse des traits, la complexité des motifs. La beauté fait alors office de marchepied vers la spiritualité, par-delà les âges, les croyances et les cultures.
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Vous pouvez écouter le podcast de l'article, en cliquant ici
Ce joyau du christianisme irlandais est un évangéliaire entièrement enluminé, qui date du 9è siècle et qui nous est parvenu dans un état de conservation remarquable. Depuis la deuxième moitié du 19è siècle, on peut en admirer quelques pages (sur les 340 folios qu’il contient) au Trinity College de Dublin, qui lui consacre aussi une exposition permanente, avec de nombreuses reproductions et agrandissements d’enluminures. Sa présence attire la bagatelle de 500 000 visiteurs chaque année.
Si le livre est exceptionnel, c’est autant pour son aspect mystique – il a en effet été écrit et enluminé par des moines écossais de Kells, dans le comté de Meath – que pour sa valeur artistique. Les historiens de l’art pensent que 3 moines-artistes ont contribué à produire les extraordinaires enluminures qui ponctuent chaque page.
Le Livre de Kells, à l’origine, avait une vocation sacramentelle : un évangéliaire aussi grand et somptueux devait être laissé sur le grand autel de l’église. Sa beauté «était d’ailleurs convoitée puisqu’il fut volé au 11è siècle, selon les Annales d’Ulster, avant d’être retrouvé quelques mois plus tard « sous un amas de terre » et ramené à Kells, où il restera jusqu’en 1656. A cette, date il fut envoyé à Dublin pour plus de sûreté, car la cavalerie de Cromwell établit une garnison dans l’église de Kells.
La confection du livre semble d'ailleurs avoir intégré sa dimension esthétique, en faisant du manuscrit un objet très beau mais assez peu pratique, et qui contient de nombreuses approximations formelles. L’esthétique du livre a été clairement prioritaire par rapport à son utilité !
Des personnages humains ou zoomorphes, souvent entortillés dans des nœuds compliqués sont éparpillés tout au long du manuscrit. Cet art des entrelacs, des figures animales et des labyrinthes microscopiques s'inspire entre autres de la tradition celtique. Parfois, les textes sont tellement ornementés qu’ils en deviennent illisibles : ce qui compte ici, c’est avant tout la beauté et la puissance de l’image, la magnificience des couleurs, la finesse des traits, la complexité des motifs. La beauté fait alors office de marchepied vers la spiritualité, par-delà les âges, les croyances et les cultures.
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Vous pouvez écouter le podcast de l'article, en cliquant ici