Un petit tour de momie
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Pourquoi les histoires de momies nous font-elles frémir ?

Russie

Le mausolée de Lénine est à Moscou, sur la place Rouge. Son corps embaumé y est exposé depuis 1924. Il est surveillé par des policiers en garde statique, de jour comme de nuit. Les touristes (notamment étrangers) représentent l'essentiel des visiteurs.  

Staline est exposé de 1953 à 1961, à côté de Lénine. Mais, le 31 octobre 1961, son corps est retiré de nuit, dans le plus grand secret, après la dénonciation de ses crimes par son successeur Nikita Khrouchtchev. 20 millions de morts, plus 28 millions de déportés. Sans parler des 27 millions de morts pendant la 2ème guerre mondiale. Ses adieux au peuple russe sont à l'image de son règne : sanglants... Au sein d'une foule de 5 millions de personnes venues saluer sa dépouille, 1500 personnes périssent étouffées.

Chine

Le mausolée de Mao est situé place Tian'anmen à Pékin. Son corps embaumé y est exposé. Bien qu’il ait souhaité être incinéré à sa mort, décision fut prise de conserver son corps et de lui construire un tombeau monumental. Près de 70 millions de morts en temps de paix, stupéfiant record.

Déchetterie

An 2000. Une jeune femme arrive à la déchetterie, se débarrasse rapidement de ce qui l'encombre et disparaît très vite. Un des agents, qui a déjà travaillé dans un cimetière, reconnaît un cercueil. Il appelle le musée qui arrive et qui confirme : il s'agit bien d'une momie. Les analyses révèlent qu'il s'agit d'un enfant d'environ 5 ans, de classe moyenne, embaumé en Égypte entre le 3ème siècle avant J.C. et le 1er siècle après. Quant à la jeune femme…  

Bordeaux

A partir de 1791, et pendant près de deux siècles, une soixantaine de corps momifiés sont exposés au public dans un caveau sous la tour de la Basilique Saint-Michel de Bordeaux. Les "momies de Saint-Michel" sont une attraction touristique majeure. En 1990, par respect pour ces défunts et suite à des tentatives de profanations, les momies sont transférées au cimetière de la Chartreuse. Leur originalité tient au fait que ce sont des momies naturelles. Il y a l'hypothèse que c’est le terrain argileux ou sablonneux qui aurait maintenu les corps en bon état.

Saint-Bonnet-Le-Château, Loire

Avec sa nef à trois vaisseaux, ses six travées et son chœur terminé par une abside à pans coupés, la Collégiale de Saint-Bonnet-le-Château présente une architecture locale en gothique forézien.

C’est à l’occasion de travaux de restauration du sol de la chapelle que des ouvriers du chantier font, en 1837, cette découverte inédite : une vingtaine de dépouilles, les "momies de Saint-Bonnet-Le-Château", extrêmement bien conservées, enveloppées dans des linceuls, allongées sur le sol et ensevelies là depuis des siècles, avant 1650.

Aujourd’hui encore, on sait peu de chose d’elles. Ont-elles été déposées dans ce caveau ? Inhumées ? Appartiennent-elles toutes à la même famille ? Il n’y a pas beaucoup de réponses... Selon des publications anthropologiques, ces dépouilles seraient celles de jeunes adultes âgés de 18 à 25 ans, assassinés. Comment expliquer autrement les blessures mortelles qu’elles présentent au niveau du thorax. Elles doivent leur excellente conservation non à une technique d’embaumement, mais à la présence d’alun et d’arsenic dans le sol.  

Désormais, la vingtaine de dépouilles exposées n’est visible, pour des raisons de conservation, que depuis une trappe.


Pour voir des momies, on peut donc aller à Pékin ou à Moscou... ou à la Collégiale de Saint-Bonnet-Le Château. N'hésitez pas !

Votre rédacteur vous conseille aussi d'aller voir la Place Rouge, avec la momie de Lénine. C'est assez... inhabituel, dirait-on, comme visite.


Pour ceux qui n'ont pas peur en lisant au fond de leur lit, La Momie, de Anne Rice 

Et en plus classique, Le Roman de la Momie, de Théophile Gautier


Votre rédactrice ne peut que vous laisser sur la lecture de l'Invocation à la momie, de ce cher Antonin Artaud :

Ces narines d’os et de peau  
par où commencent les ténèbres  
de l’absolu, et la peinture de ces lèvres  
que tu fermes comme un rideau
 
Et cet or que te glisse en rêve  
la vie qui te dépouille d’os,  
et les fleurs de ce regard faux  
par où tu rejoins la lumière  

Momie, et ces mains de fuseaux  
pour te retourner les entrailles,  
ces mains où l’ombre épouvantable  
prend la figure d’un oiseau  

Tout cela dont s’orne la mort  
comme d’un rite aléatoire,  
ce papotage d’ombres, et l’or  
où nagent tes entrailles noires

C’est par là que je te rejoins,  
par la route calcinée des veines,  
et ton or est comme ma peine
le pire et le plus sûr témoin.


Ne vous momifiez pas !

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