Petites bulles et petits goulots
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Le pointillisme n’a pas encore dit son dernier mot. Pointillisme v2.0 diraient certains.

Deux artistes, Nicolas Thollot-Arsac et Alexandre Caillarec, ont eu l’idée, en buvant chacun une bière bien fraîche, de peindre à l’aide du goulot de la bouteille. Ils trempent des bouteilles vides dans de la peinture et réalisent des empreintes avec, repassant plusieurs fois au même endroit, afin de modeler un visage ou tracer un contour. Ils ont appelé ça le beerpainting. Le résultat est stupéfiant. Depuis lors, leur art est exposé en France et à l’étranger, notamment à Londres, Barcelone, et New York. Ils sont régulièrement sollicités pour des peintures murales dans des bars, des restaurants mais aussi chez des particuliers pour refaire la déco d’un mur. On peut dire que leurs portraits ont de la bouteille…

Inventé en 1957, le bullpack ou papier bulle est un matériau plastique transparent, constitué d’hémisphères protubérants et remplis d'air (les "bulles"), régulièrement espacés. L’ensemble forme un coussin d’air, généralement utilisé pour l’emballage des objets fragiles. Les bulles qui procurent le coussin d'air sont disponibles en plusieurs tailles, selon la taille de l'objet à emballer et le niveau de protection nécessaire. Le papier bulle peut fournir une occupation ludique ou anti stress en crevant avec les doigts les bulles de plastique. Qui n’a pas joué à ça ? Mais il peut aussi être utilisé comme moyen de création d’un œuvre d’art.

Béatrice Casadesus est admise à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris au début des années 1960. A l’origine sculpteur, elle découvre un jour les dessins de Georges Seurat, le père du pointillisme, et se met à la peinture, s’engageant dans un style où le point est un élément central de ses œuvres. A la fin des années 80, elle commence à utiliser le papier bulle, les bulles remplies d’air faisant office de tampon. Après avoir plongé des feuilles dans de la peinture, elle imprime la trace de bandes de papier bulle sur la surface de la toile. L’artiste contrôle le processus, mais l’aléatoire, la coulure par exemple, fait aussi partie de son processus de création. "Fascinée par le mouvement des taches de lumière qui filtrent à travers les feuillages, j’ai cherché des moyens plastiques pour transcrire les sensations de cette nature", explique-t-elle.

L’artiste canadien Bradley Hart, en détournant le papier bulle pour y mettre de la couleur, réussit à reproduire des tableaux et des photographies célèbres. À l’aide de seringues, il injecte des couleurs dans du papier bulle, bulle après bulle, ce qui rappelle le Pixel art qui consiste à créer une œuvre, pixel après pixel. Avec une grande habileté, il reproduit des portraits de personnalités comme celui de Michael Jackson ou John Lennon ou recrée La Joconde de Léonard de Vinci. Son œuvre globale est baptisée "Injections"… 

Mais bon, en définitive, le papier bulle reste le meilleur ami de l’artiste car il assure… la protection de ses œuvres.

Tableaux affichés :
 1 - Salvator Dali, par Nicolas Thollot-Arsac et Alexandre Caillarec, collection particulière
 2 - Une Baignade à Asnières de Georges Seurat, par Bradley Hart, collection particulière
 3 - Pleine Lune, suite Infinito, Béatrice Casadeus collection particulière

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