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Réception des ambassadeurs siamois par l'empereur Napoléon III au palais de Fontainebleau, Jean-Léon GEROME (1824 - 1904) © Photo RMN-Grand Palais
Le
23 September 2016,
Il est des objets à la croisée de l’histoire et de l’art, des
objets uniques qui visent à sublimer leur fonction terre-à-terre, et dont la
fabrication marque une volonté de traverser le temps. Tel est le cas de la
lettre d’or du roi de Siam qui sera exposée au petit Palais à partir du 17
octobre, dans le cadre de « L’Art de la paix ». L’art comme véhicule
de ce qui soude positivement les êtres humains entre eux, l’art comme antidote
à la guerre, c’est une idée qui ne pouvait que nous plaire…Voici l’histoire des
archives diplomatiques et de la lettre d’or du roi de Siam.
Les archives diplomatiques, qu’est-ce que c’est ?
C’est en 1680 que Charles Colbert de Croissy, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, fait relier ses correspondances avec les pays étrangers ainsi que celles de ses prédécesseurs. Cette initiative est à l’origine du fonds des archives diplomatiques.
Les archives diplomatiques se sont donné pour mission de collecter, classer, conserver et communiquer au public les archives produites et reçues par le ministère des Affaires étrangères et du développement international et par les établissements publics qui en dépendent. Cela inclut les archives produites dans tous les postes français à l'étranger : ambassades, consulats, représentations auprès des organisations internationales, services de coopération et d'action culturelle. Elle conserve également des archives privées de diplomates, à l’image des correspondances de Charles Colbert de Croissy.
L’art de la Paix au petit Palais
En cette fin d’année, le ministère des Affaires étrangères et du Développement international et le Petit Palais consacrent une exposition à l’Art de la Paix. Quarante traités et une soixantaine de documents issus des archives diplomatiques choisis parmi les plus emblématiques de l’histoire des relations internationales de la France seront présentés au public pour la première fois. Ces pièces seront accompagnées par des peintures, des sculptures, du mobilier, des objets d’arts précieux et des archives filmées de façon à les replacer dans leur contexte historique et à mieux les comprendre en dévoilant le processus de leur négociation.
Dans la chambre des trésors
Autre temps fort de l’exposition, la « chambre des trésors » qui dévoilera un florilège de documents diplomatiques choisis pour leur exemplarité ou pour leur somptuosité. Reliures de velours ornées avec des broderies de fils d’or et d’argent, décors d’enluminures, boîtes à sceau ouvragé, certains traités sont de véritables objets d’art telle la lettre du roi de Siam à Napoléon III, gravée sur une feuille d’or. Les Archives diplomatiques françaises conservent bien des trésors. Parmi eux, une pièce insolite : la lettre d’or adressée en 1861 par le roi du Siam (l’actuelle Thaïlande) Rama IV à Napoléon III.
Ce ruban d’or de 40 cm de long sur lequel court un texte gravé en langue thaïe, a été apporté au cours de la visite de 3 ambassadeurs siamois en France. Après 5 années d’échanges et de négociations diplomatiques entre les deux pays, les envoyés du bout du monde sont reçus à Fontainebleau le 27 juin 1861 par Napoléon III et l’impératrice Eugénie au cours d’une fastueuse cérémonie, immortalisée par le peintre Gérôme et commentée par de nombreuses personnalités de l’époque, dont Prosper Mérimée, qui raconte :
« L'étrangeté de leurs habitudes a provoqué un étonnement qui touchait presqu'à l'hilarité, lorsqu'introduits auprès de Leurs Majestés, on vit les graves diplomates traverser à genoux et sur les coudes tout le parcours de la longue salle Henri II. Monter les marches du trône dans cette posture était un véritable tour de force, ils s'en acquittèrent avec dextérité. Le premier des ambassadeurs portait à la hauteur du front un plateau d'or sur lequel étaient deux coffrets renfermant les lettres royales. Son chef était surmonté d'un chapeau conique qui avait toutes les peines du monde à se maintenir en équilibre pendant cette ascension vraiment insolite. »
Des lettres similaires à cette lettre d'or avaient déjà été adressées à Louis XIV en 1680, 1685, 1687 et 1699. Elles ont aujourd’hui toutes disparu à l’exception d’une seule : la lettre offerte à Napoléon III.
Les Archives diplomatiques ont organisé en avril 2016 une opération de financement participatif pour inciter le grand public à restaurer cette une pièce unique.
Cette campagne a permis de recueillir les fonds nécessaires au nettoyage de la lettre d’or, à son analyse pour vérifier sa composition, à sa numérisation 3D afin de lui donner une 2nde vie, et enfin à la transcription et la traduction du texte gravé, avant l’exposition.
