Odalisques brunes et blondes
Credits image :
Votre rédactrice ouvre son cher Larousse, ô vieil ami. Une odalisque est une esclave vierge, pouvant monter jusqu'au statut de concubine dans les sérails ottomans, mais dont la plupart sont au service du harem du sultan. En littérature, le terme désigne une femme de harem. En peinture, nombre d’odalisques ont vu le jour…  

De l’auteur de ces deux tableaux  

François Boucher (1703-1770) connaît une brillante carrière. Favori de la Marquise de Pompadour, directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1737, il devient premier peintre de Louis XV en 1765.  

Il peint ces deux Odalisques, la première dite "brune", en 1745, et l’autre "blonde", en 1752. Ces deux femmes réunissent les traits singuliers de la mode sous le règne de Louis XV : teint laiteux, visage petit et potelé, et corps généreux en courbes.  

Ces deux œuvres sont entourées de scandale. Sur chacune, une femme, à moitié nue, est allongée sur le ventre, chemise relevée. La composition, malgré l’apparent désordre, théâtralise la scène : toutes les lignes de force – les plis des drapés, le corps, les jambes et les fesses – nous invitent à nous glisser dans le tableau… Derrière cet appel au voyeurisme et cette leçon d’érotisme et de sensualité, Boucher fait un hymne à la beauté, mais également à l’art de peindre.  

L’Odalisque brune  
Depuis la réalisation du tableau, les suggestions affluent dans l’espoir de savoir à qui appartient ce potelé séant.
Ô peintre coquin... L’Odalisque brune est ta propre épouse. Cette séduisante jeune femme pose souvent pour son mari, ce qui, même dans la société permissive du 18e siècle, fait parfois scandale.
Ô peintre doublement coquin, qui a fait plusieurs versions de ce tableau, dont une est au Musée du Louvre et l’autre au Musée des Beaux-Arts de Reims.  

L’Odalisque blonde  
En 1752, le roi Louis XV tombe en arrêt devant le tableau de Boucher. Agée d'à peine 15 ans, Marie-Louise O’Murphy, qui a servi de modèle, devient sa maîtresse… Elle est installée au Parc-aux-Cerfs à Versailles, lupanar du monarque. Leur histoire dure trois ans, de 1752 à 1755…  

On désigne par le terme de "petite maîtresse" les maîtresses de Louis XV qui ne sont pas présentées à la cour et ne disposent pas d'un appartement au château. Marie-Louise O'Murphy est l'une de celles-ci. N’étant pas issue de la noblesse, elle est restée dans l'ombre de ses concurrentes. Son père, un Irlandais, est emprisonné pour espionnage, sa mère pour prostitution. A l'aube de ses 15 ans, la demoiselle est "vendue" au roi. Sa famille reçoit entre 3 000 et 7 000 livres, soit entre 45 000 € et 105 000 €.    


Profitez d’une visite guidée au Louvre pour aller voir l’Odalisque brune ou d'autres tableaux de François Boucher.  

Pour connaître l’histoire mouvementée de Marie-Louise O'Murphy, lisez Le goût du roi Louis XV et Marie-Louise O'Murphy de l’historien Camille Pascal.

Bonnes visites au sérail de l'art !

Vous aussi, publiez vos propres articles
sur TartinesDeCulture !
Je m'inscris