La Rose et le peintre
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Je suis La Rose. Mon maître m’a laissée seule pour parcourir l’espace. Mais c’est à la septième planète… 

C’est vrai j’ai besoin de séduire. On pourrait dire de moi que je suis orgueilleuse, coquette, capricieuse, émouvante. Mais si belle. Je suis née en même temps que le soleil, choisissant avec soin mes couleurs, mettant des jours et des jours pour n’apparaître que dans le plein rayonnement de ma beauté. Sur la septième planète, mon maître a rencontré un champ de roses. Moi qui lui avait raconté que j’étais seule de mon espèce dans l’univers ! Il croyait sa fleur unique ! Que de chagrin… 

Il a fallu des rencontres et des rencontres pour qu’il comprenne : "Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d’un secret. On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible avec les yeux. C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.". 

Je suis La Rose et je suis l’âme d’un livre. Il suffit de lire entre les lignes, mon empreinte est partout.


Nous sommes en 1979. Moi, Consuelo de Saint-Exupéry, je meurs, oubliée de tous, d’une crise d’asthme, mal qui me ronge depuis toujours. Mon époux m’a reléguée dans l’ombre, ainsi que mes peintures, mes sculptures et mes écrits. Pourtant, La Rose du "Petit Prince", c’est moi… 

J’ai rencontré Antoine fin 1930, et nous nous sommes mariés l'année suivante. Oh, ce ne fut pas facile ! Epouser le Comte Antoine de Saint-Exupéry, moi la salvadorienne, fille d’un marchand de café, deux fois divorcée, ça a eu du mal à passer auprès de ma belle-famille. Heureusement qu’alors j’étais riche, leur château ayant bien besoin de réparations… Antoine est aviateur et écrivain, et travaille  dans l'aéropostale. Il part souvent. Il a de très nombreux accidents et chaque départ me laisse inquiète.

Je sais qu’il n’est pas fidèle, même s’il me revient toujours. Sa gourmette d'argent porte gravés nos deux noms. Je suis aussi sa muse… Je ne lui suis pas forcément fidèle, mais il est si peu là… Nos relations sont passionnées et tumultueuses. Pendant toutes nos années de mariage, nous allons de crise en paroxysme, toujours entre deux appartements, deux hôtels, à Paris, à Casablanca, à New York, etc. La seconde guerre mondiale nous sépare longuement, puis nous permet de nous retrouver.

Nous n’avons pas d’enfants, mon corps reste stérile. Heureusement que j’ai ma peinture. Ma rencontre avec Diego Rivera m’a entraînée vers une peinture vive, intense et colorée, analogue à celle des peintres muralistes indigènes. Mes amis artistes surréalistes, Marcel Duchamp, André Breton, Max Ernst, entre autres, ont aussi largement influencé mon œuvre.

Le 31 juillet 1944, un avion piloté par Antoine décolle d’une base française… Nous sommes restés mariés 13 ans. Mais là, il ne reviendra pas… Je n’ai plus qu’à regarder le ciel et me dire : "Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile, c'est doux, la nuit, de regarder le ciel. C’est comme si toutes les étoiles étaient fleuries.".


Traduit en plus de 360 langues, publié en 1943, le "Petit Prince" est l’œuvre la plus connue d'Antoine de Saint-Exupéry. C'est une œuvre poétique et philosophique sous l'apparence d'un conte pour enfants. De nombreux produits dérivés existent : livres, films, jeux, timbres, billets, gadgets etc. 


Pour les 120 ans de la naissance d'Antoine de Saint-Exupéry, une exposition "Un petit prince parmi les hommes" est visible à Lyon et à Toulouse.


Consuelo de Saint-Exupéry a un site qui lui est dédié. Elle a écrit ses mémoires sur la vie menée avec Antoine : Mémoires de la Rose. Lisez-le ! De plus, il existe plusieurs biographies de Consuelo et Antoine. 

Votre rédacteur ne peut que vous conseiller la lecture du Petit Prince

Ou d'écouter la superbe et émouvante lecture de Gérard Philippe

Gérard Lenorman en fait une chanson. Les tableaux affiché sont de Consuelo de Saint-Exupéry : 
 - Dolores, 1949 
 - Sorcières, 1964 
 - Hudson River, 1944 
 - Fruits, 1949


"J’avais lâché mes outils. Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon, de la soif et de la mort. Il y avait, sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler ! … C’est tellement mystérieux, le pays des larmes.".

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