Good Morning, Vietnam (2/2)
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A quoi tient la force d’une photographie ? D'où vient que, dans un déluge d'images, quelques-unes accrochent le regard, impriment l'imaginaire et marquent à jamais les mémoires ?


Photo de 1965, "War is Hell" de Horst Faas

En 1965, dans le sud du Vietnam, le photojournaliste Horst Faas prend une photo avec le 173e bataillon de la brigade aéroportée. Un jeune soldat, Larry Wayne Chaffin, 19 ans, sourit pour la caméra. Le message du bandeau "La guerre c'est l'enfer" est le reflet de l’état d’esprit de ces nombreux jeunes soldats américains qui, enrôlés, sont envoyés dans les jungles reculées de l'Asie du Sud-Est pour s'y engager dans des combats terrifiants.

Le contraste est ce qui rend cette photo magique. Ce beau jeune soldat brillant avec un sourire et un sentiment d'innocence sur son visage, témoin des horreurs de la guerre, et un texte si terrible. A son retour du Vietnam, il rencontre de nombreux problèmes d'adaptation à la vie civile. Il décède à l'âge de 39 ans des suites du diabète, maladie fréquente suite à une exposition à l'agent Orange, puissant défoliant utilisé par les Américains au Vietnam.

La "guerre c’est l’enfer" est un extrait d’une phrase du général nordiste Sherman pendant la guerre de Sécession. Son texte complet est "Certains d'entre vous, jeunes hommes, pensent que la guerre n'est que glamour et gloire, mais laissez-moi vous dire, les garçons, c'est tout l'enfer !".


Photo de 1967, "La jeune fille à la fleur" de Marc Riboud

Nous sommes le 21 octobre 1967 à Washington D.C., devant le Pentagone, alors que près de 100,000 activistes manifestent contre la guerre du Vietnam, qui dure déjà depuis plus de 10 ans, causant des centaines de milliers de morts. Derrière l’objectif, Marc Riboud donne naissance à cette photo, symbole dans le monde entier d’un message de revendication de paix. Celle-ci est toute de contrastes : la vie contre la mort, la paix contre la guerre, la solitude contre la multitude, le flou contre le net.

Jan Rose Kasmir, une jeune lycéenne de 17 ans vêtue d’une chemise à fleurs, un regard bienveillant, se détache de la foule des manifestants pour s’approcher de la garde nationale et, à quelques centimètres des soldats, elle brandit une fleur. Prise dans son élan, elle n’a pas conscience que son geste est en train d’être immortalisé. Marc Riboud la montre aussi les bras déployés tout près des armes des soldats. La réponse des soldats est malgré tout violente ce jour-là, puisqu’ils n’hésitent pas à utiliser des gaz lacrymogènes.


Photo de 1972, "The Terror of War" de Nick Ut

Le 8 juin 1972, une attaque aérienne des forces américaines oblige Kim Phuc, petite fille de 9 ans, deux de ses frères, son petit cousin et sa grand-mère à quitter le temple où ils ont trouvé refuge. Sur la route, tous sont touchés par une bombe au napalm. Le feu brûle les vêtements de Kim Phuc, sa peau et sa queue de cheval.

Nick Ut, 21 ans, jeune photographe de guerre, est aussi sur la route quand la bombe explose. A travers son objectif, incrédule, il aperçoit une petite fille qui court... Il prend la photo, court chercher une serviette, puis conduit l’enfant à l’hôpital. Un journaliste, présent au moment de l’attaque, va voir si elle est soignée, mais elle est mourante. Il téléphone alors à tous ses contacts et fait transférer la petite fille dans une clinique américaine où elle est sauvée avec pas moins de 17 opérations. Aujourd’hui, Nick Ut et Kim Phuc sont toujours en contact.

En appuyant sur le bouton, Nick Ut ne se doute pas que son cliché va devenir une icône : une innocente petite fille de 9 ans prise dans les griffes de la guerre. En quelques jours, sa photo fait la une des journaux du monde entier, suscitant l'indignation et la colère des opposants à la guerre, l'embarras désolé des Américains. Des enregistrements de la Maison Blanche révèlent l'irritation du président Nixon, obsédé par cette image qu'il soupçonne d'être truquée. Elle vaut à Nick Ut les plus grandes récompenses internationales, y compris le prix Pulitzer. 


Pour aller plus loin :

Ce livre Horst Faas, 50 ans de journalisme, de Hélène Gédouin, nous parle du célèbre photographe. Horst Faas était le rédacteur en chef de la photo pour AP Europe, Afrique et Moyen Orient. Il a couvert la guerre du Vietnam de 1962 à 1973. Ses photos ont été récompensées par' de nombreux prix parmi lesquels deux Prix Pulitzer, le prix Robert Capa, et le prix Erich Salomon en Allemagne.

"Je photographie comme le musicien chantonne. Regarder est une respiration et, quand le hasard est avec moi et qu'une bonne photo m'est donnée, le bonheur n'est pas loin." Ce photographe, c'est Marc Riboud, qui nous a emmenés avec lui pendant toute la seconde moitié du 20e siècle... Découvrez-le dans Marc Riboud, histoires possibles.

Jolie petite collection pour qui aime la photographie. Une monographie dédiée à l'œuvre de Marc Riboud.

Qui ne connaît pas la photo de cette fillette courant sur une route pour échapper au feu après un bombardement ? Emblème de la guerre du Viêtnam, elle a fait le tour du monde et attiré l'attention du public. 45 ans après l´événement, c'est la fillette devenue femme qui prend la plume dans Sauvée de l'enfer pour nous montrer que, derrière le récit de sa vie déjà publié, se cache une autre histoire, une histoire de foi, de consolation et de pardon, bien moins connue du public...

Tout commence par cette image en noir et blanc : en pleine guerre du Viêt Nam, une fillette nue, atrocement brûlée au napalm, fuit son village bombardé en hurlant de douleur. Au-delà de l'effroi, dans La fille de la photo, Denise Chong retrace l'histoire d'une photo qui a marqué le siècle et d'un destin hors du commun.

Et un roman pour finir. En 1968, la guerre du Vietnam bascule. La violence parvient à son paroxysme lors de l'offensive du Têt : Saigon est à feu et à sang. Au-delà de certains faits réels, dans Riz noir l'auteur Anna Moï donne à voir et à sentir le Vietnam de son enfance. Ce roman a été en partie inspiré par l'histoire authentique de deux soeurs adolescentes internées dans le bagne de Poulo Condor, au large de Saigon. 

Good Morning, Vietnam est le nom d'un film. Disc-jockey féru de rock, Adrian Cronauer (Robin Williams) débarque à Saigon en 1965. Il est affecté à la radio des forces armées américaines, où les informations sont censurées et le rock interdit d’antenne. Avec son bagout et son franc-parler, il sème la panique sur les ondes et se rend très populaire auprès des troupes, au grand dam d’un état-major scandalisé...


... ces photos, c'était la rencontre de l'art et de la guerre...



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