Credits image :
série Questions, Existe, 1976 ( courtoisie Collection Finck-Beccafico)
Le
8 April 2016,
Il y a comme une familiarité entre l'oeuvre de Gérard Fromanger (né en
1939) et l'architecture du Centre Pompidou (Inauguré en 1977) comme si
l'artiste avait préfiguré le lieu dans ses images : mêmes réseaux colorés,
mêmes foules bigarrées, mêmes couleurs primaires. Une œuvre lumineuse et
humaniste, pleine d’énergie. On y était, on vous raconte!
L'ancrage militant
Fromanger charrie toute une époque dans son langage pictural : en mai 68, il a participé activement au mouvement contestataire, et disait à ce propos à Libé : "En mai 68, les artistes ne sont même plus dans leurs ateliers, ils ne travaillent plus, ils ne peuvent plus peindre parce que le réel est beaucoup plus puissant que toutes leurs inventions. Naturellement, ils deviennent militants, moi le premier. On crée l'atelier populaire des Beaux-Arts et on fait des affiches. " De ces années de réinvention et de militantisme, on retrouve la trace dans des œuvres plus tardives, notamment la série consacrée aux médias intitulée "Questions" (1976-1977), qui montre d'un côté des journalistes très réalistes, dans des tons éteints, et de l'autre une masse colorée et abstraite, celle du mouvement, du vivant, de l'insaisissable, visuellement opposée à la logique des médias. Une critique de la société de spectacle qui n’a pas vraiment vieilli…
Code couleur
La couleur rouge parcourt toute l'œuvre de Fromanger : à la fois symbole de contestation, de passion, de vie, elle est présente à la fois dans ses sculptures ("Souffle de mais 68 », une bulle de plexi rouge transparent installée dans la rue, à l’époque des événements) que ses peintures, composées en aplats de couleurs vives, et dont les silhouettes récurrentes et indifférenciées impriment aux images leur pulsation colorée.
Figuration narrative et photoréalisme
Le photoréalisme désigne une œuvre visuelle tellement détaillée, ou "bien faite", qu'elle peut passer pour une photographie : certes, Fromanger utilise cette technique, mais son usage de la couleur et sa liberté créatrice en font plutôt un tenant de la figuration narrative, qui emprunte à la fois au pop art, à la pub et à la BD. L'abstraction, chez lui, vient encore une fois de l'utilisation originale de la couleur, sur un mode qui permet de prendre de la distance par rapport à ce qu'il raconte : des scènes de rue banales au premier abord sont transfigurées par la palette chromatique qui invite le spectateur à leur donner un nouveau sens et à se les approprier. En bref, Fromanger est un peintre résolument populaire, au sens premier du terme : il donne à voir un art accessible, plein d'optimisme et que chacun peut appréhender et apprécier sans références savantes.
Gérard Fromanger, jusqu’au 16 mai 2016 au Centre Pompidou
La bande-annonce de l'exposition se trouve ici
Retrouvez les visites disponibles en ce moment au Centre Pompidou en cliquant ici
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
L'ancrage militant
Fromanger charrie toute une époque dans son langage pictural : en mai 68, il a participé activement au mouvement contestataire, et disait à ce propos à Libé : "En mai 68, les artistes ne sont même plus dans leurs ateliers, ils ne travaillent plus, ils ne peuvent plus peindre parce que le réel est beaucoup plus puissant que toutes leurs inventions. Naturellement, ils deviennent militants, moi le premier. On crée l'atelier populaire des Beaux-Arts et on fait des affiches. " De ces années de réinvention et de militantisme, on retrouve la trace dans des œuvres plus tardives, notamment la série consacrée aux médias intitulée "Questions" (1976-1977), qui montre d'un côté des journalistes très réalistes, dans des tons éteints, et de l'autre une masse colorée et abstraite, celle du mouvement, du vivant, de l'insaisissable, visuellement opposée à la logique des médias. Une critique de la société de spectacle qui n’a pas vraiment vieilli…
Code couleur
La couleur rouge parcourt toute l'œuvre de Fromanger : à la fois symbole de contestation, de passion, de vie, elle est présente à la fois dans ses sculptures ("Souffle de mais 68 », une bulle de plexi rouge transparent installée dans la rue, à l’époque des événements) que ses peintures, composées en aplats de couleurs vives, et dont les silhouettes récurrentes et indifférenciées impriment aux images leur pulsation colorée.
Figuration narrative et photoréalisme
Le photoréalisme désigne une œuvre visuelle tellement détaillée, ou "bien faite", qu'elle peut passer pour une photographie : certes, Fromanger utilise cette technique, mais son usage de la couleur et sa liberté créatrice en font plutôt un tenant de la figuration narrative, qui emprunte à la fois au pop art, à la pub et à la BD. L'abstraction, chez lui, vient encore une fois de l'utilisation originale de la couleur, sur un mode qui permet de prendre de la distance par rapport à ce qu'il raconte : des scènes de rue banales au premier abord sont transfigurées par la palette chromatique qui invite le spectateur à leur donner un nouveau sens et à se les approprier. En bref, Fromanger est un peintre résolument populaire, au sens premier du terme : il donne à voir un art accessible, plein d'optimisme et que chacun peut appréhender et apprécier sans références savantes.
Gérard Fromanger, jusqu’au 16 mai 2016 au Centre Pompidou
La bande-annonce de l'exposition se trouve ici
Retrouvez les visites disponibles en ce moment au Centre Pompidou en cliquant ici
Sonia Zannad / Mes sorties culture
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