Le
23 March 2024,
Pendant plusieurs années, la grande fontaine Stravinsky (580 m², 33 mètres de long sur 17 mètres de large) s'est tue, et ses éléments ont disparu un à un, pour cause de restauration. Mais voilà, enfin, elle est de retour depuis le printemps 2023, comme neuve, et son esprit festif règne de nouveau sur les alentours. Colorée, animée, étonnante, elle est emblématique du quartier du centre Pompidou, dans le Marais, à Paris.
Commandée par Jacques Chirac et installée sur la place qui porte le nom du célèbre compositeur russe Igor Stravinsky, elle est inaugurée en 1983. En-dessous et juste à côté se trouve l'IRCAM (L’Institut de recherche et coordination acoustique/musique) ; juste derrière on voit le dos de l'église Saint Merri (16e siècle) et un grand pan de mur sur lequel s'expriment depuis des années des street artistes de talent : tout cet espace est donc lié de près ou de loin à l'histoire de la musique et à l'histoire des arts.
La fontaine, réalisée par le duo d'artistes Nikki de Saint Phalle et Jean Tinguely, qui étaient aussi en couple à la ville, rend hommage à l'une des œuvres de Stravinsky en particulier : le Sacre du printemps. Ce ballet créé à Paris en 1913 fit scandale à l'époque, rebaptisé très cruellement par ses détracteurs "Le massacre du printemps", en raison de son audace et sa modernité. Une musique pourtant reconnue, aujourd'hui, comme un chef-d'oeuvre incontesté.
La fontaine comporte 16 sculptures, toutes mécanisées. Eléphant, chapeau melon, serpent, clé de sol, cœur géant, sirène… toutes sont en mouvement, et forment un ballet hypnotique et ludique, une ode visuelle à la musique et à la danse, dans un spectacle à la fois simple et sophistiqué, à hauteur humaine, qui se renouvelle en fonction de la lumière et de la météo et du point de vue – on peut tourner autour, mais la fontaine est également visible depuis le sommet du centre Pompidou. Le design tout en rondeurs de la fontaine permet également de s'asseoir confortablement tout autour : une halte bienvenue pour les touristes, les badauds et les habitants du quartier.
Le style des deux sculpteurs, bien distinct, dialogue harmonieusement. Les œuvres de Nikki de Saint Phalle, immédiatement identifiables, sont colorées, exubérantes, sensuelles, tandis que ceux de Jean Tinguely, en métal sombre, paraissent plus sévères. Les artistes voulaient fusionner l'art et la vie, et ils y sont brillamment parvenus : on ne pourrait plus imaginer cet espace sans la fontaine, et la vie s'organise tout naturellement autour. Elle joue le rôle d'un trait d'union géographique, sensible et relationnel.
Laissons le mot de la fin à Jean Tinguely :
“Tout bouge, il n’y a pas d’immobilité. Ne vous laissez pas terroriser par des notions de temps périmés […] Arrêtez de résister à la transformation. […] Résistez à la faiblesse apeurée de stopper le mouvement, de pétrifier les instants et de tuer le vivant. […] Respirez profondément. Vivez à présent, vivez dans et sur le temps, pour une réalité belle et totale.”
Sonia Zannad / Mes Sorties Culture
Commandée par Jacques Chirac et installée sur la place qui porte le nom du célèbre compositeur russe Igor Stravinsky, elle est inaugurée en 1983. En-dessous et juste à côté se trouve l'IRCAM (L’Institut de recherche et coordination acoustique/musique) ; juste derrière on voit le dos de l'église Saint Merri (16e siècle) et un grand pan de mur sur lequel s'expriment depuis des années des street artistes de talent : tout cet espace est donc lié de près ou de loin à l'histoire de la musique et à l'histoire des arts.
La fontaine, réalisée par le duo d'artistes Nikki de Saint Phalle et Jean Tinguely, qui étaient aussi en couple à la ville, rend hommage à l'une des œuvres de Stravinsky en particulier : le Sacre du printemps. Ce ballet créé à Paris en 1913 fit scandale à l'époque, rebaptisé très cruellement par ses détracteurs "Le massacre du printemps", en raison de son audace et sa modernité. Une musique pourtant reconnue, aujourd'hui, comme un chef-d'oeuvre incontesté.
La fontaine comporte 16 sculptures, toutes mécanisées. Eléphant, chapeau melon, serpent, clé de sol, cœur géant, sirène… toutes sont en mouvement, et forment un ballet hypnotique et ludique, une ode visuelle à la musique et à la danse, dans un spectacle à la fois simple et sophistiqué, à hauteur humaine, qui se renouvelle en fonction de la lumière et de la météo et du point de vue – on peut tourner autour, mais la fontaine est également visible depuis le sommet du centre Pompidou. Le design tout en rondeurs de la fontaine permet également de s'asseoir confortablement tout autour : une halte bienvenue pour les touristes, les badauds et les habitants du quartier.
Le style des deux sculpteurs, bien distinct, dialogue harmonieusement. Les œuvres de Nikki de Saint Phalle, immédiatement identifiables, sont colorées, exubérantes, sensuelles, tandis que ceux de Jean Tinguely, en métal sombre, paraissent plus sévères. Les artistes voulaient fusionner l'art et la vie, et ils y sont brillamment parvenus : on ne pourrait plus imaginer cet espace sans la fontaine, et la vie s'organise tout naturellement autour. Elle joue le rôle d'un trait d'union géographique, sensible et relationnel.
Laissons le mot de la fin à Jean Tinguely :
“Tout bouge, il n’y a pas d’immobilité. Ne vous laissez pas terroriser par des notions de temps périmés […] Arrêtez de résister à la transformation. […] Résistez à la faiblesse apeurée de stopper le mouvement, de pétrifier les instants et de tuer le vivant. […] Respirez profondément. Vivez à présent, vivez dans et sur le temps, pour une réalité belle et totale.”
Sonia Zannad / Mes Sorties Culture