28 Mars, la journée sera rude...
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Le 5 janvier 1757, alors que la cour est au Grand Trianon, plus facile à chauffer que Versailles, Louis XV rend visite à sa fille, alitée au Château de Versailles. Vers 18 heures, alors qu’il regagne son carrosse, un homme fend la haie des gardes et frappe le roi ! Louis XV croit d’abord à un simple coup de poing, mais découvre qu’il a le côté ensanglanté…

L’agresseur est rapidement maîtrisé et remis au capitaine des gardes. C’est alors que Louis XV crie "Qu'on l'arrête et qu'on ne le tue pas !". Le roi retourne à sa chambre et, se croyant moribond, demande un confesseur et l'extrême onction.

L’agresseur n’est autre que Robert François Damiens.

Domestique chez de nombreux conseillers du parlement de Paris, dont certains parmi les plus virulents contre le roi, Damiens n’y a entendu que des récriminations contre le roi. Il en conclut que ce dernier doit être puni. L'arme du crime est un canif, mais les nombreuses couches de vêtement, nécessaires à cause de l'hiver, amortissent la plus grande force du coup, et aucun organe vital n’est touché.  

Damiens est condamné pour régicide. Le 28 Mars, il est conduit, nu, à la Place de Grève, puis, sur un échafaud, il est tenaillé aux mamelles, bras, jambes, sa main droite tenant le couteau parricide, brûlée au feu de soufre. Sur les endroits où il est tenaillé, on jette du plomb fondu, de l'huile bouillante, de la poix résine brûlante. Ensuite, c’est l’écartèlement, son corps tiré et démembré par quatre chevaux... Une fois la sentence prononcée, lors du procès, Damiens aurait eu cette phrase laconique, restée célèbre "la journée sera rude".  

Et en effet ! Les bourreaux, venus de toute la France, sans réelle pratique, attachent 4 chevaux rétifs. Le supplice dure plus de 2 heures, les bourreaux ayant l'interdiction des juges de couper les tendons des membres pour faciliter l'arrachement.  

La mort de Damiens survient seulement à la tombée de la nuit, à l'enlèvement du bras droit, le dernier membre. Cette image hantera longtemps le jeune bourreau Charles-Henri Sanson, alors tout juste âgé de dix-huit ans, celui-là même qui guillotinera Louis XVI. Mais ça c’est une autre histoire…

Robert François Damiens, le 28 Mars 1757, est la dernière personne, en France, à subir l'écartèlement.


Si vous n’êtes pas trop dégouté, faites un petit tour au Musée de l’Inquisition à Carcassonne, ou bien allez tout simplement à la Conciergerie de Paris.


J’ai toujours pensé que, sur la sculpture de Carpeaux, "Ugolin et ses enfants", sur le visage de la statue principale, c’est la douleur à l'état pure qui est représentée… N’hésitez pas à aller au Musée d’Orsay, avec une visite guidée, pour la contempler.


Un bon roman de Olivier Dutaillis, qui met en scène le bourreau de Louis VI, La pensionnaire du bourreau, pour vous aider à vous endormir.


Vous reprendrez bien un petit écartèlement ?



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