Un trésor à découvrir à partir du 17 octobre au Petit Palais !
Retrouvez les visites guidées de l’exposition L’art de la Paix - Secrets et trésors de la diplomatie par ici
Retrouvez toutes les visites guidées du Petit Palais par ici
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Vous pouvez écouter le podcast de l'article, en cliquant ici
Les archives diplomatiques, qu’est-ce que c’est ?
C’est en 1680 que Charles Colbert de Croissy, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, fait relier ses correspondances avec les pays étrangers ainsi que celles de ses prédécesseurs. Cette initiative est à l’origine du fonds des archives diplomatiques.
Les archives diplomatiques se sont donné pour mission de collecter, classer, conserver et communiquer au public les archives produites et reçues par le ministère des Affaires étrangères et du développement international et par les établissements publics qui en dépendent. Cela inclut les archives produites dans tous les postes français à l'étranger : ambassades, consulats, représentations auprès des organisations internationales, services de coopération et d'action culturelle. Elle conserve également des archives privées de diplomates, à l’image des correspondances de Charles Colbert de Croissy.
L’art de la Paix au petit Palais
En cette fin d’année, le ministère des Affaires étrangères et du Développement international et le Petit Palais consacrent une exposition à l’Art de la Paix. Quarante traités et une soixantaine de documents issus des archives diplomatiques choisis parmi les plus emblématiques de l’histoire des relations internationales de la France seront présentés au public pour la première fois. Ces pièces seront accompagnées par des peintures, des sculptures, du mobilier, des objets d’arts précieux et des archives filmées de façon à les replacer dans leur contexte historique et à mieux les comprendre en dévoilant le processus de leur négociation.
Dans la chambre des trésors
Autre temps fort de l’exposition, la « chambre des trésors » qui dévoilera un florilège de documents diplomatiques choisis pour leur exemplarité ou pour leur somptuosité. Reliures de velours ornées avec des broderies de fils d’or et d’argent, décors d’enluminures, boîtes à sceau ouvragé, certains traités sont de véritables objets d’art telle la lettre du roi de Siam à Napoléon III, gravée sur une feuille d’or. Les Archives diplomatiques françaises conservent bien des trésors. Parmi eux, une pièce insolite : la lettre d’or adressée en 1861 par le roi du Siam (l’actuelle Thaïlande) Rama IV à Napoléon III.
Ce ruban d’or de 40 cm de long sur lequel court un texte gravé en langue thaïe, a été apporté au cours de la visite de 3 ambassadeurs siamois en France. Après 5 années d’échanges et de négociations diplomatiques entre les deux pays, les envoyés du bout du monde sont reçus à Fontainebleau le 27 juin 1861 par Napoléon III et l’impératrice Eugénie au cours d’une fastueuse cérémonie, immortalisée par le peintre Gérôme et commentée par de nombreuses personnalités de l’époque, dont Prosper Mérimée, qui raconte :
« L'étrangeté de leurs habitudes a provoqué un étonnement qui touchait presqu'à l'hilarité, lorsqu'introduits auprès de Leurs Majestés, on vit les graves diplomates traverser à genoux et sur les coudes tout le parcours de la longue salle Henri II. Monter les marches du trône dans cette posture était un véritable tour de force, ils s'en acquittèrent avec dextérité. Le premier des ambassadeurs portait à la hauteur du front un plateau d'or sur lequel étaient deux coffrets renfermant les lettres royales. Son chef était surmonté d'un chapeau conique qui avait toutes les peines du monde à se maintenir en équilibre pendant cette ascension vraiment insolite. »
Des lettres similaires à cette lettre d'or avaient déjà été adressées à Louis XIV en 1680, 1685, 1687 et 1699. Elles ont aujourd’hui toutes disparu à l’exception d’une seule : la lettre offerte à Napoléon III.
Les Archives diplomatiques ont organisé en avril 2016 une opération de financement participatif pour inciter le grand public à restaurer cette une pièce unique.
Cette campagne a permis de recueillir les fonds nécessaires au nettoyage de la lettre d’or, à son analyse pour vérifier sa composition, à sa numérisation 3D afin de lui donner une 2nde vie, et enfin à la transcription et la traduction du texte gravé, avant l’exposition.
Un trésor à découvrir à partir du 17 octobre au Petit Palais !
Retrouvez les visites guidées de l’exposition L’art de la Paix - Secrets et trésors de la diplomatie par ici
Retrouvez toutes les visites guidées du Petit Palais par ici
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Vous pouvez écouter le podcast de l'article, en cliquant ici