Né en 1928 au sein de la bourgeoisie argentine, il est très tôt anticonformiste. Jeune étudiant en médecine, en 1951, il décide de découvrir les Andes, où il côtoie une pauvreté extrême. Il se tourne alors vers les thèses marxistes. 
Rencontrant Fidel Castro en 1956, il l’accompagne dans sa lutte pour renverser, à Cuba, la dictature de Fulgencio Batista. Suite à la victoire de Castro en 1959, il occupe successivement des postes ministériels et publie plusieurs ouvrages expliquant ses conceptions communistes.
En 1965, après avoir dénoncé l'exploitation du tiers monde, il quitte Cuba afin d'étendre la révolution marxiste dans des Etats placés sous le joug capitaliste et/ou colonialiste. Capturé par l'armée bolivienne (entraînée et aidée par la CIA), il est exécuté le 9 Octobre 1967. Ça fait 55 ans que le Che Guevara est mort.


Ce portrait de 1960, nommé Guerrillero Heroico, est imprimé sur des posters, des tee-shirts, des tasses, des cendriers... Quelle insulte faite au Che que de retrouver son visage sur des objets qui sont le reflet de notre monde capitaliste et consumériste !

Ce cliché est réalisé le 5 mars 1960, à La Havane, alors que le Che assiste à l'enterrement des victimes de l'explosion du cargo français La Coubre, coulé alors qu'il transporte des munitions destinées à Cuba. Ce drame fait au moins 75 morts et plus de 200 blessés. Cuba accuse la CIA d'être à l'origine de cet acte, mais les Etats-Unis réfutent.

L'auteur de cette photographie mondialement connue est Alberto Korda (1928-2001), un fervent révolutionnaire communiste. La première version publique de ce cliché sort en 1961. Mais l'image retombe dans l'anonymat. Jusqu'à la mort du Che en 1967... les médias du monde entier voyant en elle l'illustration parfaite du révolutionnaire poétique.

Si cette image a tant été reprise sur toutes formes de support, c'est aussi grâce à une faille... dans les droits d'auteur. Pendant plusieurs décennies, Alberto Korda tolère l'utilisation libre de cette image, allant même jusqu’à en offrir un tirage original à un éditeur italien, qui en profite, à la mort du Che, pour le faire imprimer en un million d'exemplaires. Depuis, l'image reste utilisée partout. Ce n'est qu'à partir des années 2000 qu'Alberto Korda fait valoir son droit d'auteur... reversant l’argent obtenu au système médical cubain.


L’autre portrait du Che, datant de 1963, est fait par le suisse René Burri (1933-2014). Guevara est alors ministre à Cuba. L’entrevue est commanditée par le magazine américain Look.

Les stores sont baissés. Le ministre, en tenue militaire, refuse qu’on les remonte, se désintéressant totalement de René Burri pour se lancer dans une joute verbale avec le journaliste suédois que le photographe accompagne. Deux conceptions du monde se heurtent pendant plus de deux heures. René Burri a le temps de faire huit bobines. A un moment, le Che, qui vient d’allumer un cigare, s’appuie au dossier de son siège.

Le portrait du fier révolutionnaire cadré à hauteur d’épaules reste dans la mémoire collective : il est imprimé pour la première fois le 9 avril 1963 dans le magazine Look, en petit format et fortement rogné, à la toute fin du reportage de plusieurs pages. Par la suite, rarement en respectant les droits d’auteur, cette image est reproduite dans le monde entier sur des affiches, cartes postales, tee-shirts, étiquettes de vin… Elle devient "l’icône du culte du Che", et la "deuxième" photo du héros, après celle de Alberto Korda, prise en 1960.


Pour aller plus loin :

Sur le mystère de la mort de Ernesto Guevara, le livre de Régis Debray La Guérilla du Che. Le Che se laisse mourir en Bolivie, en 1967. Comment ? Pourquoi ? À la suite de quels enchaînements ? Écrit en 1974, ce rappel des faits par un témoin direct donne à chacun les moyens de comprendre ce qui constitue encore, pour beaucoup, une énigme.

En 1951, lorsqu'il monte sur le siège arrière de la Norton 500 de son ami Alberto Granado, Ernesto Guevara a 23 ans. Leur traversée aventureuse de l'Amérique latine se révvèle être un véritable voyage initiatique même si, au départ, les deux étudiants sont plus attirés par le romantisme de la route cher à la Beat Generation que par la découverte des peuples opprimés. Voici leur carnet de voyage dans un livre écrit par Guevara et sobrement appelé Voyage à motocyclette. 

Ce livre est à l’origine du magnifique film Carnets de voyage.

Les Passagers de l’Anna C., le roman de Laura Alcoba, relate l’incroyable voyage effectué par une poignée de jeunes révolutionnaires argentins au milieu des années 1960. A peine sortis de l’adolescence, ils quittent clandestinement l’Argentine pour s’embarquer dans un périple qui doit leur permettre de rejoindre le Che Guevara. Ils sont prêts à donner leur vie pour qu’advienne la Révolution…

Et comme tout finit en chanson, "Hasta siempre, Comandante" est une chanson écrite en 1965 par Carlos Puebla, compositeur cubain. Elle a pour sujet le commandant Ernesto Che Guevara au moment où celui-ci part pour la République démocratique le Congo. Devenue une icône après la mort du Che en 1967, de nombreux artistes l’ont interprétée.


Votre rédacteur vous quitte sur la plus célèbre citation du Che :
« Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre coeur n'importe quelle injustice commise contre n'importe qui, où que ce soit dans le monde. C'est la plus belle qualité d'un révolutionnaire. ».


Publié la première fois le 31 décembre 2022