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Aesthetica magazine
Le
13 October 2018,
La lumière est un sujet récurrent pour tout amateur de peinture (et d'art en général). Sans lumière, pas de contours, pas de relief, pas de couleurs. D'où vient-elle? Comment est-elle travaillée? Est-elle naturelle ou artificielle? Quels effets produit-elle sur les éléments représentés? Et sur celui ou celle qui regarde le tableau? Les clairs-obscurs du Caravage ou de Georges de la Tour en sont un exemple particulièrement spectaculaire ; mais on pense aussi à Soulages qui joue de l'effet de la lumière sur la matière de la peinture dans ses outrenoirs. Et dans ces trois exemples, la dimension mystique ou spirituelle de la lumière s'impose, dans un temps suspendu qui invite à la méditation.
C'est peut-être pour cela que l'américain James Turrell, né en 1943 à Los Angeles, a décidé que la lumière serait la matière première de son travail. Car lorsqu'il expose, ne vous attendez pas à découvrir des objets: il sculpte l'environnement par le jeu des lumières colorées, dans un savant jeu de déstabilisation de nos sens et de notre perception visuelle
Au musée Frieder Burda de Baden Baden (Allemagne), on peut en ce moment découvrir quelques unes de ses oeuvres emblématiques : des environnements perceptuels (ou dans un langage moins mystérieux, des pièces baignées d'une lumière très travaillée, qui change d'intensité et de couleur, dans lequel le visiteur est invité à s'immerger. Avec "End Around, Ganzfeld", une oeuvre qui rencontre toujours beaucoup de succès lorsqu'elle est présentée, Turrell a transformé l'une des pièces du musée grâce à "l'effet Ganzfeld", un terme de psychologie de la perception qui se réfère à un espace qui ne contient aucun objet qui permette d'en comprendre les limites ou la profondeur. La taille de la pièce, les détails liés à ses surfaces et les vibrations colorées disparaissent complètement ; on ne voit qu'une sorte de brume lumineuse qui semble épaisse, presque matérielle. Alors la lumière, plutôt que d'être l'élément qui vient éclairer un espace,; des objets ou les éléments d'un tableau, devient elle-même un objet à part entière, un objet physique que nous pouvons ressentir et presque respirer.
Expert en psychologie de la perception et en mathématiques, mais aussi pilote d'avion, Turrell a su rassembler toutes ses connaissances et toutes ses passions au service de l'abstraction et d'une oeuvre profondément originale, qui nous projette dans l'infini et dans l'introspection, non sans provoquer un certain trouble. Soudain plongés dans l'abstraction pure de ses installations illusionnistes, nous ne savons pas exactement quoi regarder. C'est qu'il ne s'agit plus vraiment de regard mais d'expérience au sens large. L'artiste nous invite à vivre l'espace, à lâcher prise dans ce lieu où nous perdons tous nos repères habituels. Les limites de la pièce deviennent incertaines ; on ne sait plus depuis combien de temps on est resté là, immergés dans la lumière et la couleur...
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
C'est peut-être pour cela que l'américain James Turrell, né en 1943 à Los Angeles, a décidé que la lumière serait la matière première de son travail. Car lorsqu'il expose, ne vous attendez pas à découvrir des objets: il sculpte l'environnement par le jeu des lumières colorées, dans un savant jeu de déstabilisation de nos sens et de notre perception visuelle
Au musée Frieder Burda de Baden Baden (Allemagne), on peut en ce moment découvrir quelques unes de ses oeuvres emblématiques : des environnements perceptuels (ou dans un langage moins mystérieux, des pièces baignées d'une lumière très travaillée, qui change d'intensité et de couleur, dans lequel le visiteur est invité à s'immerger. Avec "End Around, Ganzfeld", une oeuvre qui rencontre toujours beaucoup de succès lorsqu'elle est présentée, Turrell a transformé l'une des pièces du musée grâce à "l'effet Ganzfeld", un terme de psychologie de la perception qui se réfère à un espace qui ne contient aucun objet qui permette d'en comprendre les limites ou la profondeur. La taille de la pièce, les détails liés à ses surfaces et les vibrations colorées disparaissent complètement ; on ne voit qu'une sorte de brume lumineuse qui semble épaisse, presque matérielle. Alors la lumière, plutôt que d'être l'élément qui vient éclairer un espace,; des objets ou les éléments d'un tableau, devient elle-même un objet à part entière, un objet physique que nous pouvons ressentir et presque respirer.
Expert en psychologie de la perception et en mathématiques, mais aussi pilote d'avion, Turrell a su rassembler toutes ses connaissances et toutes ses passions au service de l'abstraction et d'une oeuvre profondément originale, qui nous projette dans l'infini et dans l'introspection, non sans provoquer un certain trouble. Soudain plongés dans l'abstraction pure de ses installations illusionnistes, nous ne savons pas exactement quoi regarder. C'est qu'il ne s'agit plus vraiment de regard mais d'expérience au sens large. L'artiste nous invite à vivre l'espace, à lâcher prise dans ce lieu où nous perdons tous nos repères habituels. Les limites de la pièce deviennent incertaines ; on ne sait plus depuis combien de temps on est resté là, immergés dans la lumière et la couleur...
Sonia Zannad / Mes sorties culture
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