Les pigeons de la Grande Guerre
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Le 11 Novembre 2018, vous commémorez le centenaire de cette trop longue boucherie que fut la Première Guerre Mondiale. Vous avez une pensée pour tous les poilus qui sont morts au front, dans la boue des tranchées, pour ceux qui sont revenus amputés, ceux qui sont revenus gueules cassées, ceux qui sont revenus fous, ceux qui ne sont pas revenus…

Et nous, avez-vous une seule petite pensée pour nous ? Nous, ce sont tous les pigeons voyageurs qui vous avons aidé à la gagner, cette fichue guerre !


Septembre 1870…

L'empereur Napoléon III capitule et est fait prisonnier. Paris est assiégée. La république est proclamée. Le gouvernement provisoire décide de rester à Paris. Une délégation est néanmoins installée à Tours pour coordonner les opérations militaires en province.

Plus de mille pigeons sont envoyés à Paris, en train ou en ballon. Notre premier voyage en ballon… Grâce à nous, Paris et la province peuvent continuer à échanger des nouvelles. Après la guerre, on nous intègre à l’armée. Coetquiden et Montoire deviennent nos principaux centres d'instruction militaire.

Si tu savais tout c’que je sais…


  …La Grande Guerre...

Les troupes sont enlisées dès 1915 dans une guerre de position et de tranchées. Les communications sont devenues vitales et stratégiques. Nous, les pigeons-soldats, sommes largement utilisés par les allemands et les français ! Il y a même plusieurs bus à impériale transformés en pigeonnier roulant ! On nous a lancés à partir d'avions ou de navires, et gazés, comme les hommes…

Si tu savais c’que j’ai vu…

Je pense souvent à lui… Suite à la bataille de Verdun, en 1916, mon copain "Vaillant" a été cité à l’Ordre de la Nation pour, en partant du Fort de Vaux, avoir rapporté le dernier message du commandant Raynal, après avoir traversé les lignes ennemies au milieu des tirs et de la fumée : "Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner de suite toute communication optique par Souville, qui ne répond pas à nos appels. C’est mon dernier pigeon. Signé : Raynal". Gazé, Vaillant est arrivé au colombier de la Citadelle de Verdun, mais il a fait son devoir, il est mort mais il a délivré son message…

Et je n’oublie pas "Cher Ami"… En 1918, 500 soldats américains sont pris au piège. Après un jour, il n’en reste que 200. Ils envoient deux messages par deux pigeons demandant de l’aide, mais les pigeons sont abattus. C’est là qu’ils envoient "Cher Ami"… Dès qu’il part, une pluie de balles lui tombe dessus. Il est touché à la poitrine, à l’œil et à une de ses pattes. Mais cela ne l’empêche pas de faire son devoir et le message est délivré. Les 200 soldats sont libérés. "Cher Ami" est le héros de la 77e division d’infanterie américaine. Une fois sa santé retrouvée, il est rapatrié aux Etats-Unis où il entre au Racing Pigeon Hall of Fame en 1931. Il est aussi décoré de la Croix de guerre pour son action héroïque dans la délivrance de 12 messages dans le secteur de Verdun.    


…Passant, toi qui ne nous voit pas.  

Nous n’avons pas de cimetières à perte de vue, pas de cénotaphes, pas de mémorial, pas de flamme éternelle. Ah si ! Dans le parc Astrid à Charleroi en Belgique, il y a le monument "Au pigeon soldat". Et aussi à Lille, le monument "Au pigeon voyageur".

Mais, toi, le passant qui ne nous voit pas, si tu savais c’que je sais, si tu savais c’que j’ai vu…


Quelques humains ont daigné se souvenir de nous dans des livres, nous, les Bêtes des Tranchées.


Dernier hommage, l'histoire de mon ami "Vaillant" a été mise en film, Vaillant, pigeon de combat et en livre Pigeon Vaillant, héros de Verdun pour les enfants.


Toi, le passant, je ne te dirai pas c’que je sais, je ne te dirai pas c’que j’ai vu… Bonne commémoration !



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