
Le
24 January 2025,
Paula Rego, peintre portugaise née en 1935, était une adepte du "réalisme magique", avec ses images à la fois classiques et étranges, parfois malaisantes. Elle n'a cessé de revisiter les contes de fées, les comptines, les représentations qui peuplent notre imaginaire occidental, en y ajoutant une dimension fantastique et subversive, faisant la part belle aux femmes et sans éluder les thématiques difficiles : violence, sexualité et douleur sont bien présentes dans ses images.
Rebelle, elle a lutté pour imposer ses visions figuratives à l'expression tourmentée à une époque où l'abstraction triomphait dans le monde de l'art. C'est le cas avec cette œuvre majeure intitulée "La danse" : cette fête au bord de la mer a quelque chose de familier, de joyeux, et en même temps de profondément mélancolique et dérangeant, en raison du clair de lune, mais aussi de quelques "anomalies" ou bizarreries liées aux personnages, qui regardent tous dans une direction différente. Le sombre bâtiment militaire à l'arrière-plan est la forteresse de Peniche, sur la côte portugaise, qui fut une prison de militaires allemands pendant la Première Guerre mondiale, puis une prison politique de haute sécurité durant la dictature de Salazar. Ce choix d'un passé qui hante le présent n'a rien d'anodin pour Paula Rego, artiste engagée.
En 1988, tandis qu'elle travaille sur cette acrylique sur papier depuis un certain temps déjà, elle perd son mari, Victor Willing, peintre comme elle. C'est lui, l'homme en costume gris et au léger sourire, que l'on voit représenté deux fois. Leur fils, Nick, prend le relais et pose dans l'atelier pour aider Paula à poursuivre son travail. Le tableau devient alors à la fois une ode à l'être aimé et un témoignage de la douleur de l'absence. Paula Rego se représente aussi, seule, à gauche, en vêtements traditionnels, non pas abandonnée par son partenaire de vie, mais plutôt indépendante, digne, et peut-être évoque-telle aussi un souvenir heureux, à droite, dans la scène où on la voit danser avec lui.
Allégorie du temps qui passe, hommage à la culture traditionnelle portugaise, déclaration d'amour et vision à mi-chemin entre le rêve et le cauchemar : cette "Danse" parvient à tout condenser, avec une intensité particulière.
Mes Sorties Culture / Sonia Zannad
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Rebelle, elle a lutté pour imposer ses visions figuratives à l'expression tourmentée à une époque où l'abstraction triomphait dans le monde de l'art. C'est le cas avec cette œuvre majeure intitulée "La danse" : cette fête au bord de la mer a quelque chose de familier, de joyeux, et en même temps de profondément mélancolique et dérangeant, en raison du clair de lune, mais aussi de quelques "anomalies" ou bizarreries liées aux personnages, qui regardent tous dans une direction différente. Le sombre bâtiment militaire à l'arrière-plan est la forteresse de Peniche, sur la côte portugaise, qui fut une prison de militaires allemands pendant la Première Guerre mondiale, puis une prison politique de haute sécurité durant la dictature de Salazar. Ce choix d'un passé qui hante le présent n'a rien d'anodin pour Paula Rego, artiste engagée.
En 1988, tandis qu'elle travaille sur cette acrylique sur papier depuis un certain temps déjà, elle perd son mari, Victor Willing, peintre comme elle. C'est lui, l'homme en costume gris et au léger sourire, que l'on voit représenté deux fois. Leur fils, Nick, prend le relais et pose dans l'atelier pour aider Paula à poursuivre son travail. Le tableau devient alors à la fois une ode à l'être aimé et un témoignage de la douleur de l'absence. Paula Rego se représente aussi, seule, à gauche, en vêtements traditionnels, non pas abandonnée par son partenaire de vie, mais plutôt indépendante, digne, et peut-être évoque-telle aussi un souvenir heureux, à droite, dans la scène où on la voit danser avec lui.
Allégorie du temps qui passe, hommage à la culture traditionnelle portugaise, déclaration d'amour et vision à mi-chemin entre le rêve et le cauchemar : cette "Danse" parvient à tout condenser, avec une intensité particulière.
Mes Sorties Culture / Sonia Zannad
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