Le Camp de Rivesaltes, sa visite, un devoir de mémoire
Le 20ème siècle est le siècle des réfugiés, perdus entre deux frontières, des guerres, dans des cahutes où bat ce vent hurlant qu'est la Tramontane, le froid, la fournaise, dans la misère et le désarroi.

Le Camp de Rivesaltes (Languedoc-Roussillon) en est le reflet. La visite laisse un goût amer dans la bouche, les yeux qui picotent, le coeur un peu meurtri par le désarroi qui en suinte. Mais la visite permet aussi de se dire que rien ne vaut La Paix.... Pour que cette paix perdure et que leur souffrance n'ait pas été inutile, une visite s'impose.... Allez-y !

On est en 1938. Hitler a déjà instauré les lois raciales et les camps de concentration en Allemagne, contre les Juifs, les tziganes, les communistes.... Les premiers réfugiés arrivent en France.

L'histoire du Camp de Rivesaltes démarre en 1938, quand est promulguée la loi instituant l’internement administratif pour les "indésirables étrangers". Elle a pour particularité de permettre l’arrestation et l’internement de personnes non pour des crimes ou des délits qu’ils auraient commis, mais pour le danger potentiel qu’ils sont censés représenter pour l’Etat. Les premiers réfugiés venant d'Allemagne y sont logés.

Ensuite ce sont les Espagnols et les volontaires des brigades internationales chassés d’Espagne par la victoire de Franco. Au tout début février 1939, Ils sont plus de 450 000 à franchir la frontière pyrénéenne dont une majorité se retrouve rapidement sur les plages du Roussillon, à Argelès, à Saint-Cyprien et au Barcarès. Un certain nombre d’entre eux se retrouveront à Rivesaltes.

1942. L’Etat français accepte de cogérer la déportation des Juifs de France voulue par l’occupant nazi, bien qu’il n’y ait pas de soldats allemands en zone sud jusqu’en novembre 1942. Entre août et novembre 1942 près de 10.000 Juifs seront ainsi livrés par Vichy au nom de la Collaboration. A Rivesaltes, ils seront quelque 2313 hommes, femmes et enfants à partir en 9 convois. Mais on retiendra aussi que sur les quelques 5000 Juifs internés à Rivesaltes entre août et novembre 1942, plus de la moitié échapperont à ces convois grâce au travail des oeuvres d’assistance (Croix Rouge suisse, OSE, Cimade, YMCA, Unitarian Service etc...) mais aussi à l’envoyé du préfet, Paul Corazzi, qui fait tout pour exclure de la déportation un maximum de personnes et, en particulier, la plupart des enfants.

En près de deux ans d’existence, 17.500 personnes auront été internées à Rivesaltes, dont 53% d’Espagnols, 40% de Juifs (étrangers) et 7% de Tsiganes (français).

1944-45, la France est libérée petit à petit. En avril 1945, il devient camp de prisonniers de guerre, principalement des Allemands, mais aussi des Autrichiens et, un temps, des Italiens. Le nombre de prisonniers augmente très rapidement (jusqu’à plus de 10 000) : leurs conditions de captivité se dégradent vite et entraînent une forte mortalité en 1945, comme on le constate dans les autres camps.

La guerre d’Algérie marque ensuite de son empreinte l’histoire du camp de Rivesaltes. De nombreuses recrues y passent avant de traverser la Méditerranée. A la fin de la guerre, entre janvier et mai 1962, quatre îlots sont même transformés en centre pénitentiaire où sont enfermés des prisonniers du Front de Libération Nationale (FLN).

Mais c’est en septembre 1962, alors que la guerre est finie, qu’arrivent les ex-supplétifs de l’armée française en Algérie, ceux qu’on appelle les harkis. Dans un premier temps, ils se retrouvent sous des tentes militaires. Aux difficultés matérielles et à la promiscuité s’ajoutent la détresse morale et la douleur de l’exil.
Le vent et le froid de l’hiver 1962 soulignent tragiquement la précarité des installations. Avec le relogement des familles dans les baraques, la vie s’organise progressivement. Mais l’intégration des anciens supplétifs et de leurs familles est difficile. Rejetés par l’Algérie indépendante et donc par une part de l’opinion française, ils sont longtemps laissés pour compte par le Gouvernement français.

Les dernières familles quitteront le hameau de forestage de Rivesaltes pour être relogées à la cité du Réart (Rivesaltes) en 1977.

Après le départ des harkis et jusqu’en mars 1966, de militaires guinéens et leurs familles environ 800), qui après l’indépendance de la Guinée en 1958 se trouvaient dans des casernes françaises en Afrique : Sénégal, Côte d’Ivoire, Niger… sont transférés dans le camp de Rivesaltes par la France.

Le camp revient alors à sa vocation militaire. Il connaît un nouveau soubresaut de l’histoire, quand, entre 1986 et 2007 un petit centre de rétention administrative pour étrangers expulsables y est installé.

La mémoire prend alors le relais... 


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Pour ne pas dénaturer ce site chargé d'histoire, un musée très interactif, avec visite guidée, panneaux explicatifs, chronologiques, a été installé en sous-sol. On peut y voir des petits films et des photos d'époque. Excellente librairie avec DVD, CD et livres. C'est un musée fait tant pour les parents que les enfants. Très instructif pour les collégiens et lycéens puisque l'histoire du 20ème siècle fait partie des programmes scolaires.
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