Le
17 May 2024,
Yves Klein n'est pas seulement l'artiste qui a déposé une couleur en 1957 (le fameux "IKB", "International Klein Blue") ou imaginé des œuvres-performances dans lesquelles les corps nus de ses modèles, enduits de peinture, venaient imprimer leur marque sur le papier. Il fut aussi un redoutable communicant, désireux d'entretenir son image avant-gardiste par tous les moyens possibles.
En 1960, c'est par une photo en noir et blanc intitulée "Un homme dans l'espace!", publiée à la une d'un journal édité spécialement pour l'occasion, qu'il crée la surprise. On y voit l'artiste en personne s'élancer dans le vide depuis le 2e étage d'une maison de la banlieue parisienne, étendant les bras comme si c'étaient des ailes, le visage tourné vers le ciel. En-dessous de lui, le bitume. L'illusion est parfaite et à l'époque, l'image ne manque pas de surprendre tous ceux qui la croisent.
Les auteurs du photomontage, John Kender et Harry Shunk, amis proches de Klein, ont en fait réalisé deux clichés qu'ils ont fusionné dans la chambre noire : l'un de Klein qui s'élance sans crainte, ses amis judokas prêts à le recueillir en bas à l'aide d'une bâche, et l'autre de la rue vide, à l'exception d'un cycliste qui passait par là.
Pour Klein, il s'agissait à travers cette image d'annoncer un programme artistique, non sans humour : il se propulsait vers le bleu, sa couleur adorée, dont il disait " le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel, ce qu’il y a de plus abstrait dans la nature tangible et visible ". Il inventait aussi une forme de happening, avec la parution d'un journal dédié à cette action artistique, et se déclarait une fois pour toutes comme le peintre de l'espace, celui qui est capable de faire l'expérience sensible du vide.
A l'heure où tant d'images sont photoshopées ou purement et simplement créées par Intelligence Artificielle, il est bon de cultiver un regard critique, tant nous sommes fascinés par les images et si facilement prêts nous aussi à faire un saut dans le vide, en croyant immédiatement ce que nous voyons.
Sonia Zannad / Mes Sorties Culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
En 1960, c'est par une photo en noir et blanc intitulée "Un homme dans l'espace!", publiée à la une d'un journal édité spécialement pour l'occasion, qu'il crée la surprise. On y voit l'artiste en personne s'élancer dans le vide depuis le 2e étage d'une maison de la banlieue parisienne, étendant les bras comme si c'étaient des ailes, le visage tourné vers le ciel. En-dessous de lui, le bitume. L'illusion est parfaite et à l'époque, l'image ne manque pas de surprendre tous ceux qui la croisent.
Les auteurs du photomontage, John Kender et Harry Shunk, amis proches de Klein, ont en fait réalisé deux clichés qu'ils ont fusionné dans la chambre noire : l'un de Klein qui s'élance sans crainte, ses amis judokas prêts à le recueillir en bas à l'aide d'une bâche, et l'autre de la rue vide, à l'exception d'un cycliste qui passait par là.
Pour Klein, il s'agissait à travers cette image d'annoncer un programme artistique, non sans humour : il se propulsait vers le bleu, sa couleur adorée, dont il disait " le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel, ce qu’il y a de plus abstrait dans la nature tangible et visible ". Il inventait aussi une forme de happening, avec la parution d'un journal dédié à cette action artistique, et se déclarait une fois pour toutes comme le peintre de l'espace, celui qui est capable de faire l'expérience sensible du vide.
A l'heure où tant d'images sont photoshopées ou purement et simplement créées par Intelligence Artificielle, il est bon de cultiver un regard critique, tant nous sommes fascinés par les images et si facilement prêts nous aussi à faire un saut dans le vide, en croyant immédiatement ce que nous voyons.
Sonia Zannad / Mes Sorties Culture
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