Du "Mur des Fédérés" au Père Lachaise, au désespoir de Gustave Courbet, le communard
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C'est au cimetière du Père-Lachaise, qu'au cours de la Commune de Paris, au printemps 1871, se retranchent les derniers combattants communards. 


LE MUR DES FEDERES...

Les Versaillais, dirigés par le maréchal Mac Mahon, maîtres du lieu vers la fin de l'après-midi du 28 mai, y fusillent tous les prisonniers contre un mur appelé, depuis lors, « mur des Fédérés ».
147 fédérés, combattants de la Commune, ont été fusillés et jetés dans une fosse ouverte au pied du mur.

Dans les heures et les jours qui suivent, les corps de milliers d’autres fédérés tombés lors des combats de rue dans les quartiers environnants sont ensevelis à leurs côtés, dans une fosse commune.
Beaucoup de communards sont fusillés ou sont déportés au bagne, notamment en Nouvelle-Calédonie.

Depuis lors, le Mur des Fédérés symbolise la lutte pour la liberté et les idéaux des communards, autogestionnaires.

Selon Karl Marx, la Commune est la seule période de l'histoire française durant laquelle est – brièvement – réalisée une dictature du prolétariat. 
En effet, cet épisode révolutionnaire s'est construit sur un soutien fort de la classe ouvrière et, plus largement, d'une importante partie de la population parisienne, qui y a versé son sang. Cette lutte d'importance et la terrible répression qui s'ensuit laissent un souvenir vivace.

Celui-ci se cristallise autour du mur des Fédérés, emblème d'une époque d'autant plus insaisissable qu'elle est brève et laisse peu de monuments. 

De nombreux événements montrent que, par la suite, le Mur des Fédérés est un lieu de commémoration important, un symbole fort d'émancipation et de liberté dans la mémoire militante.

Le 23 mai 1880, se déroule, à l'appel de Jules Guesde, le premier défilé devant le mur : 25000 personnes, une rose rouge à la boutonnière, bravent ainsi les forces de police. 
Jean Jaurès y va à plusieurs reprises accompagné par Édouard Vaillant, et par des milliers de militants socialistes, syndicalistes, communistes ou anarchistes.

Paul Lafargue, célèbre communard, gendre de Karl Marx, représentant de la France dans la Première internationale, et théoricien socialiste, est inhumé en face du mur des Fédérés.

Une manifestation record s'y déroule le 24 mai 1936 : 600 000 personnes, Léon Blum et Maurice Thorez en tête, au beau milieu du mouvement gréviste, y manifestent quelques semaines seulement après la victoire du Front populaire.

Tous les ans, le 1er mai, jour de la Journée internationale des travailleurs, le Grand Orient de France, le Parti communiste français et les organisations syndicales, rendent hommage aux victimes de la Commune et à celles du nazisme en se rendant au mur des Fédérés.

Le mur a été classé monument historique en 1983.

Le chansonnier Eugène POTTIER, auteur de l'Internationale a mis en avant le Mur dans son poème Le monument des Fédérés (mai 1883)

ci fut l'abattoir, le charnier ! [...]
Qu'il ressuscite la Commune,
Le monument des Fédérés ! [...]
Qu'il soit notre réquisitoire,
Le monument des Fédérés ! [...]
Qu'il soit l'appel à la revanche,
Le monument des Fédérés !


Eugène POTTIER, que Jean FERRAT évoque dans sa chanson La Commune

Pour les lecteurs, lire L’insurgé de Jules VALLES

N’hésitez pas à aller vous recueillir au Père Lachaise où des visites guidées sont organisées le week-end.


ET UN COMMUNARD CELEBRE...

Gustave Courbet
(1819 - 1877) est un peintre du 19ème siècle, fondateur de la peinture réaliste. 

Alors que Paris subit le siège des armées prussiennes et que beaucoup fuient la capitale, Courbet reste sur place. Lui qui a déjà suivi avec intérêt les événements de 1848 garde sans doute à l'esprit le souvenir de son grand-père, sans-culotte en 1789. 

En février 1871, son engagement se confirme : il se présente aux élections législatives, sans succès. En avril 1871, la commission exécutive de la Commune de Paris le charge de rouvrir les musées parisiens et d'organiser le Salon. Elu au Conseil de la Commune, Gustave Courbet n'est cependant pas garde national et ne participe donc pas aux combats. 

Arrêté par les versaillais le 7 juin, le peintre est condamné en septembre à 6 mois de prison et 500 francs d'amende auxquels s'ajoutent 6 850 francs de frais de procédure. Ayant participé à la destruction de la colonne Vendôme, il doit s'exiler en Suisse, ne pouvant rembourser la reconstruction du monument. Il y finit sa vie.

Le Désespéré est un tableau réalisé entre 1843 et 1845. C'est un autoportrait de l'artiste sous les traits d'un jeune homme qui regarde avec désespoir.

Allez voir les magnifiques tableaux de Gustave Courbet au Musée d’Orsay où des visites guidées sont proposées.

Pour retrouver toutes les visites guidées du musée d'Orsay, cliquez ici 
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