Statues olmèques, retour vers le futur
Les Olmèques, la plus ancienne civilisation précolombienne connue à ce jour, ont vécu de 2500 av. J.-C. jusqu'à 500 av. J.-C., sur l’actuel Mexique. Les têtes colossales olmèques, taillées dans des rochers en basalte, datent au moins de 900 av. J.-C.

A ce jour, 17 colossales statues olmèques sont connues, n’étant pas toutes situées au même endroit. Malgré leur taille et leur poids énormes, elles ont autrefois été transportées sur de grandes distances. Elles représentent des hommes d'âge mûr avec des joues bien en chair, un nez plat et un léger strabisme, l’arrière de la statue étant le plus souvent plat. Leur sens n'est pas connu. L'hypothèse actuelle la plus courante est qu'il s'agit de portraits, sans doute de dirigeants olmèques. L'individualité de chaque tête, qu'il s'agisse des traits du visage ou de la coiffe, plaide en faveur de cette théorie.

Elles sont le symbole du peuple des Olmèques. Pour plus de facilités, elles ont été numérotées dans l’ordre de découverte. La statue n°8, découverte sur le site de San Lorenzo en 1970, mesure 2,20m de hauteur pour 1,63m de largeur et 1,55m de profondeur et pèse 13 tonnes.

La tête colossale n°6 mesure 2,34m de hauteur pour 1,83m de largeur et 1,26m de profondeur et pèse entre 8 et 10 tonnes. Elle est visible au Musée national d'anthropologie de Mexico.


Peintre, sculpteur et illustrateur, Chavis Mármol (né en 1982 au Mexique) travaille avec une grande variété de matériaux. Il vit et travaille à Mexico. Ses œuvres, critiques, font souvent référence à l’histoire, à la politique, la société et à la culture populaire mexicaines (allant de l’époque précolombienne à nos jours). Néanmoins, son discours est universel lorsqu'il aborde des sujets tels que la sexualité, la drogue, la violence et les relations familiales, entre autres.


Les "Tamemes", du nahuatl "tlamama", qui signifie porter, sont des porteurs du Mexique préhispanique, des peuples Nahua-Mexica. A cette époque, comme il n’existe pas d’animaux de somme, ils transportent toutes sortes de marchandises, tout ça sur le dos. Avec la conquête espagnole, ils sont progressivement remplacés par des bêtes de somme.

A notre époque "moderne", la main d’œuvre pour transporter les marchandises est encore bien là. C’est le cas des livreurs de plats préparés. Ces livreurs modernes travaillent de manière très similaire aux Tamemes d’il y a plus de 500 ans, et ce même en termes de conditions de travail. Bien que la situation sociale des Tamemes soit inconnue car il n’en reste pas de traces, nous ne pouvons que supposer qu'elle n'était pas élevée dans la société. À cela s’ajoutent aujourd’hui des salaires très précaires et des risques liés à la livraison à pied, à vélo ou à moto, et.

Sur ce sujet en particulier, de manière créative, avec un sens de l'humour, Chavis Mármol, en 2021, dénonce l’injustice contemporaine, mais permet aussi de raconter une histoire, celle des Tamemes et des Olmèques. Devenu livreur à vélo, en transportant une copie de statue olmèque, comme les Tamemes, il fait la satire du travail éreintant de ces "Neo Tamemes", avec un poids énorme sur le dos.

Toujours dénonciateur, Chavis Mármol souhaite faire une œuvre mettant le doigt sur l’homme d’affaires milliardaire Elon Musk, ce dernier ayant déclaré, début 2023, vouloir ouvrir une "gigafactory" au Mexique.

Sa nouvelle création, en plein centre de Mexico, dans le quartier à la mode de la Roma, d’un genre particulier, est une critique du capitalisme. Une voiture électrique Tesla à 40,000 dollars, la Tesla Model 3 de couleur bleue, modèle le plus vendu par l'entreprise de Elon Musk, est écrasée par une copie de statue olmèque, initialement soulevée par une grue. Le nom du mécène qui a permis l’achat de la Tesla est maintenu secret. Trouver la pierre n’a pas non plus été simple. D'un poids initial de 12 tonnes, elle ne pèse plus que neuf tonnes après que l'artiste a taillé le crâne, les yeux énormes et les lèvres épaisses.

Ces deux performances ouvrent des discussions sur l'usage politique, ludique ou commercial qui peut être donné au patrimoine, ainsi que sur la désacralisation de ce dernier.

Les Olmèques sont largement cités dans la nouvelle exposition du Quai Branly "Mexica, des dons et des dieux au Templo Mayor". N’hésitez pas à profiter de leurs visites guidées.


Quelques livres à déguster sous le parasol du Mexicain, le grand copain de Marcel Amont :

Kim Lefèvre rend hommage, dans son roman Moi, Marina la Malinche à la figure complexe et ambiguë qu'est La Malinche, esclave indienne qui devient la compagne d'Hernán Cortès et son alliée dans la conquête du Mexique. Ce roman dénué d'exotisme donne une épaisseur charnelle et psychologique aussi vraisemblable que possible à l'une des héroïnes les plus singulières de l'histoire.

Le roman de Léo Perutz nous met au Mexique, en 1519. Fernand Cortez marche sur Tenochtitlan, l'actuelle Mexico, pour soumettre l'empereur Montezuma et mettre la main sur le trésor des Aztèques. S'il parvient à s'en emparer, tout le Nouveau Monde tombe sous la coupe de Charles Quint. La troisième balle met en scène un allemand luthérien qui tente de s'opposer à l'irrésistible mouvement du conquérant, mais qui n’a que trois balles...

Conquistador est une superbe bande dessinée où Cortés missionne un groupe mêlant soldats et mercenaires, afin de voler l’inestimable trésor de Moctezuma. Une aventure, oppressante et mystique, dans une intégrale teintée de fantastique, qui nous plonge dans la mythologie sud-américaine.


Ola muchachos y muchachas, viva Mexico !


Vous aussi, publiez vos propres articles
sur TartinesDeCulture !
Je m'inscris