Brasse coulée, barbotage, plongeon et crawl
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La Piscine Georges Vallerey est construite à l'occasion des Jeux Olympiques de 1924. Première "piscine olympique" avec un bassin de 50m, elle fait figure de pionnière en striant le rectangle de lignes d’eau. Cette année-là, en l’espace de trois jours, Johnny Weissmuller, futur Tarzan, y décroche trois médailles d’or. Des travaux de réhabilitation ont été effectués pour les JO de 2024.

Les humains savent vraisemblablement nager dès la Préhistoire, même s’il n'en n’existe pas de preuves archéologiques. En France, c'est surtout à partir des JO de 1924 que la discipline se développe et que les premières piscines sont construites. Plusieurs piscines parisiennes sont donc des témoins de l’Histoire et valent d’être visitées.

La Piscine Pontoise est l'un des établissements conçus par l’architecte Lucien Pollet. Inaugurée en 1934, architecture rectiligne, verrière et frises symétriques, elle possède les caractères propres au style Art Déco. Surplombée de coursives en blanc et bleu, de cabines privatives et d'une immense verrière, elle dégage une séduction incomparable. Inscrite au titre des monuments historiques depuis 1998, elle a servi de nombreuses fois comme décor de film.

Les Piscines Molitor, Pailleron et Bernard Lafay ont aussi été créées par Lucien Pollet. De même que la piscine Pontoise, leur style si typique appartient à l'architecture Art déco, qui marque de nombreux bâtiments du début du siècle dernier.

Inaugurée en 1929, la Piscine Molitor est pendant 60 ans la piscine la plus courue de Paris pour ses deux bassins et son ambiance avant-gardiste. Pour l’ancrer dans un contexte sportif, c'est Johnny Weissmuller, quintuple médaillé Olympique, qui l’inaugure et officie en tant que maître-nageur durant l'été 1929. Fermée en 1989 et classée aux monuments historiques, le lieu devient le temple de l'underground parisien. Les travaux de réhabilitation permettent sa réouverture en 2014.

Mais ce n'est pas qu'à Paris que des piscines mémorables ont vu le jour. La Piscine, à Roubaix, Musée d’art et d’industrie André Diligent, véritable patrimoine du 20e siècle, a ouvert ses portes en 2001. Elle est implantée sur le site de l’ancienne piscine Art Déco bâtie entre 1927 et 1932. Elle offre, à l’époque, un service sportif et hygiénique de grande qualité.

Non seulement la natation inspire les architectes et les... sportifs, mais elle laisse aussi sa marque en peinture.

Carlo Carrà (1881-1966), peintre italien, est une figure de proue du mouvement futuriste du début du 20e siècle. Ses toiles célèbrent la vitesse et la ville moderne. Son tableau "Les nageurs" est une parenthèse insolite dans ce contexte. Carlo Carrà habille ses nageurs avec de longs maillots de bain, à la mode de l'époque, leur peignant des corps lisses et curvilignes. 

L’œuvre de Joaquín Sorolla (1863-1923), célèbre peintre espagnol, révèle une forte prédilection pour les scènes de bord de mer et les nageurs, abondamment représentés à la suite du développement du tourisme thermal. Sa maîtrise de la couleur blanche caractérise son oeuvre, comme dans "Promenade au bord de la mer".

Passionné de nautisme, Gustave Caillebotte (1848-1894) n’hésite pas à représenter nageurs et régatiers. Les premières tenues de bain apparaissent vers 1850. Au début du 20e siècle, la pudeur prédomine, conduisant à des maillots conçus pour dissimuler autant de peau que possible, mais bien loin de l'ergonomie nécessaire pour nager avec aisance.

Ce nageur de Augustin Rouart (1907-1997) fait partie d’une importante donation effectuée par son fils au Petit Palais. La famille Rouart joue un rôle discret dans l’histoire de l’art au tournant du 20e siècle. L'art, et surtout la peinture, est la passion de ces riches industriels, dont certains sont passés de l’autre côté de la toile.


Un peu de lecture sur les gradins pendant les JO :

On trouve les tableaux de Sorolla au Musée Sorolla de Madrid, mais aussi à Berlin, à Venise et dans de nombreuses collections privées. Ce livre Sorolla, 100 chefs d'œuvre permet de voyager et d'en prendre plein les yeux avec ses lumineuses toiles.

Une jeunesse à l'ombre de la lumière est le roman autobiographique d'un jeune homme pauvre dans une famille riche, allergique à la peinture et vivant au milieu des tableaux de Manet, de Berthe Morisot, de Degas qui forment son cadre quotidien. Au travers de ce livre, l'académicien Jean-Marie Rouart nous entraîne dans la quête de ses origines.

Dans ce roman de Julie Otsuka, La ligne de nage, les nageurs de cette piscine ne se connaissent qu'à travers leurs habitudes, et les longueurs, encore, encore. Alice trouve un grand réconfort dans sa ligne de nage. Et puis un jour, une fissure y apparaît, préfigurant celles de son cerveau : remontent alors à la surface des souvenirs de jadis... qu'Alice oublie chaque jour un peu plus...

Jean-Paul et Marianne vivent des jours heureux dans leur propriété, autour de la piscine, quand Harry fait irruption avec sa fille, créant un malaise. Le film La Piscine, avec Alain Delon et Romy Schneider, est une lutte de pouvoir entre quatre personnages pris au piège par un passé trop lourd...


Et de musique pour accompagner le bain dans la piscine :

Isabelle Adjani et Serge Gainsbourg ont co-écrit la chanson "Pull Marine" qui fait si bien ressortir le spleen rongeant l'amoureuse. Réalisé par Luc Besson, le vidéo-clip est un véritable court-métrage jouant entre le bleu de la piscine et celui des yeux de l'actrice. En 1985, il obtient la Victoire de la Musique du meilleur vidéo-clip. 


Tableaux affichés :
1 – Les Nageurs, 1910-1912, Carlo Carrà, Carnegie Museum of Art, à Pittsburgh, Etats-Unis
2 – Nageurs, 1905, Joaquin Sorolla, Museo Sorolla, Madrid, Espagne
3 – Le Nageur, 1877, Gustave Caillebotte, Musée d’Orsay, Paris
4 - Le Nageur, 1943, Augustin Rouart, Petit Palais, Paris


Bonne baignade, la Seine devrait être prête bientôt !


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