C'est le match du siècle !
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Le football, sport le plus populaire au monde, entraîne une ferveur quasi-religieuse, surtout pendant la Coupe du monde. Mais politique et Histoire ne sont jamais loin. Comme le dit si bien George Orwell : “Le sport c’est la guerre, les fusils en moins”... Votre rédacteur vous propose quelques matchs historiques :

1934 et 1938, l’apothéose du football fasciste

La 2ème coupe du monde, en 1934, a lieu dans l’Italie de Mussolini. Le régime en fait un formidable outil de propagande, à l'instar des JO de Berlin organisés en 1936 par Hitler. Pour la finale, le 10 juin 1934, plus de 3,000 supporters tchécoslovaques rallient Rome pour assister au match entre l'Italie et la Tchécoslovaquie. Le Duce s'occupe de tout, rencontrant et dînant avec l’arbitre avant la rencontre. Les Italiens s’imposent 2-1 après prolongations. Le premier sacre mondial de l'Italie portera à jamais le voile du soupçon...

La 3ème coupe du monde, en 1938, a lieu en France. L’Italie se voit reprocher l’intervention du Duce dans la guerre civile espagnole. Les joueurs italiens se font huer à chaque match. En quart de finale, lors du match France-Italie, forcés de quitter le maillot bleu, ils sont vêtus d’un maillot noir en référence aux milices du parti fasciste. Sifflés par le public, les Italiens douchent les Français avec une victoire 3-1, puis gagnent la coupe. Mussolini y verra une victoire de l’idéologie fasciste...

1942, en Ukraine, le “match de la mort” contre l’Allemagne nazie

Les Allemands occupent l’Ukraine depuis juin 1941. Le gardien de l’ancienne équipe de Kiev monte une nouvelle équipe. Les autorités du Reich laissent faire, pensant que les matchs seront un moyen de montrer la supériorité aryenne.
L’équipe ukrainienne colle, le 6 août 1942, une première raclée à la Flakelf, équipe composée de joueurs de la Luftwaffe allemande. Score : 5-1. Les autorités allemandes imposent un match de retour. Le 9 août 1942, l’arbitre est un officier SS. Les Ukrainiens refusent de faire le salut fasciste et l’emportent 5-3. Après le match, les joueurs des deux camps posent tous ensemble sur une photo, mais, très vite, des joueurs ukrainiens sont déportés dans les camps allemands...

1958, les “dribbleurs de l'indépendance”

En 1998 l'équipe de France est couronnée championne du monde de football. Toute la France célèbre ses héros “black-blanc-beur”. En 1958, 40 ans avant, en Suède, les Bleus s'inclinent 5-2 devant le Brésil. Il faut dire que l’équipe est privée de ses talentueux joueurs algériens. Deux mois avant, en avril 1958, les algériens des Bleus disparaissent avec une trentaine d'autres joueurs algériens évoluant tous dans des clubs français de ligue 1. La Guerre d’Algérie a démarré en 1954... Ils rejoignent Tunis où ils forment l'équipe de football du FLN, écrivant ensuite les plus belles pages de l'histoire du football algérien.

1973, au Chili, le “match de la honte”, opposant le Chili à l’URSS

Le match le plus court de l’histoire... Le 21 novembre, devant 18,000 spectateurs chiliens, le capitaine de l’équipe chilienne pousse le ballon dans une cage de but... vide. Pas de gardien russe. En effet, l’URSS refuse que le match retour des éliminatoires ait lieu dans le “stade de la honte”, où, après le coup d’état de Pinochet en 1973, des milliers d’opposants à la junte ont été parqués, torturés, assassinés. La FIFA ayant refusé de délocaliser la rencontre, l’URSS refuse de participer. Après quelques passes, et au bout de 15 secondes, le Chili se qualifie pour la coupe du monde de 1974.


