Ce qui s'est passé un certain 8 mai, catastrophique...
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Le 7 mai, élections présidentielles, 2ème tour. Mais un certain 8 mai 1902… pas si éloigné que ça de nos préoccupations électorales actuelles… 

L'éruption volcanique de la Montagne Pelée, le 8 mai 1902, est la plus meurtrière du XXe siècle. Sa nuée ardente détruit entièrement, en 90 secondes, Saint-Pierre, la plus grande ville de la Martinique, extermine ses habitants, environ 30,000 personnes et coule une quinzaine de navires marchands qui sont dans la rade.

Après un mois de cachot pour bagarre, Louis Cyparis, dit Samson, récidive et voit son séjour prolongé d'une semaine. Grièvement brûlé, il est dégagé des décombres trois jours plus tard. Protégé par l'épaisseur des murs du cachot, il est considéré comme le seul rescapé…

Seules l’exploitation et la distillerie Saint-James ne sont que partiellement détruites. L’activité y reprend d’ailleurs très rapidement, car la demande en rhum est pressante…

Selon les vulcanologues actuels, vu la puissance de l’éruption, la destruction de la ville et de ses alentours était inévitable, mais pas la mort de ses habitants et des marins, victimes de décisions politiques, nationales et locales !

En effet, sur instructions ministérielles, le gouverneur refuse de faire évacuer la ville et laisser partir les navires ancrés, afin d’assurer… le second tour des élections législatives qui doivent avoir lieu le 11 mai, le premier tour des élections ayant eu lieu le 23 avril.

Dès le 13 mai 1902, un comité officiel d'assistance et de secours aux victimes est créé, une souscription nationale étant ouverte par le Ministre des Colonies. À sa dissolution, en 1904, le comité a récolté près de 10 millions de francs or. 
Les États-Unis interviennent les premiers, au moyen d’un crédit de 200,000 dollars (environ un million de francs or) et envoient, par le croiseur Dixie, 1,250 tonne de vivres, médicaments... 
Le Royaume-Uni, l’Italie, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Russie… participent pour en moyenne 5,000 dollars chacun. 

Il y a d’autres nuées après le 8 mai 1902, mais de moins en moins violentes, une soixantaine au total jusqu’à fin 1903. Après juillet 1905 et jusqu’en 1910, encore quelques fumerolles puis une extinction apparente. Une autre éruption démarre en août 1929 : grondements, fumerolles acides et explosions. Les effets de cette éruption magmatique, un peu moins violente mais plus durable, sont limités aux destructions matérielles, car on a, cette fois, pris la précaution d’évacuer toute la population du nord de l’île. De 1930 à 1932, l’activité du volcan diminue progressivement.

Les conséquences sur la vie sociale, politique et économique sont considérables : Fort-de-France, déjà chef-lieu administratif, devient la ville principale. Une partie de la population est relogée dans d'autres villes, tandis que d’autres partent pour la Guadeloupe, Sainte-Lucie, Trinidad, la Guyane, le Panama, le Venezuela… 

En 1902, les États-Unis se préparent à financer un canal pour relier les océans du Pacifique et de l'Atlantique, soit par le Panama, soit par le Nicaragua. Le Nicaragua étant connu pour son activité volcanique, le Sénat américain approuve le projet de Panama.

Avant cette catastrophe, la vulcanologie n’est qu’une branche mineure de la géologie. Elle devient une science à part entière à la suite des observations que font sur place de nombreux géologues venus du monde entier, et aux comptes-rendus qu’ils publient.

Je ne peux que conseiller la lecture de Nuée ardente, le roman que l'auteur martiniquais Raphaël Confiant a consacré à cette catastrophe.

Ou alors, pour ceux qui veulent en savoir plus, Martinique 1902, l'apocalypse : Explosion Montagne Pelée-Saint-Pierre entièrement détruit, de Pierre Albert.


Les ruines de Saint-Pierre se visitent, alors si vous allez en Martinique, n'hésitez pas !


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