1870, Strasbourg brûle !
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Guerre de 1870. La défaite de la France entraîne la perte de l'Alsace et la Lorraine. Les Alsaciens et les Lorrains souhaitant rester français doivent quitter leur région d’origine, sinon ils deviennent allemands.

Strasbourg. Le 13 août 1870, les troupes prussiennes tirent les premiers obus, puis, à partir du 23 août, lancent un bombardement massif afin de démoraliser la population et obtenir une reddition rapide. Après 47 jours de siège et d’incendies, et près de 200 000 obus tirés, un tiers de la ville est détruit, 1 400 Strasbourgeois sont morts ou blessés, et 10 000 sont sans-abri. La ville capitule le 28 septembre.

Même plusieurs années après la guerre, les artistes ne manquent pas de dénoncer les bombardements intenses, les incendies et la destruction de Strasbourg.

Émile Schweitzer (1837-1903) est un artiste peintre né et décédé à Strasbourg. Il réalise de nombreuses scènes historiques ayant pour thème le pilonnage de sa ville, par exemple "Bombardement de Strasbourg en 1870", ou bien "L'incendie de l'Aubette dans la nuit du 24 Août 1870". L’Aubette, abrite, en 1869, le musée des beaux-arts. Cependant, lors du bombardement du 24 août, il brûle entièrement, y compris la collection de peintures, ne laissant alors debout que les murs extérieurs.
Émile Schweitzer excelle dans la reconstitution de scènes historiques, et, à ce titre, illustre de nombreux manuels d’histoire de l’Alsace.

La perte de l’Alsace et la Lorraine est un drame pour leurs habitants, et une véritable humiliation pour la France.

L’alsacien Charles-Émile Matthis (1838–1893) est peintre, graveur et illustrateur, notamment pour les livres destinés à la jeunesse. À partir de 1871, il réalise des œuvres à motifs patriotiques. "Strasbourg le 28 septembre 1870" est son œuvre emblématique. Tout y est sombre, démoli, et les ruines ressemblent à des tombes. Une femme voilée, en larmes, comme Marie au pied de la croix du Fils, y représente l’Alsace donnée à la Prusse. Ce tableau connaît un vrai succès populaire, car il est rapidement reproduit sous forme de multiples gravures. 

"L’Alsace meurtrie", de l’alsacien Gustave Doré (1832-1883) nous laisse silencieux devant une femme en noir, en costume traditionnel alsacien et ceinte du drapeau français. En deuil, elle souffre, le visage crispé, et peut-être son mari est-il mort au combat. En deuil car elle perd sa terre natale devenue allemande. Une vieille femme enserre un jeune enfant, peut-être orphelin suite au conflit meurtrier.

L’humiliation de 1870 laisse de profondes blessures dans le cœur de tous les Français, et ce pour longtemps. Les années 1880 sont fécondes pour la production de peintures patriotiques dont le sujet est la guerre de 1870. Est-ce un moyen de surmonter les désillusions, et de passer au-delà du traumatisme ?

Albert Maignan (1845-1908) est un peintre français, dont la majeure partie de l’œuvre est consacrée à la peinture d'histoire. La visite d’une église lui donne l’idée de réaliser une cloche qui sonne. Il peint alors un tableau de grand format, "Les Voix du tocsin", représentant une énorme cloche qui sonne… l'alerte. Celle-ci est actionnée par des génies tirant de lourdes cordes. Au premier plan, un drapeau français en lambeaux, orné d’un crêpe noir, gît au sol. Derrière un épais panache de fumée, des toitures sont en feu et, dans le lointain, se dessine la silhouette de la cathédrale de Strasbourg ravagée en 1870. Cette œuvre est une dénonciation de la guerre et du bombardement de l’Alsace. Le travail acharné accompli pour ce tableau donne à Maignan le goût des grandes compositions qui feront le succès de la suite de sa carrière.
L’image ci-dessus expose la partie du tableau contenant la cathédrale de Strasbourg en feu.

Pour en voir plus :  

Jusqu’au 4 janvier 2026, une rétrospective est consacrée à Albert Maignan au Musée de Picardie. L'occasion d'y découvrir plus de 350 œuvres de l'artiste, peintre prolifique de la Belle Époque, et dont certaines ont été restaurées pour l'occasion. N’y manquez pas "Les Voix du tocsin" !

Liste des œuvres par ordre de citation :  

Par Émile Schweitzer, Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
1 – "Bombardement de Strasbourg en 1870", en 1870
2 – "L'incendie de l'Aubette dans la nuit du 24 Août 1870", en 1897  

Par Charles-Émile Matthis, Musée Historique de Strasbourg
3 – "Strasbourg le 28 septembre 1870", en 1872  

Par Gustave Doré, Collectivité européenne d'Alsace, Colmar
4 – "L’Alsace meurtrie", en 1872  

Par Albert Maignan, Musée de Picardie, Amiens
5 – "Les Voix du tocsin", en 1888


Bonne exposition à cloche-pied !




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