1974, RFA contre RDA, le “match de la peur”

En 1974, à Hambourg, l’Allemagne de l’Est (RDA) et l’Allemagne de l’Ouest (RFA), séparées par un mur depuis 1961, s’affrontent. C’est, dans l’histoire, le seul match de coupe du monde entre RDA et RFA. Jürgen Sparwasser, le buteur de la RDA, crée la surprise et offre la victoire 1-0 à son équipe. Pour toute une génération, il reste à jamais l’homme qui offre la victoire à la RDA. Sauf que celle-ci se fait battre dans les matchs suivants...
Le buteur est alors confronté, dans son pays, à des sifflements des supporters et à l’hostilité des autres joueurs. Après avoir raccroché ses crampons, en 1979, ça continue. En 1986, il dit non à trois reprises au gouvernement qui le somme d’entraîner son ancien club. En représailles, on le menace de lui interdire l’université. Si bien qu’en 1988, Jürgen Sparwasser, le héros de la RDA, profite d’un match de gala pour se faire la belle en RFA...

1986, “La main de Dieu”  

La première coupe du monde de football a lieu en Uruguay en 1930, et le tout premier but de la première Coupe du monde est français. Le foot aura ainsi permis de mettre en avant l’Amérique du Sud avec, notamment, des géants comme le brésilien Pelé nommé “Le roi du football” et l’argentin Diego Maradona, l’enfant des bidonvilles de Buenos Aires. Ce dernier, en 1986, en quart de finale face à l’Angleterre, grâce à son génie et sa malice (“La main de Dieu”) fait mordre le gazon à une ancienne puissance impériale européenne, quelques années après la déculottée de l’Argentine face à la même Angleterre, lors de la Guerre des Malouines (avril-juin 1982).


Des expositions et activités culturelles en lien avec la coupe du monde de football...

Si vous le pouvez, allez à Bercy Village, qui présente, jusqu’au 15 janvier 2023, une expo hommage aux grandes figures du Football. De Maradona à Mbappé, en passant par Zidane et Henry, composée de 32 œuvres de l’artiste Greg Illustrateur, cette rétrospective “Complètement foot” célèbre les grandes figures internationales du football, des années 70 à nos jours.

A Draguignan, au Musée des Arts et Traditions Populaires, jusqu’au 31 Décembre 2022, l’exposition “Passion Foot en Dracénie” est le défi de mêler deux mondes qui s’opposent et qui ne se rencontrent pas souvent, la culture et le sport… Autour de l’exposition, le musée propose des visites guidées, des projections cinématographiques et un concert.

... et des visites.

Les amateurs de foot se régaleront de la visite des principaux stades de France.

Dans le monde, il existe plusieurs musées du foot assez célèbres :
 - le “National Football Museum” en Angleterre à Manchester,
 - puis, au Brésil, le “Museu do futebol” à Sao Paulo et le “Musée Pelé” à Santos,
 - et, en Argentine, à Buenos Aires, rien moins que 3 musées consacrés au foot,

Et plus près :
 - le très intéressant Musée des Verts” à Saint-Étienne
 - en Suisse, à Zurich, 3000 m2, le “Musée du football mondial de la FIFA” propose toutes les facettes de l’univers du football
 - et plus généraliste, le “Musée national du sport” à Nice


Quelques tableaux faisant le lien entre peinture et foot :
1 – “Les joueurs de football”, Yuri Ivanovitch Pimenov, 1926, Boris Kustodiev Art Gallery, Astrakhan (Russie)
2 – “Football”, Alexandre Alexandrovitch Deïneka, 1924, Collection Vladimir Tsarenkov, Londres
3 – “Un après-midi d'hiver en Angleterre”, Richard Nevinson, 1930, Manchester Art Gallery
4 – “Joueurs de football”, André Lhote, 1918, Collection privée

Yury Ivanovich Pimenov (1903-1977) est né et mort à Moscou. Il est, en 1925, l'un des fondateurs de la Société des Artistes de Chevalet qui se caractérise par la glorification de la réalité soviétique (industrialisation, sport, etc.) au moyen des techniques picturales expressionnistes. Ce tableau réalisé en 1926 met aux prises trois footballeurs disputant un ballon. Sa dominante bleue inspire une certaine légèreté dans le jeu.

