La guerre, leur plus beau rôle !
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Un monologue parlé plus que chanté, et un homme qui, à l'automne de sa vie, fait le bilan de ce qu'il a pu apprendre au fil du temps… 

"Maintenant je sais" est interprétée en 1974 par Jean Gabin, né Jean Moncorgé. C’est son retour à la chanson, 38 ans après "Quand on se promène au bord de l'eau", enregistrée en 1936 pour le film "La Belle Équipe" de Julien Duvivier.  


Evidemment, personne, sauf les plus jeunes peut-être, n’a oublié Jean Gabin acteur et chanteur, mais qui se souvient de l’homme de guerre, au sein de la 2ème DB de Leclerc ?


Dès l’occupation, Gabin s’oppose aux Allemands. Il n'accepte pas, malgré la promesse de libération de son neveu prisonnier en Allemagne, de tourner pour l’occupant. Il s’expatrie aux Etats-Unis en Février 1941, où il rencontre Marlène Dietrich. Une passion naît entre ces deux monstres sacrés. Gabin retrouve aussi les plateaux de cinéma, mais la France lui manque…

Ainsi, en 1943, il s’engage auprès des Forces françaises combattantes et y renoue avec… Jean Moncorgé, qui sera son nom de combat. Il se retrouve à Alger où il est affecté comme instructeur au sein de l’école des fusiliers-marins.  

Gabin retrouve Alger bien différente de lors du tournage de "Pépé le Moko", en 1936. En effet, la ville blanche grouille de politiciens de tous bords et de partisans gaullistes. Les Américains sont omniprésents et préparent le débarquement en Italie.  

Simple second-maître, le premier grade d’officier marinier, la star des grands écrans ne cherche pas les honneurs. Un an plus tard, il demande sa mutation au sein de la 2ème DB de Leclerc, où il devient chef de char du Souffleur II.  


Une exposition, jusqu'au 18 février 2018, au Musée du Général Leclerc et de la Libération de Paris, retrace son engagement et lève le voile sur cette période méconnue de la vie de Jean Gabin.  


Mais Jean Gabin n’a pas été le seul acteur de cinéma français à s’engager auprès de la France Libre.  

Membre des FFI, Gérard Philippe participe à la Libération de Paris. Il contribue notamment à la libération de l'Hôtel de Ville de Paris, en août 1944, en compagnie de trente personnes sous les ordres de Roger Stéphane, journaliste, co-fondateur du journal L’Observateur.  

Le FFI Jean Marais s’empare, en 1944, à Paris, d’un camion allemand rempli d’armes, dans la cour de l’Ecole de police, rue du Faubourg Saint-Honoré. Il avoue dans ses Mémoires n’avoir aucun mérite. Puis il s’engage dans les rangs de la 2ème DB comme chauffeur-ravitailleur.  

En août 1944, le brancardier volontaire Jean-Marc Thibaut fête ses 21 ans en transportant des blessés place de la Nation, pendant que, de son côté, Claude Piéplu s’affaire au poste de secours de la rue Saint-Dominique.  

La comédienne Sylvia Montfort, participe à la libération de Nogent-le-Rotrou et de Chartres, au côté de son futur époux, l’écrivain Maurice Clavel. Elle rejoint Paris le 24 août et se bat aux côtés de la 2ème DB.  

Résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, Claude Dauphin, en 1942, embarque à Nice, à l'aube, à bord d'un sous-marin britannique à destination de l'Angleterre.  

Enfin, le garçon de 14 ans qui assiste le 25 août 1944 aux combats du Sénat en badaud ne le sait pas encore, mais la Libération de Paris est l’un de ses grands rôles ! En 1966, quand René Clément engage Claude Rich pour le tournage de "Paris brûle-t-il ?" il ne sait pas que l’acteur y a brancardé des blessés.    


Ne vous privez surtout pas de regarder (encore une fois) "Le clan des siciliens", film superbe de Henri Verneuil, avec Gabin, Ventura et Delon ni "Pépé le Moko" et Alger la blanche.      


Pour écouter la voix bourrue de Jean Gabin, disant "maintenant je sais", chanson que vous pouvez trouver sur CD.      


On ne peut pas se quitter sans quelques mots de la chanson "Maintenant je sais", dont je ne vous mets que la fin, très émouvante :  

Et heureusement, comme les copains, j'avais pas mangé tout mon pain :
Au milieu de ma vie, j'ai encore appris.
C'que j'ai appris, ça tient en trois, quatre mots :
"Le jour où quelqu'un vous aime, il fait très beau,
j'peux pas mieux dire, il fait très beau !"  

C'est encore ce qui m'étonne dans la vie,
Moi qui suis à l'automne de ma vie
On oublie tant de soirs de tristesse
Mais jamais un matin de tendresse !  

Toute ma jeunesse, j'ai voulu dire JE SAIS
Seulement, plus je cherchais, et puis moins j'savais  
Il y a 75 coups qui ont sonné à l'horloge,
Je suis encore à ma fenêtre, je regarde, et j'm'interroge ?  

Maintenant JE SAIS, JE SAIS QU'ON NE SAIT JAMAIS !  

La vie, l'amour, l'argent, les amis et les roses
On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses
C'est tout c'que j'sais !
Mais ça, j'le SAIS... !    


Bon cinéma !  

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