Quel drôle de loustic, ce zèbre !
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C'est un sacré loustic…

Le mot loustic est tiré du mot allemand lustig qui veut dire drôle, amusant, content, gai, joyeux. L’expression "c’est un sacré loustic" est tirée d’une expression allemande qui remonte au 18ème siècle. Dans le langage de l'époque, ce terme désigne un bouffon rattaché aux régiments suisses. Il a pour tâche de distraire les troupes éloignées de chez elles.

Le mot "loustic" s'est ensuite généralisé pour définir tout individu qui amuse la galerie par ses plaisanteries, mais aussi un homme qui déplaît parce qu'il semble étrange. Dans le même sens on peut dire "drôle de zèbre" ou "drôle de zigue" pour parler d'une personne enjouée.


… ce zèbre…

Le mot zèbre est ambigu en français, pouvant désigner plusieurs espèces de la famille des équidés, vivant en Afrique centrale et australe. Ces animaux se caractérisent par des rayures, généralement verticales, noires et blanches. Menacé d'extinction, le zèbre de Grévy en est le plus grand.

En 1983, Andy Warhol a créé une série de sérigraphies en couleur qui dépeint les espèces animales menacées dans le monde, avec, entre autres, le tigre de Sibérie, l’orang-outan, le zèbre de Grévy, le rhinocéros noirs, l’éléphant d’Afrique, le panda géant et l’aigle à tête blanche. En utilisant des couleurs très brillantes, caractéristiques de son style, il crée un lien entre l’art et la réalité.


…avec des rayures qui réapparaissent…

Au Moyen Âge, la rayure est perçue comme une marque péjorative. Si de nos jours cela persiste dans l’imaginaire collectif (prisonniers, déportés), une image positive s'est aussi imposée (loisirs de bord de mer, monde de l'enfance, mode…). En 1917, Coco Chanel, qui apprécie les bords de mer, incorpore des rayures dans ses collections.

Le courant impressionniste ramène les rayures dans les tableaux car les vêtements ont des rayures, comme la robe de l’épouse du peintre Albert Bartholomé dans son tableau "Dans la serre", ou tout simplement dans les parquets de maisons, comme dans "Les raboteurs de parquet", célèbre tableau de Caillebotte. Ces deux tableaux sont visibles au Musée d’Orsay.

Fernand Lantoine (1876-1955) est un peintre et un dessinateur français. En 1925, peintre de la marine, il fait la découverte du Congo belge. Sa peinture acquiert une simplicité tout à fait frappante : pour lui, d'un côté l'orientalisme, fastueux, tout de lumière et de mouvement; de l'autre, l'africanisme, grave, sobre et mystérieux. Certaines de ses œuvres sont visibles au Musée du Quai Branly, notamment pendant l’exposition Peinture des Lointains.


…partout de nos jours.

De nos jours, la rayure est partout : dans la mode, dans la peinture, dans la photo... En couture, c’est Jean Paul Gaultier qui utilise les rayures et la marinière depuis les années 1980.

En sculpture, Buren est l’artiste de la rayure le plus connu. Il suffit de se promener dans la cour d’honneur du Palais-Royal, de voir les "colonnes de Buren", pour voir son obsession pour elles. Ou aller au Musée d’Art Moderne de Paris pour voir son tableau "Mur de peintures", tout en rayures, ou encore au Musée Georges Pompidou.

Victor Vasarely n’est pas en reste avec sa série "Zèbres", œuvre en noir et blanc exécutée vers 1938. Il existe toute une série de créations de l'artiste déclinant ce thème visuel du zèbre, que vous pouvez voir au Musée Georges Pompidou.

La photographie s’est mise à la rayure avec, notamment, le superbe "Sand Fence" (1930) de Fernand Fonssagrives.


Pour les cinéphiles, Drôles de zèbres est un film de Guy Lux où un patron d'hôtel, savant fou à ses heures, veut transformer un cheval de course en crack en lui injectant du sang de zèbre. Bon si vous ne connaissez pas, sachez que c’est un échec commercial à sa sortie et qu’après, Guy Lux ne s’essaiera plus au cinéma.


Pour les lecteurs, ne surtout pas passer à côté du livre Le Zèbre écrit par Alexandre Jardin, prix Femina 1988, dont un film est sorti, ainsi qu’une chanson de Alain Souchon  à ne pas hésiter à écouter en boucle.

Un livre de Michel Pastoureau est toujours très intéressant, d’autant plus qu’il a écrit L'étoffe du diable. Une histoire des rayures et des tissus rayés


Pour voir des rayures, les curieux iront au se balader au zoo. Mais ils peuvent aussi aller au Musée d’Art Moderne de Paris. Ou au Musée du Quai Branly. Ou à la Fondation Vasarely, ainsi qu'au Centre Georges Pompidou où une exposition va lui être consacrée.


Pour les plus prosaïques, sachez que lorsque on parle de rayures en peinture, les gens pensent à la peinture de leur… voiture… Et dans plusieurs langues (comme l'espagnol, l'anglais ou le néerlandais), du fait des rayures sur le sol, le passage piéton est appelé le passage-zèbre. Pourquoi pas ?


En tout cas, pour voir des rayures, ne vous laissez pas enfermer à l’ombre, derrière des… barreaux ! Gavez-vous plutôt des rayons du soleil !

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