Militant en faveur de la révolution russe de 1917, l’artiste Alexandre Deïneka (1899-1969) est un favori des autorités soviétiques. Dans les années 1930, il réalise de nombreuses peintures et affiches de propagande, colorées et enthousiastes, où il glorifie le corps et exalte les vertus du travail, de la guerre et du sport. Il reste populaire jusqu’à ce jour en Russie.

Richard Nevinson (1889-1946) est un peintre paysagiste, un portraitiste et l'un des artistes anglais les plus célèbres de la Première Guerre mondiale. Il y voit des atrocités qu’il peint dans de nombreux tableaux restés célèbres. Sa personnalité dépressive et fantasque lui attire des inimitiés et se ressent dans son œuvre.

André Lhote (1885-1962) est un peintre, graveur et illustrateur français. Tout d’abord de facture classique, ses tableaux évoluent vers le mouvement cubiste, tout en conservant une dynamique inspirée de l’art classique. Ses toiles lui ouvrent la voie de grandes expositions en galerie d’art à Paris et Londres.


Un peu de lecture pour la mi-temps :

Le match de la mort de Pepe Gálvez et Guillem Escriche : cette bande dessinée revient sur la fameuse série de rencontres qui opposent en 1942 des ukrainiens du FC Start aux soldats du Reich.

La rencontre de la Coupe du monde 1974 opposant à Hambourg, en pleine guerre froide, la RFA à la RDA sert de trame à ce roman graphique de Philippe Collin et Sébastien Goethals, La Patrie des frères Werner.

La bande dessinée Un maillot pour l’Algérie de Kris, Bertrand Galic et Javi Rey raconte la belle histoire de l’équipe du FLN qui, entre 1958 et 1962, porte l’Algérie vers l’indépendance.

Le roman policier Le sang de Manchester, de Vincent Radureau, mène l’enquête au cœur même de la rivalité qui oppose les deux clubs de Manchester. Dans un chantier, on découvre les cadavres de deux jeunes hommes, l’un portant un maillot rouge floqué d’un numéro 7 et l’autre un maillot bleu ciel. Or le rouge et le bleu ciel sont les couleurs des deux grands clubs de Manchester, United et City.

Pour les fans de la Coupe du Monde, dans la collection 3 minutes pour comprendre, le livre 3 minutes pour comprendre l'histoire de la Coupe du monde de football nous offre un aperçu historique du football – depuis ses origines – et retrace tous ses moments forts. Riche en anecdotes captivantes, ponctué de portraits de joueurs, d'entraîneurs et de gardiens marquants, ce livre vous offre un voyage vibrant dans l'univers du foot !

Ou un podcast entre deux matchs :

Dans Affaires sensibles sur France Inter, l’histoire du match de 1942 “La légende du match de la mort” vous est contée


Après un match, rien ne vaut un bon film :

Dans le film de Stephen Hopkins, La couleur de la victoire est l’histoire, dans les années 30, de Jesse Owens, jeune afro-américain issu d’un milieu populaire, qui se prépare à concourir aux Jeux d'été de 1936 à Berlin, alors sous le joug du Troisième Reich.

Le film Les Petits Princes de Vianney Lebasque, séduit pour son extraordinaire réalisme. Il raconte l’intégration d’un adolescent dans le centre de formation d’un club de football professionnel. Tout en se révélant l’un des éléments les plus prometteurs, il est confronté à de nombreuses difficultés inhérentes à ses origines, à la compétition et la rivalité.


On ne peut pas finir sans une chanson... Mickey 3D nous chante "Johnny Rep", joueur de football néerlandais, actif de 1971 à 1987. Joueur dans plusieurs clubs européens tout au long de sa carrière, il joue en France au SC Bastia, puis à l'AS Saint-Étienne.


Votre rédacteur vous souhaite de joyeux matchs !


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