Du jaune, encore du jaune !
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Du jaune pour faire des tournesols…

Le jaune est une couleur primaire, on ne peut pas en produire à partir d'autres couleurs. La peinture a utilisé des colorants jaunes depuis des temps reculés au moyen de minéraux broyés, ce qui demande des préparations, parfois compliquées, le jaune obtenu n’étant pas lumineux. Mais à partir du milieu du 19e siècle, l'essor de l'industrie chimique produit des colorants entièrement artificiels, qui, souvent, surpassent leurs prédécesseurs en éclat et en résistance à la lumière.


… les tournesols de Van Gogh…

Été 1888. Van Gogh reçoit chez lui, à Arles, son ami Paul Gauguin. Pour décorer sa chambre, il décide de peindre des tournesols dans un vase. Le résultat est une série de sept tableaux, tous uniques malgré leur sujet commun. Il n'en reste aujourd'hui que six, puisque l'un d'entre eux a été détruit au Japon en 1945. C’est sans doute la plus emblématique et la plus belle de l'art du peintre hollandais.

Les peintures montrent des tournesols dans toutes les étapes de leur vie, de la pleine floraison jusqu'au flétrissement. Elles étaient innovatrices pour l'époque par l'utilisation d'un large spectre de jaunes inventés par la chimie.

En 1891, l'écrivain Octave Mirbeau en achète un au père Tanguy pour 300 francs (900 euros).

La série fait parler d’elle en 1987, lorsque le magnat japonais de l'assurance, Yasuo Goto, achète l'un des tableaux pour l'équivalent de 40,8 millions d'euros lors d'une vente aux enchères chez Christie's à Londres, prix qui constitue à l'époque un record pour une œuvre de Van Gogh.
Achat qui fait écrire au chanteur Jean Ferrat "Les Tournesols" en 1991, chanson où il s'insurge contre la somme mirobolante consacrée à cet achat et pense à la misère dans laquelle a vécu Vincent van Gogh. Jean Ferrat avait déjà écrit la chanson "L'Homme à l'oreille coupée" en hommage au peintre en 1962.


… et ceux de Gauguin…

En 1888, Paul Gauguin en profite pour peindre Van Gogh en train de réaliser ces tableaux. Le tableau se trouve au Musée Van Gogh à Amsterdam.  

En 1891, il part en Polynésie. Il cherche à plusieurs reprises à se faire expédier des graines ou des bulbes de fleurs européennes qu'il souhaite introduire dans ses tableaux. Dès 1898, alors qu'il vit encore à Tahiti, il réussit à recevoir quelques-unes de ces graines et à faire pousser des tournesols. Il réalise en effet au moins quatre toiles sur lesquelles des tournesols apparaissent dans un décor tahitien (dont une est au Musée de l’Ermitage). Des années plus tard, en 1901, alors qu’il est aux Marquises, il demande qu’on lui envoie de nouveau des graines de tournesol. Mais il est retrouvé mort le 8 mai 1903 sans avoir eu le temps de recevoir ses précieuses graines…


… puis le jaune de Kupka

Au Salon d’automne de 1910, Kupka présente deux œuvres intitulées "La Gamme jaune" (dont une est au Musée Pompidou), avec un jaune flamboyant. Si elles partagent un même sujet et une même gamme colorée, la première est le portrait d’un lecteur tandis que la deuxième, plus descriptive, représente un fumeur.


On pourrait continuer sur le jaune… 

Lisez donc Jaune de Michel Pastureau

Ou alors sur deux types de Jaune : Jaune d’Evreux et Jaune de Naples 

N’hésitez pas à regarder ce DVD sur Gauguin et Van Gogh Les grands duels de l'art : Vincent Van Gogh vs Paul Gauguin    

Plus léger, lisez La valse des arbres et du ciel de Jean-Michel Guenassia

ou bien Vincent qu'on assassine de Marianne Jaeglé :   

Paul Gauguin est le héros du roman Le Paradis — un peu plus loin de Mario Vargas Llosa (prix Nobel de littérature 2010)


Bonne jaunisse ! Bonne balade dans les tournesols !

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