Artemisia Gentileschi, une femme peintre au 17e siècle
Initiée à l'art de la peinture par son père Orazio – ami du Caravage - Artemisia Gentileschi, née à Rome en 1593, démontre très tôt un talent exceptionnel. C'est à l'âge de 17 ans qu'elle expose sa première toile, Suzanne et les vieillards, dévoilant déjà une grande maîtrise technique mais aussi une sensibilité à part.

Une grande carrière s'ouvre à elle, et l'artiste s'illustrera toute sa vie dans le genre considéré comme le plus noble à l'époque : la peinture religieuse et historique, à laquelle elle apporte un regard neuf – y compris parce que c'est un regard féminin. 

En 1611, cependant, survient un événement terrible : elle est violée par son précepteur, Alessandro Tassi. S'ensuit un long procès – toutes les archives en ont été conservées - au cours duquel elle est torturée, soumise à la question pour prouver son innocence, mais ne cède pas sur sa version des faits. Quant au violeur, il est reconnu coupable et condamné à un an de prison mais la sentence ne sera pas appliquée.

Pour étouffer l'affaire, son père la marie l'année suivante à un artiste florentin. Et c'est alors à Florence qu'elle travaille et devient une artiste reconnue par ses pairs. C'est d'ailleurs la première femme à accéder à la prestigieuse Académie du dessin. 

Les modèles coûtant extrêmement cher, Artemisia, connue pour être une très belle femme, se prend souvent elle-même pour modèle et nous a laissé de nombreux autoportraits. Attitude déterminée, regard flamboyant : ces peintures montrent l'assurance d'Artemisia, mais aussi sa résilience par rapport à un passé douloureux. Certains biographes voient d'ailleurs dans le réalisme sanglant de certaines scènes bibliques (par exemple, Judith et Holopherne, dans lequel Judith, aidée de sa servante, décapite Holopherne avec un luxe de détails gore) une façon de sublimer le traumatisme du viol et de le retourner contre son auteur. Ce qui explique peut-être – avec la profusion de personnages féminins magnifiques qu'elle sut mettre en valeur dans son œuvre - qu'Artemisia soit devenue une sorte d'icône féministe, en plus d'une référence de la peinture caravagesque.

Mes Sorties Culture / Sonia Zannad


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