Caroline Desnoëttes, l'enchanteresse
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Les yeux rieurs, Caroline nous attend sur la terrasse en sirotant son « maté ».  Et c’est avec une grande générosité qu’elle accepte de se raconter sans détours et sans se prendre au sérieux, malgré un parcours franchement impressionnant. Jugez plutôt : peintre, créatrice de dessins animés, designer textile, auteure de livres d’art destinés aux enfants – mais pas que - qui sont devenus des best-sellers, médiatrice culturelle…

A l’occasion de la sortie de son dernier opus, « Découvre le street art » (Albin Michel Jeunesse), nous avons voulu la rencontrer pour en savoir plus sur son rapport à ce mouvement artistique qu’elle affectionne tout particulièrement. Et pour cause : l’un de ses premiers ateliers se trouvait aux Frigos, quai de la Gare, à Paris, l’un des hauts lieux du street-art!

Les « éléphantômatiques »

Ces petits éléphants dessinés sur le macadam qui ponctuent l’espace de quelques semaines les rues d’Angoulême, de Villeurbanne, de Vincennes ou de Hossegor et envahiront bientôt le quartier du Marais, à Paris, sont entrain de devenir la « mascotte » street-art de Caroline, devenue « brodeuse de trottoirs », selon sa belle expression. Mais pourquoi les éléphants ? Et pourquoi ce mot-valise, « éléphantômatique » ?  « C’est magnifique un éléphant. Et puis, un animal aussi majestueux qui mange de l’herbe, c’est fou », dit-elle en souriant. Elle garde surtout en tête le souvenir lumineux des éléphants qu'elle vit, adolescente, au Kenya, où elle fut « submergée par leur beauté ». Ces images fondatrices continuent d’alimenter sont travail, depuis ses encres sur papier à ses paysages grandeur nature, en passant par ses « éléphantômatiques. » Mais il y a aussi un message écologique dans sa démarche : en découvrant l’imminence de la disparition des éléphants, Caroline a pris conscience de l’immense et paradoxale fragilité de cet « emblème de la biodiversité » et a souhaité lui rendre hommage avec cette combinaison graphique et lexicale : éléphant + fantôme + automatique. « Fantôme », parce qu’ils s’effacent de la surface de la terre, comme ils disparaissent peu à peu des trottoirs, et « automatique » pour signifier leur disparition programmée dans la nature, à coups d'armes automatiques, justement.   

Le street-art, pour quoi faire ?
   

Le street-art n’est pas un accident de parcours pour C. Desnoëttes, mais plutôt un aspect complémentaire de son travail en atelier, par définition très solitaire. Ce n’est pas à proprement parler une découverte pour elle, mais un aspect qu’elle développe davantage en ce moment, au gré des opportunités et de ses envies ; après tout, jusque-là, elle ne s’est rien interdit, alors c’est avec gourmandise qu’elle explore aujourd’hui le street-art, qui l’a toujours intéressée sans qu’elle ait beaucoup d’occasions de pratiquer, entre autres à cause du côté souvent sauvage et « illégal » des œuvres, qui est peu compatible avec une vie de maman. Aujourd’hui avec ses « éléphantômatiques », Caroline va au-devant de son public, qu’elle fait volontiers participer, dans une communion joyeuse et bavarde. « Ce qui m’intéresse dans le street-art, c’est de faire des choses dans la rue pour que les gens aient envie de pénétrer dans les musées. C’est de leur donner envie d’être confrontés à une œuvre », confie Caroline. Car oui, il s’agit avant tout de rencontres, et les rencontres avec les œuvres peuvent être bouleversantes. L’artiste ajoute avec malice « dans ma vie, j’ai fait plus de rencontres heureuses avec des œuvres qu’avec des gens…Mais bon, je me rassure en me disant que ces œuvres ont été créées par des gens ! ». Et puis le street-art, c’est aussi une façon d’affirmer la place de l’artiste au sein de la société : aller dans la rue lui permet de toucher un nouveau public, sans aucune discrimination.  Caroline, femme de cœur, a ce côté solaire et ouvert, et n’aime rien tant que de toucher le « quidam » et de le voir s’approprier ses œuvres. Ce n’est pas un hasard si elle consacre de plus en plus de temps à animer des ateliers artistiques dans les hôpitaux, au profit des enfants…  

Et en bonus….
   Nous avons demandé à Caroline Desnoëttes ses conseils pour de belles découvertes culturelles à Paris, les voici  : 

- Visitez le Louvre en nocturne, c’est magique ! Privilégiez le département égyptien pour une première visite. Sinon,, n’essayez pas de tout voir (cherchez-vous à manger toute la carte au restaurant ?) mais allez vers les œuvres qui vous attirent de prime abord   

- Visitez le musée du Moyen-Âge : on oublie combien les artistes de cette époque furent de grands coloristes. Et souvent, leurs œuvres sont pleines d’humour !

- Combinez une visite du musée Delacroix avec  une visite de l’église Saint-Sulpice où se trouve une de ses œuvres

- Rue Férou, (tout près de Saint Sulpice) découvrez le "Bateau Ivre" de Rimbaud, qui se déploie sur les 300 m2 d’un mur

- Visitez le musée-atelier de Gustave Moreau, en particulier pour y admirer ses beaux pastels     

Pour en savoir plus sur le travail de Caroline Desnoëttes, visitez son site          

Propos recueillis par Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com

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