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Composition en rouge, bleu et noir, 1926, source : Wikipedia
Le
13 September 2019,
Les tableaux de ce hollandais né en 1872 et disparu en 1944 vous sont familiers ; ils font désormais partie du vocabulaire artistique, et chacun connaît ces tableaux blancs parcours de lignes et d'aplats de couleurs primaires et de "non-couleurs" - sans toujours en connaître l'auteur. Mais qu'est-ce qui s'exprime vraiment à travers ces formes carrées, ces aplats de couleur, cette organisation particulière de l'espace? Derrière l'apparente simplicité de ces toiles, leur évidence, se dissimule une vision radicale et une utopie puissante.
Le contexte
Piet Mondrian débarque à Paris en 1912, à la veille de la seconde guerre mondiale, en des temps sombres, et développe une théorie de l'art qui vise à rétablir l'harmonie dans le monde. Il cultivera tout au long de sa carrière ce rêve d'une humanité heureuse et réconciliée, d'un équilibre entre les forces contraires. C'est après avoir découvert le cubisme avec Picasso qu'il s'éloigne des sujets réalistes pour composer des toiles qui ne se réfèrent plus qu'à l'objet même de la peinture : couleur, ligne, composition. Son appartement parisien dans le quartier de Montparnasse, à la décoration dépouillée, répond aux mêmes principes, dans une grande économie de moyens.
Loin du réel
On pourrait croire les tableaux de Mondrian gouvernés par un esprit mathématique et ultra rationnel ; il n'en est rien. Il ne travaille qu'à l'intuition, et cherche avant toute chose à trouver un point d'équilibre. Il donne à voir les rapports entre les différentes valeurs représentées : « Tout se compose par relation et réciprocité. La couleur n’existe que par l’autre couleur, la dimension par l’autre dimension, il n’y a de position que par opposition à une autre position », disait-il. Une vision du monde qui tranche radicalement avec la figuration et la perspective, dans la lignée de Kandinsky, où il n'est plus du tout question du réel, mais où celui qui regarde est invité à se laisser transporter au coeur de la peinture : sa matière, ses vides, ses pleins, son rythme et son organisation intrinsèque. Pour Mondrian, pas question d'enfermer les toiles dans un cadre : les lignes doivent se poursuivre à l'infini, les plans du tableau doivent déborder au-delà de la pièce où il se trouve.
Tendre vers l'universel
Dans son langage tout est réduit à l'essentiel : le vertical et l'horizontal, le blanc et le noir, et quelques couleurs tranchées qui viennent ponctuer l'ensemble et créer des "accidents" pour l'oeil. Le peintre nous invite à expérimenter cette apparente simplicité, à explorer ce monde sensible qui se situe hors de toute référence concrète, et comme hors du temps. C'est pourquoi, même en 2019, le langage de Mondrian n'a rien perdu de sa pertinence, ni de sa beauté.
Sonia Zannad / Mes sorties culture
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