L'artiste Ben, Benjamin Vautier de son vrai nom, a mis fin à ses jours le 5 juin dernier à Nice, quelques heures seulement après la mort de son épouse Annie qui avait fait un AVC. En couple fusionnel avec elle depuis 60 ans, Ben ne voulait ni ne pouvait vivre sans elle.

Très populaire et très connu à Nice, ses œuvres sont présentées dans les musées du monde entier, même s'il n'a jamais eu droit à une rétrospective dans un grand musée public parisien – seul le musée Maillol (musée privé) lui a consacré une exposition importante en 2014. 

Parfois décrié, considéré par certains comme trop commercial en raison des produits dérivés de son travail qui inondaient les cartables des lycées dans les années 1990, Ben a pourtant été un grand provocateur plein d'humour, doté d'une vraie générosité, philosophe à ses heures. 

Cet érudit connaissait l'histoire de l'art sur le bout des doigts et a souhaité dès ses débuts rompre avec les mouvements précédents, en trouvant son propre mode d'expression, dans lequel l'art et la vie se mêleraient indistinctement. Guidé par Yves Klein, il opte dès les années 1950 pour les "écritures" qui feront sa renommée : ces phrases faussement simplistes, souvent peintes en blanc sur fond noir d'une écriture soignée d'écolier.

 Il débute à Nice avec un "magasin" de disques et de livres dont la façade est entièrement recouverte de ses déclarations, et se fait peu à peu connaître de la scène artistique locale, avant de voir sa renommée grandir. 

Parmi ses centaines de phrases cultes, on compte par exemple "L'art est inutile, rentrez chez vous", "J'écris donc je suis", "Il faut se méfier des mots", ou encore "Tout est art". Dans la lignée de Duchamp, Ben questionne la notion d'œuvre d'art, la signature de l'artiste, la place de l'art, son sens, et même les fonctions du langage : bref, il nous lègue un art plus profond qu'il n'y paraît, capable de parler à tous, sans élitisme et plein de fantaisie.  

Sonia Zannad / Mes Sorties Culture

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